L’accrochage qui a eu lieu au départ du dernier Grand Prix de Catalogne sous l’impulsion de Taka Nakagami a suscité une forte émotion et un vif mécontentement parmi les pilotes et les patrons d’écurie. Car en plus de l’émotion suscitée par le violent accident, il y a eu la circonstance aggravante d’une Direction de course qui n’a par trouvé matière à sanctionner, alors que tous les acteurs de la compétition ont chargé le pilote japonais. Une polémique est ouverte, qui va au-delà des faits vécus ce dimanche et qui interpellent sur le discernement des parties en cause puisque tout ceci serait en fait prémédité pour alimenter le spectacle. Un complot que Franco Morbidelli prend la responsabilité de décrire ainsi…
Franco Morbidelli a donné son opinion, comme le reste de ses collègues, sur le chaos provoqué au départ du dernier Grand Prix de Catalogne par Taka Nakagami, bien top optimiste à l’abord du premier virage du tracé de Montmèlo. On connait la suite : une perte de contrôle de la Honda, une chute qui a aussi balayé Bagnaia et Rins qui n’avaient rien demandé, et une décision des officiels classant l’affaire parmi les incidents de course.
Fin de l’histoire ? Que nenni. Ce serait plutôt le début d’une polémique sur les responsabilités de chacun. Un débat qui ouvre aussi sur les doutes que l’on porte sur son voisin dans un paddock actuellement tendu par les enjeux économiques et de carrière dans un contexte général anxiogène de ces points de vue.
Franco Morbidelli, lui, a décidé dans son appréhension des faits de prendre de la hauteur et d’élargir la vision des choses. Ce qui ne plaira pas à tout le monde… Dans on entretien d’après course que l’on trouve sur motorsport, on lit ainsi : « si on pense au spectacle, oui, la décision de la Direction de course est bonne. Pour les pilotes non, je suis sincère ». Et il lâche : « cette vidéo va être vue par des milliers, des millions de gens, cette énorme bombe au premier virage à 250 km/h. C’est notre boulot et finalement, c’est comme ça. Je suis cynique, mais la vie est cynique, le MotoGP est parfois cynique, la compétition est cynique. Si on se préoccupait des autres, la compétition serait beaucoup plus calme. Mais beaucoup de choses entrent en jeu ».
Franco Morbidelli : « je pense que certaines personnes devraient plus utiliser leur tête en course«
On pourrait arguer que même si Nakagami avait été sévèrement sanctionné, l’accident n’aurait pas disparu pour autant des écrans. L’idéal aurait été encore que les faits ne se soient pas produits, ce qui en appelle aussi à la responsabilité de ceux qui sont sur les motos. L’italo-brésilien n’en disconvient pas puisqu’il ajoute : « il y a des gens qui se préoccupent de nous, pour qu’on ne se blesse pas seul ou quand on roule en faisant des choses normales. Des gens pensent à nous, mais je sens que seuls les pilotes peuvent faire attention quand on est en course qu’on roule à 360 km/h, à 20 ou 25 cm les uns des autres, ou quand on arrive à 25 pilotes à 270 km/h avec des pneus froids dans un premier virage que l’on prend 60 ou 70 km/h. Personne d’autre ne peut s’en soucier. Ils peuvent décourager ce genre de manœuvres, ils devraient, mais ils ne le font pas pour beaucoup de raisons. Et sincèrement, je l’accepte ».
Concernant l’incident de ce dimanche, Morbidelli implore les pilotes d’être plus responsables dans les situations les plus dangereuses : « je pense que certaines personnes devraient plus utiliser leur tête en course. On se bat, on paie le prix cher. On veut tous décrocher de grands résultats, on en veut tous beaucoup et on est tous prêts à prendre de gros risques pour décrocher de grands résultats. Mais on devrait penser un peu plus à notre santé et à la santé de nos collègues. On a parfois tendance à l’oublier et c’est naturel pour un pilote, pour un être humain, mais quand ces choses se produisent, c’est frustrant, ça me met en colère. Mais c’est la course » termine le vice-champion du monde 2020 de MotoGP qui donne quand même son sentiment sur son collègue pilote Nakagami : « c’est une grosse erreur, parce que je ne sais pas d’où il partait mais il était presque quatrième au premier virage. C’est fou. La manœuvre qu’il a faite sur Álex Rins au Mugello était dure, agressive et à la limite. Ici, il est allé un cran plus loin. Il faudrait faire mieux que ça. Il faudrait se préoccuper plus de soi-même également ».
