A Valencia s’est tenue une conférence de presse qui a réuni Alberto Puig pour Honda, Paolo Ciabatti pour Ducati, Lin Jarvis pour Yamaha, Davide Brivio pour Suzuki, Pit Beirer pour KTM et Massimo Rivola pour Aprilia.
L’objet de cette réunion était bien sûr de dresser le bilan de la saison terminée et de se projeter en 2020.
Pour faire suite et compléter notre observation de la Suzuki GSX-RR, voici l’intégralité des propos de Davide Brivio.
Davide, il y a du positif et négatif à retirer de 2019. Le début et le milieu de saison ont été impressionnant mais peut-être que les résultats de la fin un peu retiré du brillant de cette année. Comment voyez-vous cela ?
Davide Brivio : « pour être honnête, au début
de saison, l’objectif que nous nous étions fixé lors de réunions
internes était de gagner une course ou deux. Nous sentions que
c’était le moment d’essayer. Donc, de ce point de vue, nous avons
atteint notre objectif puisque nous avons remporté deux courses, ce
qui est un beau résultat pour notre équipe et démontre une sorte de
travail en progression pour une jeune équipe ayant de jeunes
pilotes. Donc vous avez raison, nous avons connu un très bon début
de saison avec la victoire à Austin même si elle était
partiellement chanceuse. Mais quoi qu’il en soit, nous avions de
bonnes performances, Austin, à Jerez, et une bonne position au
championnat. Puis, lors des dernières courses, nous avons un peu
perdu ce niveau de performance. Globalement, nous sommes heureux et
c’est une saison positive car, comme je l’ai dit, nous voulions
gagner des courses et cela faisait longtemps que Suzuki n’avait pas
fait cela. Nous sortons également que nous avons une moto qui peut
toujours potentiellement se battre pour les podiums, disons sur 80
ou 90 % des circuits. Parfois, nous n’avons pas pu tout bien faire
fonctionner ensemble, avec peut-être des qualifications moins
brillantes qui ont rendu les courses plus difficiles, mais le
potentiel est toujours là. Alex a aussi beaucoup progressé et à
démontrer un grand talent. Ce que nous cherchons pour le futur,
c’est d’utiliser ce potentiel et d’être plus réguliers : nous avons
ce potentiel pour nous battre pour le podium à chaque course et
pour rester dans le groupe de tête, mais nous devons le faire plus
souvent. Nous sommes également plutôt contents de Joan Mir et des
progrès qu’il a montrés. Il y a eu une sorte d’arrêt quand il a
chuté à Brno alors que c’était un moment propice où il apprenait
beaucoup. Il a manqué deux courses puis il est revenu mais il n’est
pas encore physiquement à 100 % et il a besoin de cet hiver pour
être complètement rétabli. Mais je dirais que lors des dernières
courses, il est assez souvent directement passé en Q2 et a assuré
une position dans le top 10. Il est régulièrement dans le top 10 et
nous sommes satisfaits : nous pouvons voir qu’il progresse et que
ses capacités de pilotage s’améliorent avec l’expérience.
Normalement, d’après notre expérience avec les rookies, l’hiver est
probablement la période où il franchira une marche et sera beaucoup
plus relax l’année prochaine, lors de sa deuxième saison durant
laquelle il connaîtra tous les circuits. »
« Je dirais donc que nous ne sommes pas complètement satisfaits car
on aurait pu mieux faire. Par rapport à notre objectif, nous sommes
en ligne, mais nous sentons que nous aurions pu mieux faire.
C’était une bonne expérience et il reste du travail à faire durant
cet hiver. Nous allons essayer d’utiliser cela pour nous améliorer
et progresser. »
Pour faire passer Suzuki de cet état à celui de potentiel vainqueur chaque Grand Prix, devez-vous améliorer les performances de la moto, celle des pilotes, ou est-ce une combinaison des deux ?
« Non, bien sûr, nous devons travailler sur la moto !
Évidemment, il y a de la marge pour améliorer la moto. Un domaine
est le moteur car tout le monde a progressé pour rejoindre Ducati.
C’est un domaine où nous essaierons de travailler. Nous avons fait
un bon pas en avant dans ce domaine lors de ces deux dernières
années, mais OK, nous avons encore une marge d’amélioration. »
« Concernant la moto, nous avons un très bon châssis mais il y a
quelque domaine nous nous sentons que nous pouvons progresser. Nous
avons décelé des domaines où nous pouvons être meilleurs, comparé à
nos adversaires. Nous allons donc essayer de travailler là-dessus
durant cet hiver. »
« Bien sûr, je m’attends à ce que les pilotes progressent de plus
en plus, car Joan est un rookie, et Álex possède un grand talent et
accroît son expérience, mais nous devons également les aider avec
notre package technique, et nous allons essayer de faire cela du
mieux que nous pouvons. »
Pensez-vous qu’avoir un team satellite pourrait vous aider à être plus régulier ?
