Chez KTM on ne lâche rien ni personne. Les ingénieurs ont le nez dans le guidon et s’il arrive qu’un des pilotes lève la tête de la bulle, on lui fait remarquer qu’il n’est pas oublié. L’an passé, Pol Espargaró en a pris pour son grade et il est aujourd’hui légitimement porté aux nues. Johann Zarco a découvert qu’on ne pouvait pas s’exprimer n’importe comment, même en situation de crise. Aujourd’hui, c’est Miguel Oliveira qui est pointé du doigt.
Miguel Oliveira débute cette année en MotoGP au sein du team satellite KTM qu’est devenu Tech3. Son entame de campagne a été suffisamment séduisante pour que son contrat soit d’ores et déjà renouvelé pour 2020. Mais depuis quelques courses, celui qui a permis au Portugal de comptabiliser ses premiers points dans la catégorie reine des Grands Prix a comme un coup de mou. Son équipier Syahrin, jusque-là dominé, s’est rapproché en même temps que le vice-champion du monde Moto3 et Moto2 s’éloignait de Pol Espargaró et de Johann Zarco. Une conjoncture qui est apparue lorsque les premières évolutions de l’année sont apparues sur la RC16, au seul profit de Pol Espargaró.
Lien de cause à effet ? Chez KTM, on le soupçonne, si bien qu’avant le prochain rendez-vous à Assen, on sensibilise Oliveira… « Oliveira devrait être plus proche du top dix » commente ainsi le directeur sportif Pit Beirer. « Une explication n’existe pas vraiment. Au début de la saison, Oliveira a toujours clairement distancé Hafizh Syahrin. Parfois, il était devant Zarco et souvent près de Pol. Ce qui s’est passé de là à aujourd’hui, nous ne le comprenons pas chez KTM. Parce que Miguel n’a pas une mauvaise moto. Il devrait être plus proche du top dix qu’il ne l’est actuellement ».
Le même Beirer se fait plus clair : « il y a un manque de motivation ». Une théorie qui se tient si l’on écoute Oliveira au terme de son Grand Prix de Catalogne : « en Catalogne, j’avais un sentiment similaire à celui que j’avais eu lors des essais précédents. Je voulais vraiment finir. Pour moi, c’était une course solitaire et ennuyeuse. Ce n’était pas motivant du tout, car j’ai raté le groupe de combat devant moi ». Ceci à cause de la bévue de Bradley Smith qui a blessé Aleix Espargaró et dont le Portugais a été le dégât collatéral.
Sur la question des évolutions, Pit Beirer se veut très clair sur Speedweek : « les pilotes Tech3 ont reçu des évolutions à Jerez. Ils ne peuvent pas avoir les mêmes pièces que Pol Espargaró a utilisées pour la première fois lors d’un Grand Prix à la mi-mai. Pol lui-même n’avait qu’une seule moto avec le bras oscillant en carbone au Mans et au Mugello. Johann Zarco l’a obtenu le vendredi en Catalogne. Nous avons beaucoup de pièces à tester. Nous ne pouvons pas toutes les produire pour le premier test en dix exemplaires. Normalement, nous ne devrions pas non plus donner ces pièces à Pol. En fait, il nous faudrait développer ces pièces en paix et les mettre sur une nouvelle moto pour 2020 en novembre. Cependant, nous avons décidé d’apporter les nouveaux composants à la moto dès que possible à Pol Espargaró ».
Miguel Oliveira, 24 ans, est la 17ème du championnat avec 12 points après 7 des 19 courses. Il est à quatre longueurs de Johann Zarco.