La compétition moto reste un sport spectaculaire. Que ce soit lors de la chasse contre le chrono, pendant la bagarre en piste contre des concurrents pour gagner une place au classement ou à cause d’une avarie technique, les pilotes de Grand Prix sont régulièrement victimes d’accidents spectaculaires, mais s’en sortent le plus souvent miraculeusement.
Cette saison ne nous fera pas mentir : le récent incident entre Johann Zarco et Franco Morbidelli au Red Bull Ring, ou encore le problème de freins de Maverick Viñales qui s’est éjecté de sa moto à 220km/h sur le même tracé en sont des exemples concrets. Et pourtant, ces 3 pilotes s’en sortent sans conséquences physiques majeures.
Il y a trois principales raisons qui expliquent que malgré ces chutes, les pilotes s’en sortent sans trop de blessures.
Les lois de la physique
Les accidents sont essentiellement liés à la force de décélération (a) – et à sa brutalité. Elle est calculée sur la base de la vitesse (v, en mètres par seconde) et de la distance de freinage (d, en mètres). Ainsi, on calcule la force de décélération ainsi : a = v² / 2 x d. C’est cette accélération qui est reprise dans les données que dévoilent les fabricants d’airbags.
Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ?
Imaginez qu’un pilote arrive face à un mur à 200km/h, sans décélérer. En l’absence de zone de déformation (les parties avant et arrière d’une voiture sont conçues pour se déformer en cas de collision), c’est son corps qui subirait le choc de plein fouet. En choisissant de se laisser tomber pour glisser sur le sol plusieurs mètres avant la collision, la vitesse à laquelle il frapperait le mur sera nettement plus faible, minimisant ainsi les risques de blessures, et de séquelles physiques.
En choisissant cette option (pour laquelle il est entraîné) il aurait des chances de se relever assez rapidement, s’il n’y a pas d’obstacles sur son chemin. Mais sur un circuit, c’est globalement le cas.
Un équipement adapté
Lorsque les courses du Continental Circus ont vu le jour, l’équipement des pilotes se résumait à ce qu’ils trouvaient dans un surplus de l’armée : un vieux bomber ou un « Knochensack » (littéralement sac osseux), soit un épais manteau en cuir porté par les parachutistes. Ils les protégeaient des coupures et des éraflures, mais pas vraiment plus.
Les combinaisons actuelles sont fabriquées à partir de cuir de kangourou. Ils sont durables, lisses et, compte tenu de ce qu’ils peuvent supporter, très fins et confortables. Chaque combinaison en cuir est fabriquée sur mesure et les pilotes en utilisent une quinzaine par saison.
La plus grande révolution en termes de sécurité a été l’airbag, devenu obligatoire il y a deux ans. En cas d’accident, il se gonfle en automatiquement avant que le pilote ne touche le sol.
Le système Alpinestars, utilisé par Johann Zarco ou encore Maverick Vinales, se gonfle entièrement en 25 millisecondes, bien avant que le pilote n’entre en contact avec le sol. L’airbag protège le cou, les clavicules, les épaules et la cage thoracique. Grâce à lui, les fractures de clavicule – autrefois si fréquentes – font désormais partie du passé. Pour les pilotes, le déclenchement de l’airbag est, dans le pire des cas, légèrement désagréable. Mais à côté des protections qu’il apporte, c’est un moindre mal.
Souvenez-vous, en Thailande en 2019, Marc Márquez était victime d’un violent highside lors de la FP1. L’état de sa RC213V suffit à vous faire une idée de la violence du choc. Fort heureusement, le natif de Cervera s’en sortait indemne, après avoir effectué malgré tout un petit passage par la case hôpital, histoire d’y effectuer quelques examens. Le Circuit International de Buriram avait diffusé les photos, la séquence est à la fin de cet article.
Lors de chaque course MotoGP, les principaux fabricants de cuir de moto envoient plusieurs personnes sur place pour analyser les données des accidents afin d’améliorer la protection des parties du corps les plus exposées et de minimiser les conséquences de toute collision.
Un entrainement à la chute
Le quintuple champion du monde allemand, Toni Mang, a été l’un des premiers pilotes à travailler activement son entraînement et sa résistance aux chocs. Au début des années 1980, il a engagé un ancien instructeur de l’armée allemande qui ne s’est pas contenté de préparer son corps, mais l’a aussi entraîné à chuter.
« C’est pourquoi je n’ai presque jamais été blessé dans des d’accidents », explique le pilote désormais septuagénaire. Les pilotes d’aujourd’hui sont des athlètes pur-sang. Ils ont une motricité et une forme physique extrêmes et sont également très musclés. Les coureurs s’entraînent littéralement jusqu’à ce que leurs muscles leur servent d’armure. Marc Márquez en est un parfait exemple.
Mais les pilotes ne pourront pourtant jamais éviter les accidents exceptionnels, comme celui dont il a été victime en début de saison, et qui lui a valu une fracture au bras. Ce sont les risques du métier. Même les meilleurs pilotes restent des êtres humains.