« Chaque année, nous parlons d’un team satellite (sourire). Oui,
bien sûr, nous pensons que cela nous aiderait. Par exemple, nous
avons parfois des week-ends avec une mauvaise météo, avec seulement
une ou deux sessions sur le sec et les autres sur le mouillé, et il
est bien plus difficile de recueillir des informations avec
seulement deux pilotes sur les motos. Mais quoi qu’il en soit, il
est clair qu’en recueillant plus d’informations et de données, vous
pouvez beaucoup accélérer le développement et résoudre les
problèmes en optimisant les réglages. Donc oui, cela aiderait, mais
malheureusement nous n’en avons pas. Le côté positif, c’est que la
société peut se concentrer pleinement sur les deux pilotes du team
d’usine, sans distractions. Mais le côté négatif, c’est que nous
avons moins d’informations et moins de possibilités de progresser.
»
« Mais je dirais que cette année, nous avons peiné durant deux ou
trois courses : un team satellite aiderait mais nous devons
également améliorer la moto et même avec seulement deux pilotes
nous pouvons réaliser de bonnes performances. Il n’est donc pas
essentiel d’avoir un team satellite, mais bien sûr cela aiderait.
»
Quelle est votre opinion sur un éventuel championnat composé de 22 courses ?
« Oui, bien sûr, 22 courses, cela deviendrait plutôt dur. Pour
les pilotes, il est difficile de garder la concentration et de
subir le stress durant 22 courses, mais aussi pour nous, pour tous
les gens, pour vous, car cela deviendrait une très longue période.
Nous avons déjà débuté cette discussion avec les teams plus tôt
dans l’année, quand il y a eu la possibilité d’avoir 20 courses
l’année prochaine, ce qui aura lieu. Nous avons commencé à parler
de réduire les tests afin d’essayer d’équilibrer un peu les choses.
Ce n’est pas vraiment bien équilibré mais c’est simplement pour
essayer de trouver quelque chose afin de compenser cela. Ce n’est
pas la même chose d’annuler un test et d’ajouter une nouvelle
course, mais au moins nous essayons de réduire la quantité de
stress. Je pense 22 courses, ce sera plutôt exigeant pour tout le
monde, mais cela semble la voie que nous suivons : en Formule 1,
ils en ont déjà 22 et ils parlent de 25. Ici, nous en sommes à 20
mais nous nous entendons à 22. Je pense que l’idée de réduire le
week-end pourrait peut-être être une solution. Personnellement, je
pourrais envisager et évaluer cela. Je ne sais pas si cela est
possible ou pas mais je pense que c’est une chose à laquelle nous
pouvons penser : faisons 22 courses mais comprimons le programme
sur samedi et dimanche. Cela pourrait être une solution. Nous
trouverons une solution. »
Bien sûr, nous connaissons tous le show et, heureusement, le MotoGP
devient de plus en plus populaire : il y a de plus en plus de
demandes pour organiser les courses, ce qui est positif, et nous
pouvons aller explorer davantage de pays, ce qui est positif et
fantastique pour tout le monde. De ce point de vue, nous sommes
dans une très bonne période, donc essayons de trouver le meilleur
compromis. Selon moi, réduire le week-end est une chose à laquelle
nous devons penser, et nous avons commencé à en discuter dans notre
équipe. C’est quelque chose que nous évaluerons. »
Pouvez-vous nous partager votre sentiment au sujet du retrait de Jorge Lorenzo ?
« Honnêtement, je n’ai pas tellement travaillé pour lui car nous
étions dans la même équipe Yamaha, mais à cette époque nous étions
plus adversaires que coéquipiers (rires). Ce qui était assez
impressionnant, c’était la façon dont il a commencé sa carrière en
MotoGP, car dès qu’il est arrivé aux tests hivernaux, il a
immédiatement été plus rapide alors qu’il était débutant. Il a fait
trois pole positions lors des trois premières courses et il a gagné
la troisième. Nous ne devons donc pas oublier ses débuts, tout
comme le fait d’avoir Valentino Rossi comme coéquipier à cette
époque n’était pas facile. La confrontation se déroulait au plus
haut niveau, et ce que j’ai vu au fil des courses et des années,
c’est qu’il était vraiment capable d’apprendre : parfois, il a
connu des moments très difficiles et perdu des batailles, mais il
ne les perdait pas deux fois de la même façon. Il était très dur et
apprenait toujours des moments difficiles, et quand il perdait une
course, il apprenait toujours et s’améliorait pour la prochaine
course. Cela été assez impressionnant et c’est probablement
pourquoi cela lui a permis de réaliser tout ce qu’il a fait et de
gagner des championnats. Il a toujours appris dans les moments
difficiles, donc il mérite ce qu’il a réalisé. »
« Maintenant, c’est dommage qu’il se retire mais nous devons
respecter sa décision car il a beaucoup donné. Je pense qu’il a
aussi montré une certaine manière particulière de remporter des
courses, car je me souviens qu’il a été un des premiers pilotes à
mener les courses dès le premier tour avec 1,3 ou 1,4 secondes
d’avance, sans que personne ne soit capable de faire cela. Et
chacun a dû apprendre de cela et faire pareil. Il introduit
beaucoup de nouvelles choses dans ce sport, et il a poussé tous les
autres à atteindre ce niveau. Donc je pense qu’il a apporté une
grande contribution. Mais c’était un gars dur au mal, et je pense
qu’il y a quelque chose à apprendre de lui. »
Crédit Photo : MotoGP.com