La série documentaire sur l’octuple Champion du Monde en cinq épisodes justement appelée « Marc Marquez All In » ne laisse pas indifférent. Elle révèle notamment les coulisses du team Honda Repsol. Une mise en lumière qui interpelle sur la gestion générale d’un projet où les Japonais sont comme totalement absents dans la prise de décisions majeures qui semblent être du seul ressort du clan espagnol, soudé autour de son pilote phare. Une impression qui fait aborder les problèmes actuels du HRC en MotoGP d’une certaine façon, comme celle de l’arrivée de Ken Kawauchi en lieu et place de Takeo Yokoyama…
Sous la reserve qu’il s’est agi d’une convention de tournage pour cette série éclairante sur le cas Marc Marquez, on ne peut que constater que lorsque ce dernier parle de « son équipe », il la résume à son box et à son peuple, dont Alberto Puig fait partie. Le reste du staff Honda n’est jamais mis en lumière, et il est même durement mis dans l’ombre lors de l’épisode où Marc Marquez organise son opération aux Etats-Unis, fixant seul les échéances de sa dernière chance de se réconcilier avec son bras droit.
Pourtant, cette opération va l’amener à déclarer forfait pour quelques courses, interrompant ainsi sa saison, avec le risque de ne plus jamais revenir. C’est a priori le genre de décision que l’on prend de concert avec son employeur qui a aussi ses intérêts dans l’histoire et qui verse accessoirement le salaire. Mais que voit-on ? Marc Marquez discuter en visio avec le médecin qui l’opérera en compagnie d’Emilio Alzamora et d’Alberto Puig. Seulement. Pas un seul représentant japonais de Honda dans la pièce. On y fait pourtant le diagnostique du patient et on évoque la possible chirurgie.
A-t-on trop laissé les coudées franches à Marc Marquez chez Honda ?
Une opportunité à laquelle Marc Marquez donne quitus fixant seul la date de la rencontre avec le bistouri, toujours avec Alzamora et Puig à ses côtés. Les choses fixées, l’octuple champion du monde réunit son team et fait l’annonce de l’opération et de sa date. Le chef de projet Takeo Yokoyama apprend ainsi cette importante nouvelle en même temps que l’ensemble des mécaniciens. Et au vu de sa réaction où l’on sent la stupéfaction, on conclut qu’il est mis devant le fait accompli. Une scène qui interpelle sur qui commande chez Honda.
La réponse, on la trouvera en partie dans cette approche d’un homme d’Aprilia qu’est l’ingénieur Giulio Bernardelle dont on s’était fait l’écho le 30 novembre 2022. L’Italien avait listé deux problèmes touchant Honda en MotoGP dont celui-ci : « il y a un problème qui est lié à la gestion de Honda HRC, qui, ces dernières années, a été trop absente compte tenu de la grande puissance du sponsor Repsol et de tout l’environnement espagnol. Les Japonais doivent être à nouveau plus présents dans la gestion directe de leur investissement, qui ne peut plus être lié uniquement au sort de Marc Marquez, mais doit avoir une vision à plus long terme ». Une évaluation qui sonne juste lorsque l’on regarde cette série Marc Marquez All In. Et qui met encore une fois l’arrivée de Ken Kawauchi sous un éclairage bien particulier…