Le Grand Prix de Valence 2021 aura été celui des dernières : Celle de Valentino Rossi bien sûr, qui aura monopolisé l’attention, mais aussi celles de Tom Lüthi et de Danilo Petrucci. Ce dernier, convié à la conférence officielle d’avant-course jeudi dernier, a ainsi eu l’occasion de revenir sur sa carrière en MotoGP.
Du défi qu’a pu représenter son physique pour le moins atypique pour la discipline à ses meilleurs souvenirs dans la catégorie, en passant par sa future participation au Dakar pour le compte de KTM, l’Italien s’est épanché sur ces différents sujets avec son franc-parler et sa bonhomie habituels, qui font tout le sel d’un personnage haut en couleur qui manquera grandement à l’avenir dans le paddock.
A lovely hug between @ValeYellow46 and @Petrux9 as they end their #MotoGP career 😢
We'll miss having you around Danilo! ❤️#GrazieVale #ValenciaGP 🏁 pic.twitter.com/NKnWTmlTqI
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) November 14, 2021
Danilo, c’est votre 169e et dernier Grand Prix ce weekend. Quel est votre état d’esprit ?
« Je viens sur cette dernière course avec simplement la volonté de prendre du plaisir, et profiter des derniers kilomètres que je vais faire sur une motogp. C’est une bonne chose que d’être arrivé jusqu’ici, car il y a dix ans personne ne me connaissait, et pour ma part je ne connaissais aucun circuit, aucune moto, aucun pneu. Je ne connaissais rien. »
« Le chemin a donc été long, et depuis lors j’ai eu beaucoup de fans qui m’ont soutenu. A partir de l’année dernière j’ai commencé à rencontrer quelques difficultés, et j’ai donc cherché d’autres façons de prendre du plaisir sur la moto. Par chance, une opportunité m’a été offerte par KTM. Depuis l’an dernier j’ai rencontré des difficultés en raison de mon poids et de ma taille, des problèmes que je n’avais pas par le passé. »
« Quand je suis arrivé en MotoGP il y a dix ans, je ne connaissais rien »
« Mais cette saison j’ai été trop en difficulté pour soutenir le rythme. Je pense donc que passer au rallye va me permettre d’être l’un des pilotes les plus jeunes et les plus légers, ce qui va me changer ! En ce sens j’espère être compétitif dans quelques années, car il va me falloir du temps pour être performant. »
« Cela étant dit, ces dix dernières années cela a représenté une véritable fierté de partager la piste avec des pilotes au talent unique. J’ai même vu certains d’entre eux grandir et grimper les échelons depuis le Moto3. Ce fut vraiment sympa de me battre durant toutes ces années avec certains des meilleurs pilotes moto au monde. »
Quel est votre meilleur souvenir en MotoGP ?
« Comme tout le monde ici, je pense pouvoir dire que remporter une course est vraiment quelque chose de formidable. Mon rêve de gosse était de remporter le championnat, mais malheureusement j’ai rencontré sur mon chemin trop de grands talents. En 2019, quand je me battais la plupart du temps pour la victoire ou à tout le moins pour le podium, ce fut génial. »
« Notamment cette victoire au Mugello, mais le fait est que je ne me souviens pas vraiment du feeling que cela m’avait procuré car c’était vraiment trop d’émotions. Il y avait beaucoup d’attentes chez Ducati et en Italie à propos de cette course, et au final je n’ai gardé que peu de souvenirs une fois franchie la ligne d’arrivée. L’an dernier lors de ma seconde victoire, cette fois-ci au Mans, j’ai beaucoup plus apprécié ce que j’avais fait sur le plan sportif. »
« Je n’ai aucun souvenir de ma victoire au Mugello »
Quelle est la chose qui va vous demander le plus gros apprentissage en rallye ? Est-ce la navigation ou le pilotage ? Et quel est votre plan une fois le Dakar terminé ?
« Je vais avoir énormément de travail car c’est un monde complètement différent. J’ai dû parcourir plus de kilomètres à l’entraînement pour le rallye cette année qu’en MotoGP. Je suis vraiment vert dans ce domaine, mais heureusement j’ai visiblement de bonnes dispositions pour ce nouveau style de pilotage, mais d’un autre côté j’ai vraiment besoin d’appréhender davantage l’aspect navigation. »
« En effet, ici en MotoGP vous parlez de millimètres en termes de réglages, alors qu’en rallye on passe sur l’échelle du kilomètre. On va donc voir comment se déroule cette première participation, et ensuite on va discuter avec KTM pour un éventuel engagement supplémentaire au cas où je me montre performant et que j’apprécie ce type de compétition. Pour l’instant je suis très occupé, car cela me demande beaucoup de temps pour me mettre à niveau et bien comprendre comment fonctionne ce genre d’épreuve. »
Vous êtes très proche de vos parents. Que vous ont-ils dit quand ils ont appris que vous alliez participer au Dakar ?
« Je pense que je suis très chanceux car mes parents ont sacrifié leur vie pour moi. Ils sont simplement heureux quand ils voient que je le suis moi-même. Quand j’aurai un enfant je ne sais pas si je lui apprendrai à piloter une moto, car de l’extérieur c’est quelque chose d’assez effrayant. »
« Mais en ce qui concerne mes parents ils m’ont laissé faire ce que je voulais faire, et au final cela a bien fonctionné. Pour ce qui est du Dakar, ils savent depuis ma jeunesse que je suis suffisamment fou pour participer à ce rallye. »
« Mes parents savaient que j’étais suffisamment fou pour participer au Dakar »
« Est-ce qu’il y a la moindre chance de vous voir revenir courir sur circuit ? Apparemment vous auriez reçu une proposition de Ducati pour courir en MotoAmerica…
Je ne sais pas pour le moment. Bien sûr, j’ai essentiellement roulé sur circuit ces dernières années, mais comme je vous l’ai dit depuis l’an dernier je réfléchis à prendre une pause. Sur circuit les motos sont vraiment uniques, et dès je monte sur l’une d’entre elles j’essaie d’être le plus rapide possible. Mais la pression et l’effort que requiert le pilotage de telles machines sont très importants. »
« J’aimerais justement faire quelque chose avec moins de pression, car quand vous êtes en MotoGP et que les résultats ne viennent pas, vous devez vous justifier auprès des autres et auprès de vous-même. C’est très difficile. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, car il est sûr que j’adore toujours piloter. Le fait de pouvoir participer au Dakar, c’est un nouveau rêve qui se réalise pour moi, et je ne sais pas combien d’années je vais faire cela et ce qui m’attend à l’avenir. »
Vous avez gagné deux courses en MotoGP, et vous êtes probablement l’un des pilotes les plus appréciés dans le paddock. Quel est selon vous votre plus grand accomplissement durant votre carrière en MotoGP ?
« Je n’ai jamais voulu me prendre au sérieux, et j’ai toujours été franc dans mes propos, et cela m’a valu quelques déconvenues par le passé. J’ai toujours voulu que ce soit drôle quand je m’exprime, et ne pas toujours dire les mêmes choses convenues lors de mes différentes interviews. J’ai toujours fait en sorte de rester moi-même. Et je dois dire que j’ai toujours vécu des moments très drôles avec Jack Miller. »
« J’ai toujours fait en sorte de rester moi-même et de ne pas me prendre au sérieux »