Lors du dernier Grand Prix MotoGP de la saison 2021, les 6 constructeurs impliqués dans la catégorie reine ont été réunis pour dresser le bilan de la saison présente et répondre aux questions de la presse.
Étaient donc présents ce 12 novembre 2021, Paolo Ciabatti (Directeur Sportif Ducati Corse), Lin Jarvis (Directeur Opérationnel de Yamaha Motor Racing & Team Principal de Monster Energy Yamaha MotoGP), Shinichi Sahara (Project Leader et Team Manager du Team Ecstar Suzuki MotoGP), Alberto Puig (Team Manager HRC), Mike Leitner (Directeur de Course Red Bull KTM Factory Racing) et Massimo Rivola (PDG Aprilia Racing).
Après Paolo Ciabatti qui a eu l’honneur de débuter la conférence en raison du titre constructeur, Lin Jarvis s’est prêté au jeu… Très très longuement, ce qui explique la diffusion en plusieurs parties !
Comme à notre habitude, nous reportons les propos de Lin Jarvis sans aucune mise en forme mais en intégralité.
Retrouvez la première partie ici.
Retrouvez la deuxième partie ici.
Pour revenir à la crise avec Viñales, avec le recul, auriez-vous traité cela de façon différente ?
Lin Jarvis : « (Moment de réflexion) Avec le recul… Nous aurions pu… Anticiper cela… C’est difficile parce que quelque chose s’est passé et a évolué alors qu’on ne s’y attendait pas. Je veux dire, quand Maverick a renouvelé avec nous pour 2 ans et que Valentino était sur le départ, je dirais sans doute que nous avions l’équipe la plus forte sur la grille pour commencer cette année. Maverick était dans sa cinquième année et aurait normalement dû progresser pour devenir le leader de l’équipe, car avant cela, Valentino a toujours été là. Valentino, bien sûr, c’est tellement d’histoire et tellement de liens avec Yamaha que cela peut parfois jeter une ombre sur le coéquipier. Il a donc (Viñales) vraiment très bien commencé. Désolé mais si vous m’aviez posé la même question en mars ou avril, quand nous étions au Qatar, j’aurais répondu « Je suis totalement convaincu que nous avons pris la bonne décision et qu’il a pris la bonne décision ». Mais qui pouvait imaginer qu’en remportant la première course vous finiriez à la neuvième course à avoir une crise avec le pilote qui choisit de quitter l’entreprise ? En même temps, nous étions un et deux à Assen, donc vous pouviez difficilement dire que la moto n’était pas compétitive ou que l’équipe n’était pas performante : Au final, nous avons remporté le championnat du monde ! Donc je pense que la décision que nous avons prise à ce moment-là de renouveler avec Maverick était la bonne décision, et il est très difficile de… Vous savez, si nous pouvions tous prendre des décisions basées sur l’avenir garanti, nous serions tous très riches et probablement pas ici, mais c’est pas si simple que ça. Certaines choses vous prennent par surprise. C’était difficile à gérer à l’époque car c’était complètement inédit, je n’ai jamais été dans cette situation avant, à la mi-saison comme ça. Mais cela dit, je pense que nous avons finalement tous géré cela de la meilleure façon possible, et que nous sommes assez à l’aise avec le groupe que nous avons constitué. »
Comment Fabio a fait pour conserver le même niveau de performance alors que tout allait mal selon Maverick ?
« Remarquablement bien, les résultats l’ont vraiment montré. Il est de toute façon quelqu’un qui est plein de positivité, d’énergie et de concentration, et je dirais qu’il est assez léger. L’année dernière, il était un peu plus sensible aux problèmes. Peut-être que l’année dernière il était frustré, même s’il a gagné trois courses avant, il a eu ses propres hauts et bas, mais honnêtement, il gère remarquablement bien la situation. Il n’était pas du tout en phase avec ce qui se passait de l’autre côté du garage, et je pense que la plupart d’entre ceux qui ont pu travailler avec des champions savent que c’est un talent de champion. Le talent d’un champion c’est d’être capable de bloquer tout le reste, de rester concentré sur votre travail, sur votre mission, et de ne pas laisser d’autres choses l’influencer. Et il a fait un excellent travail cette année pour faire ça. »
Votre nouveau team satellite a seulement un contrat
d’une année avec Yamaha. Pourquoi ?
