C’est une des conséquences collatérales du choix d’un Johann Zarco de quitter le team Pramac Ducati à la fin de cette saison. Laquelle ? Celle de mettre en place une confrontation frontale entre l’équipe de Paolo Campinoti et celle de Valentino Rossi pour la suprématie en tant qu’équipe satellite Ducati, la marque dominante en MotoGP. Déjà, l’an passé, Pramac s’était fait voler la vedette par Gresini et son fer de lance Bastianini à présent pilote au sein de la structure usine. Cette année, Johann Zarco libère une place de choix pour 2024 qui aurait dû revenir à Marco Bezzecchi. Mais ce dernier a suivi les conseils de son patron au sens politique aiguisé, gardant ainsi son meilleur atout pour prendre l’ascendant sur Pramac. Ce qui n’a pas échappé au team manager Gino Borsoi, et d’autant moins qu’il voit que Franco Morbidelli va lui être imposé. Alors il rappelle les règles du casting pour entrer dans son box …
Gino Borsoi n’est pas dupe. Il a compris ce qui se mettait en place avec un Marco Bezzecchi restant fidèle à la VR46, qui s’occupe aussi de la carrière de Franco Morbidelli à la recherche d’un guidon depuis qu’il a été mis au courant par Yamaha que son bail ne serait pas renouvelé. Et ce qui se positionne, c’est un team VR46 puissant, avec les meilleurs ingrédients, et d’autant plus que Pramac semble condamné à recycler les pilotes de l’académie en mal de guidon.
Sur GPOne, il s’accorde cette sortie tout en finesse, mais claire sur le fait qu’il a tout saisie de la stratégie en cours. Il commence par préciser qu’il n’a rien contre Franco Morbidelli … « J’aime Franco et il pourrait se sentir à l’aise avec cette Ducati ». Cependant … « Mais le travail de Pramac est vraiment d’aider les jeunes pilotes à grandir. Nous pouvons en parler ce sujet sans aucun problème. Mais en fait, ce serait une question à poser à Ducati, puisque ce sont eux qui choisissent les pilotes ».
Il ajoute : « Morbidelli, avec qui nous parlons maintenant, est sans aucun doute un pilote d’un grand intérêt pour Pramac et surtout pour Ducati. Honnêtement, je l’aime beaucoup, je le connais depuis plusieurs années et à mon avis, c’est une personne formidable. Je pense qu’il a un style qui correspondrait bien à ce qu’est Ducati aujourd’hui. Si c’était le cas, que ce soit lui, tant mieux, il sera certainement un pilote capable de rapporter des résultats importants pour l’équipe ».
Gino Borsoi : « maintenant, VR46 est certainement une équipe de référence pour Ducati, tout comme Pramac »
Mais Gino Borsoi rappelle la vocation de base de Pramac : « c’est une responsabilité pour Pramac de pouvoir aider un pilote à grandir. Non seulement techniquement, mais aussi tactiquement. Il s’agit de permettre au pilote d’exprimer son potentiel. Pour nous, c’est un travail important et pas si facile et évident. Zarco et Martin sont tous deux des pilotes qui ont désormais une certaine expérience, mais en théorie, des pilotes promus d’autres catégories devraient venir ici, ou peut-être ceux qui débutent en MotoGP ».
Puis il en vient à ce qui semble être le cœur du sujet : « maintenant, VR46 est certainement une équipe de référence pour Ducati, tout comme Pramac… Ils ont élevé la barre, nous devons être bons pour atteindre leur niveau et les dépasser. C’est un stimulant pour moi de voir une équipe aussi bien organisée qui travaille. A la fois en tant qu’équipe et avec les pilotes, c’est très agréable. Ils font un excellent travail et ils sont certainement une référence ».
« Je dis cela avec le désir de trouver l’impulsion pour faire de mieux en mieux chez Pramac. Prendre les idées de ceux qui travaillent bien n’est qu’un avantage, je ne vois pas cela comme un inconvénient, donc des équipes bien organisées sont les bienvenues. J’ai aussi besoin d’elles pour m’aider à comprendre où diriger le bateau » conclut-il. La bataille entre Jorge Martin et Marco Bezzecchi pour savoir qui, des deux, finira devant l’autre à la fin de cette campagne vaudra certainement le détour …