Ce documentaire Marc Marquez All In mérite le détour puisqu’il tient assez bien son objectif de nous montrer ce que l’octuple Champion du Monde est. Et qu’il ne nie pas être, puisque, assez tôt, il assume absolument être un « salaud » (dixit) sur la piste. Dès son arrivée en 2013 parmi l’élite, il est passé des paroles aux actes, se faisant sa place, au sens propre comme au figuré, au milieu des valeurs établies qu’étaient Jorge Lorenzo, Dani Pedrosa et Valentino Rossi. S’il a gardé de bonnes relations avec les deux premiers cités, elles sont asymptotes de zéro avec le dernier. La faute à la saison 2015, mais la crise couvait depuis 2014…
Marc Marquez ne se focalise pas fondamentalement sur 2015, mais comme il le reconnait, comment effeuiller les pages de sa carrière en occultant cet épisode qui est allé jusqu’à ébranler la maison MotoGP ? Alors il donne son appréhension des faits, une crise qui est née selon lui en 2014 lorsque Valentino Rossi l’a invité dans son ranch de Tavullia. Selon l’officiel Honda, un défi entre les deux hommes se seraient engagés pour établir le record de la piste. Et c’est l’Espagnol qui aurait remporté le duel. A partir de là, et il en est certain, la relation a été autre avec Vale.
Puis il y a la montée en puissance dans cette saison MotoGP 2015 où le Doctor s’est retrouvé en mesure de prendre ce dixième titre tant désiré. Mais Jorge Lorenzo lorgnait aussi sur son cinquième et se montrait redoutable, surtout dans une seconde partie de campagne où il a semblé prendre l’avantage. Un sentiment sur lequel s’accorde à l’écran Jorge Lorenzo et Marc Marquez sur le thème que lorsqu’on est sûr de sa force, on ne se perd pas en polémiques. Puis il y a eu l’Australie, qui a tourneboulé des esprits déjà échauffés depuis l’Argentine… Une course délurée remportée par Marc Marquez. Mais interprétée par Valentino Rossi comme une sorte d’entente diabolique fomentée par les deux Espagnols contre lui.
Avec Marc Marquez, Valentino Rossi n’est pas tombé sur un Sete Gibernau
Une évaluation que le Doctor a mis sur la place publique en Malaisie. La théorie du complot a été lancée, une charge qui a fait passer Marc Marquez comme le méchant d’une course au titre tout à coup tronquée. La presse italienne au service de Tavullia a enfoncé le clou, le public s’est mis à huer le pilote Honda qui, dans le documentaire, se souvient de s’être demandé ce qui lui arrivait. La polémique de trop.
Et en effet, Marc Marquez se rappelle très bien un état d’esprit changé après cet assaut médiatique brutal : « il m’a attaqué, et lorsqu’on me manque de respect, je réponds et j’ai des couilles ». En Marc Marquez dans le texte. Dans ce Grand Prix de Malaisie, il a voulu répondre sur la piste en voulant être devant le pilote Yamaha qui jouait le titre à chaque virage. On sait comment cela s’est terminé. Avec cette amertume de Marc Marquez : « si ça n’avait pas été Valentino Rossi, c’était drapeau noir direct ».
Une sanction a suivi, mais le mal irrémédiable était fait. Sur la finale à Valence, Marc Marquez explique : « j’aurais pu attaquer Jorge Lorenzo dans le dernier virage pour la victoire. Mais pour offrir le titre à un gars qui m’avait fait crasse sur crasse ? Non ». Voilà la version de l’Espagnol qui donne ce sentiment : Valentino Rossi, si habile dans les polémiques dans sa carrière avec Max Biaggi ou encore Sete Gibernau a cette fois rencontré un pilote qui n’a pas plier.