« La décision d’aller de l’avant avec ce qui alors le Sepang Racing Team a été prise plus ou moins autour du Mugello cette année. Évidemment, à ce stade, vous savez que c’est la troisième année avec le Sepang Racing Team cette année et cette société était bien établie, elle fait partie du Circuit de Sepang, ils avaient un gros sponsor titre, ils avaient un autre programme en Moto2 et Moto3, donc c’était une décision claire et directionnelle que nous avons prise. Comme bien sûr au fur et à mesure que nous avons progressé dans le développement du contrat les choses ont changé, mais aussi la propriété de l’entreprise a changé aussi, donc le nouveau team RNF serait de façon effective une start-up puisque c’est une nouvelle entreprise lancée par Razlan Razali. Donc dans notre société, je pense que comme dans beaucoup d’entreprises, vous êtes quoi qu’il en soit un peu prudent avec les start-up, nous avons des politiques d’entreprise en place et cela empêche de conclure un contrat pluriannuel dès le départ avec une entreprise inconnue. Bien sûr, on connaît plusieurs des personnes de cette société, et c’est une histoire, mais ce n’est quand même pas pareil. Nous devons voir l’expérience avérée au fur et à mesure que l’entreprise se développe. Notre intention est donc de décider d’ici la fin juin, et si tout se passe bien, nous pouvons continuer dans le futur. Mais la politique d’entreprise est un peu pas à pas. »
Y aura-t-il plus de tests l’année prochaine avec Cal
Crutchlow ?
« De mon côté je peux peut-être dire oui et oui. Donc oui, nous en ferons plus, des tests l’année prochaine. C’est l’engagement clair de la société mère et nous continuerons à gérer une opération hybride où nous utiliserons beaucoup de personnel japonais ensemble avec du personnel européen. Nous aurons plus de personnel européen dans l’équipe mais nous continuerons à avoir cette combinaison sur chaque site et nous allons définitivement continuer avec Cal. Nous n’avons pas encore signé mais nous avons convenu des termes et Cal restera avec nous dans le futur. C’est déjà décidé. »
Comment voyez-vous le MotoGP sans Valentino Rossi et l’impulsion qu’il a donnée à de nombreux enfants de faire de la compétition ?
« Du côté de Yamaha, nous avons évidemment passé 16 ans avec Vale, ce qui a été une très grande partie de sa carrière. Nous avons vu sa valeur pour le sport, nous l’avons tous vu, mais aussi pour notre marque. Vous savez, il a été vraiment, je dirais, un atout iconique chéri pour notre marque, et nous espérons conserver cela dans le futur et maintenir notre relation avec Valentino, c’est ce que nous voulons faire. Aussi vite que le sport se déroule, je pense que nous bénéficions tous de la popularité qu’il a apportée à ce sport au fil des ans. Mais tous les sports évoluent, vous savez, on l’a déjà vu, que ce soit le ski, le tennis, la Formule 1 ou n’importe quel autre. Vous savez, après les années Senna et l’accident qui a conduit à la triste disparition d’Ayrton, la Formule 1 a continué. Puis Schumacher. Vous savez, vous avez des légendes, mais le sport, mais au bout du compte… Le sport évolue toujours et il y a toujours des jeunes qui arrivent. Si vous regardez la Formule 1 maintenant, vous devez avoir l’icône actuelle et vous avez la nouvelle génération qui arrive aussi. Il y a de très bons jeunes pilotes qui arrivent en Formule 1. On est passé par les années Senna, puis par les années Schumacher, puis par les années de domination de Lewis Hamilton, et on a déjà vu Sebastian Vettel. Mais maintenant regardez les Young Guns qui arrivent en Formule 1 : Ils sont funs, ils sont jeunes, ils sont rapides et nous avons ce fou mouvement orange pour Verstappen qui avance, et cela se poursuivra probablement dans l’avenir. Et je pense que cela se produira dans le MotoGP aussi : Nous avons des courses incroyables, incroyablement excitantes dans les trois catégories. Je pense que le sport continuera à se développer dans le futur. »
Crédit photos : MotoGP.com