Chez Ducati, on fait les comptes avec le directeur sportif Ciabatti et on avoue qu’un titre constructeur ne console pas d’une saison où la couronne des pilotes était l’objectif. D’autant plus que le roi Marc Marquez avait abdiqué dès le premier combat à Jerez. La faute à qui, ou à quoi ? A Borgo Panigale, on regrette le nouveau pneu arrière Michelin dont s’est pourtant mieux accommodé l’adversaire. On constate aussi l’absence d’un patron parmi ses pilotes. Mais on ne remet pas en cause la moto. Ciabatti le dit : cette GP20 était excellente. Il a ses arguments pour ancrer sa certitude.
Chez Ducati, on a terminé l’année 2020 avec un titre en poche. Une satisfaction qui n’était plus arrivée depuis 2007. Cependant, on ne saute pas de joie. Car on ne peut être extatique avec un accessit en poche. Lors des trois dernières saisons, Andrea Dovizioso a ainsi joué le titre face à Marc Marquez. Or, dès le premier Grand Prix à Jerez, il était acquis que la forteresse ouvrait ses portes, puisque son gardien, blessé, ne gardait plus le passage. Pourtant, la formalité écrite par la logique a été contrariée par les faits. Jamais Dovizioso n’a donné l’impression de pouvoir enfin concrétiser.
« Malheureusement, nous avons raté cette opportunité de premier ordre » reconnait Ciabatti. Partant de là, il faut expliquer pourquoi. Et l’Italien a ses arguments, qui dédouane la GP20. Sur Speedweek, Ciabatti rappelle ainsi les faits donnés par les résultats : « la Ducati était compétitive et, en gros, nous nous sommes battus pour les podiums à tous les Grands Prix, à l’exception d’Aragon et de Valence-1. Mais nous avons obtenu ces succès avec cinq pilotes différents. Ce qui nous manquait, c’était la cohérence à un niveau élevé avec un seul pilote ».
Il manquait donc un patron, bien que le poste fût théoriquement tenu par Dovizioso. Mais Ciabatti insiste en entrant dans les décortiquant le déroulé des hostilités : « Dovi était troisième sur le podium lors de la première course à Jerez. Bagnaia était deuxième du deuxième Grand Prix de Jerez, puis il a eu un problème de moteur. Quand nous sommes arrivés à Brno, Zarco était sur le podium. En Autriche, Dovi a remporté la première course, lors de la deuxième, Miller a terminé second. Bagnaia a terminé deuxième à Misano et a presque remporté la deuxième course, mais il est tombé alors qu’il était en tête. Puis Petrucci a remporté Le Mans, Miller a terminé deuxième à Valence-2 et Portimão ».
Le confinement a-t-il favorisé les constructeurs japonais ?
« Il s’est donc avéré que la Ducati GP20 était une moto très compétitive » conclut Ciabatti. « Mais pour diverses raisons, nous n’avons pas été en mesure de toujours performer au sommet avec un seul pilote ». Une faiblesse rédhibitoire dans une saison où, justement, c’est la régularité qui était l’atout maître : « cette année, la régularité comptait plus que toute autre chose. La constance lors de ces 14 courses en si peu de temps a été la clé du succès. Joan Mir a beaucoup marqué et il était très souvent dans les premières places des courses. Il a réussi à se classer principalement dans le top 5, même s’il était clairement en retard sur la grille de départ » analyse Ciabatti.
Ce dernier ajoute aussi un élément qui ne manquera pas d’ouvrir un débat. Il dit ainsi : « je dois admettre que nous avons également eu des problèmes techniques que nous évitons normalement. Bagnaia et Miller ont chacun abandonné une fois avec des problèmes de moteur. Mais n’oublions pas que c’était une saison très étrange. En raison du confinement, de nombreux essais ont dû être annulés. Les départements de course des constructeurs européens ont même dû fermer leurs portes pendant au moins deux mois. Nos concurrents japonais en ont été épargnés ».
Paolo Ciabatti ne veut cependant pas laisser une mauvaise impression sur des regrets éternels, si qu’il conclut : « il ne faut pas oublier : Ducati a remporté le championnat des constructeurs pour la première fois depuis 2007. C’est bon ». Même si ce titre n’aurait pas été possible sans le déclassement de Yamaha …