Cette saison MotoGP est passionnante, elle nous réservera encore des surprises d’ici son terme, et ce n’est pas la dernière prestation offerte par Aleix Espargaró à Assen qui contredira cette tendance. Aux Pays-Bas, l’officiel Aprilia a réussi le tour de force de renverser une situation morale marquée du sceau de la fébrilité depuis sa bévue au Grand Prix de Catalogne. Cette célébration d’une seconde place un tour avant le drapeau à damier aurait pu être le fait marquant de toute sa carrière mais il l’a biffé en se montrant au contraire conquérant et sûr de lui dans une cathédrale d’Assen qui a absous son pêcher barcelonais. Mieux, l’arrivée batave a révélé une franche solidarité dans les rangs d’Aprilia qui pourrait aussi compter dans les moments décisifs. Autant d’éléments qui n’ont pas échappé à un certain Chicho Lorenzo.
Il y a eu comme un vrai miracle qui s’est produit dans la cathédrale d’Assen, dans un MotoGP, où, parait-il, on ne peut plus y dépasser. Un pilote du nom d’Aleix Espargaró est remonté de la quinzième place à la quatrième sous le drapeau à damier, réglant ainsi le compte de onze de ses pairs, dont deux d’un seul coup dans un dernier freinage de forçat qui restera dans les mémoires. Qui a dit que le MotoGP était ennuyeux ?
Chicho Lorenzo, de son côté, s’est délecté de ce Grand Prix des Pays-Bas et du grand spectacle donné par le pilote Aprilia. Avec Manuel Pecino, il a analysé les clés du retour d’Aleix Espargaró à Assen. On rappellera que le pilote a terminé en quatrième position après avoir repris la piste quinzième à la suite de l’accrochage avec Fabio Quartararo dans les circonstances que l’on sait.
Cette course d’Assen a été incontestablement marquée par le retour d’Aleix Espargaró. Lors des premiers tours, une chute de Fabio Quartararo a entraîné le pilote Aprilia hors de la piste alors qu’il évoluait en deuxième position. L’ainé de Pol Espargaró est revenu sur la piste en quinzième position. C’est alors que la remontée, qui restera dans les annales, a commencé et d’autant plus qu’elle s’est terminée avec le bouquet final du double dépassement au dernier virage de Brad Binder et de Jack Miller. L’homme de Granollers a franchi la ligne d’arrivée en quatrième position, derrière son coéquipier Maverick Viñales, qui a réalisé son premier podium avec Aprilia.
Chicho Lorenzo a ainsi commenté dans une nouvelle vidéo sur la chaîne YouTube ‘Motogepeando‘: « c’était impressionnant, c’est une de ces courses historiques, une de celle dont on se souviendra toute sa vie. On peut avoir de grandes courses tout au long de sa vie, mais celle-ci est très spéciale pour de nombreuses raisons. Mais surtout par les chiffres ».
Le père de Jorge Lorenzo a passé en revue tour par tour les records d’Aleix Espargaró, dans lesquels il est démontré que le pilote Aprilia avait un rythme similaire à celui des pilotes de tête. « Avec ces chiffres il aurait gagné la course haut la main » dit l’Espagnol qui voit cependant ailleurs l’essentiel de cet exploit : « j’ai déjà parlé des chiffres et maintenant je vais parler de ce qui se passe dans la tête d’un pilote dans des circonstances comme celle-ci. On parle du fait qu’avec ces chiffres, s’il n’y avait pas eu cette attaque de Quartararo avec sa chute, il aurait fini par gagner la course en solitaire avec six d’avance. Mais c’est une théorie, ce n’est pas réel ».
« Aleix Espargaró était dans un état d’euphorie impressionnant »
Et il explique : « Aleix n’est pas tombé, mais il sort, perdant huit secondes. Que se passe-t-il dans la tête d’un pilote à ce moment-là ? C’était une course qu’il allait gagner. Il était clair qu’il pouvait gagner. Il connaissait son rythme, il était clair là-dessus, il savait que ça marchait très bien sur ce circuit. Donc, à ce moment-là, vous vous voyez dehors. Et vous voyez que lorsque vous revenez en piste vous êtes à la quinzième place et que vous avez pratiquement perdu la course. Et vous commencez à dépasser. Savez-vous ce que c’est, quand on fait un dépassement, le coup d’adrénaline que ça donne ? Et vous allez pour le suivant, et un autre coup. Et vous avez déjà dépassé onze pilotes, soit onze coups d’adrénaline. Quand vous y arrivez, vous entrez dans une orbite complètement différente de celle que vous n’avez jamais été, car vous n’avez jamais eu onze coups d’adrénaline. Nous sommes en MotoGP, ils sont tous rapides et vous les dépassez. C’est arrivé comme il faut, tout s’est parfaitement déroulé ».
« Plus tard, nous avons vu à quel point Aleix était euphorique, que quand Quartararo est arrivé pour s’excuser, il s’en fichait, ils se sont embrassés, tout était merveilleux. Parce qu’il était dans un état d’euphorie impressionnant. Dans cet état, vous êtes généreux et vous pardonnez tout. Il devait pourtant être plein de rage au début. Parce que, bien sûr, vous êtes là, vous avez tout votre montage fait, votre stratégie, tout est contrôlé, vous savez que vous êtes le gagnant. Et, du coup, vous perdez toutes les possibilités », développe Chicho Lorenzo.
En plus de cette remontée d’Espargaró, ce fut une belle journée pour Aprilia grâce au podium de Maverick Viñales, qui a terminé troisième. Un moment de liesse sur lequel Chicho Lorenzo insiste en guise de conclusion : « j’ai beaucoup aimé, c’était très excitant, ce geste qu’il a eu quand il est allé féliciter Maverick. Ils ont un très bon « feeling ». Dans quelle équipe y a-t-il deux pilotes qui ont ce sentiment ? Aucune. On ne le voit pas du tout ». Un facteur X ?
