Chicho Lorenzo est le père d’un Jorge bien connu et les deux ont une émission sur YouTube sur laquelle il laisse libre cours à leur franc parler. Parfois, ça pique les yeux car l’indulgence à l’égard des pilotes en fonction est rarement de mise. Et ce n’est pas parce que l’on est un Champion du Monde en titre que l’on est épargné. Joan Mir en a fait l’expérience avec cette remarque de Chicho sur son style mais, surtout, sur l’identification de ce qui semble être un seuil d’incompétence…
Lorsque Joan Mir avait été sacré en MotoGP, Chicho Lorenzo avait tenu à rappeler que le Majorquin, comme lui, était passé sur les bancs de son école de pilotage. Un moment de sa vie et de sa carrière que l’officiel Suzuki avait tenu ensuite à relativiser. Le père de Jorge, à présent lui aussi chroniqueur sur la toile, a-t-il voulu lui répondre tardivement au travers cet exposé sur son niveau général en tant que pilote ? On ne sait, mais la critique est là…
Dans son émission ‘Motogepeando’ relevée par Motosprint, Chicho Lorenzo fait le point sur Joan Mir à la mi-saison. La situation de l’officiel Suzuki est encore convenable puisqu’il est à la quatrième place du classement général avec 101 points, 3 podiums et aucune victoire. Mais le point faible du numéro 36 reste la qualification, un talon d’Achille qui accompagne le pilote de la GSX-RR depuis ses débuts dans la catégorie reine constate Chicho Lorenzo qui, à partir de là, appuie où ça fait mal…
Lorenzo Senior déclare ainsi : « au début de la saison, nous disions que Joan devrait améliorer son point faible, c’est-à-dire les départs, en particulier la position occupée sur la grille. Même s’il parvient très bien à récupérer, il ne parvient pas à rejoindre les coureurs de tête, même en remontant 3-4 positions. J’aurais aimé une amélioration dans ce domaine de sa part ».
Chicho Lorenzo signale que c’est un problème que le champion du monde traîne depuis les catégories mineures. Une redondance regrettable car elle interdit Joan Mir à entrer dans le club des grands… « Il y a une chose à garder à l’esprit : les grands champions arrivés en MotoGP ont rencontré des problèmes dus au passage à une cylindrée supérieure. Lorsque vous arrivez en MotoGP, vous rencontrez le meilleur du Moto3 et du Moto2 » analyse l’aîné des Lorenzo. « Alors vos points faibles, qui dans les catégories mineures étaient un peu masqués, deviennent décisifs en arrivant en MotoGP ».
Chicho Lorenzo : « l’une des clés des grands champions, c’est de pouvoir résoudre leurs problèmes »
« Joan n’est pas un pilote explosif sur les tours lancés, s’il l’était, il aurait plus de pole ou de premières lignes. Un problème qui, en Moto3, n’a généré aucun souci car là, vous avez la possibilité de monter sur le podium ou de gagner même si vous partez 20e. En Moto2 aussi, mais quand vous arrivez en MotoGP, c’est encore pire et tout cela s’exacerbe. Comment cela pourrait-il être résolu ? Eh bien, il devra se concentrer sur le fait de devenir explosif sur le seul tour, lors des qualifications ». C’est donc à Joan Mir de trouver la solution, au fond lui-même. Une démarche qu’aurait assumé les Pedrosa, Stoner et autres Jorge Lorenzo.
Et c’est là que Chicho veut en venir : les grands champions doivent savoir remédier à leurs défauts : « Dani Pedrosa, Lorenzo, Stoner étaient des pilotes qui devaient améliorer leurs faiblesses qui n’étaient pas si décisifs dans d’autres catégories. L’une des clés des grands champions, c’est de pouvoir résoudre leurs problèmes », estime Chicho. « Il y en a d’autres, pourtant, qui passent 10, 15 ans dans la même catégorie et ne résolvent rien, ce sont les mêmes pilotes de débuts à retraite, avec leurs propres défauts et leurs propres vertus ».
« L’une des grandes qualités d’un champion est la capacité de résoudre ses faiblesses, de les tourner en qualité. Regardons Jorge Lorenzo : les départs étaient sa plus grande faiblesse et sont ensuite devenus sa force. On a aussi le cas de Randy Mamola : il était terrible sur le mouillé et il est devenu le meilleur de sa génération dans ces conditions », a expliqué le Majorquin qui donne ensuite le coup de grâce à l’équipier d’Alex Rins : « Si Lorenzo et Pedrosa n’avaient pas amélioré leurs faiblesses, auraient-ils été les grands champions qu’ils sont aujourd’hui ? Non. Et on oublie Marc Marquez : c’est un excellent résolveur de problèmes, je l’ai vu changer complètement de style, passant d’agressif à un style beaucoup plus raffiné quand la moto ne lui convenait pas. Quand Marquez s’est-il plaint de la moto ? Jamais, c’est une des grandes vertus des grands champions ».