KTM nous a offert au Mugello, le week-end dernier, le genre de revirement technique dont rêve certainement Honda. Et qui force l’admiration. Ainsi, depuis le début de la saison, la RC16 semble souffrir d’une mauvaise adaptation à la nouvelle allocation de pneus définie par le manufacturier unique Michelin. Le genre d’écueil qui a plombé toute la saison dernière de Ducati. On le sentait donc mal pour les Autrichiens cette année. Et pourtant, au Mugello, les KTM officielles n’ont pas quitté les avant-postes, concluant leur prestation avec une seconde place et une cinquième position. Mais comment ont-ils fait à Mattighofen ? Il nous tarde de voir s’ils peuvent confirmer, ce week-end, en Catalogne…
KTM a épaté dans un Grand Prix d’Italie, sixième manche du championnat, qui succédait donc à cinq autres courses où les RC16 n’avaient pas été à la fête. Puisque le gel technique est de rigueur en MotoGP et que la marque autrichienne, à la dernière saison glorieuse, n’a plus droit aux fameux points de concession du règlement permettant de travailler en profondeur et régulièrement sur la moto, on craignait de voir les gens de Mattighofen rentrer dans le rang.
Et puis la ligne droite du Mugello a révélé un Brad Binder à 362,4 km/h, soit aussi rapide qu’un Zarco sur le missile Ducati à Losail. Pendant ce temps, Oliveira n’était pas en reste. Le bilan toscan était édifiant : KTM était revenu aux avant-postes…
Deux éléments ont été identifiés pour comprendre ce miracle. Il y a d’abord l’essence. Un nouveau carburant de course provenant d‘ETS, une société relativement inconnue, a été mis dans le réservoir. Cette société française, formée par un groupe d’anciens ingénieurs d’Elf, les précédents partenaires de KTM pour le carburant, semble avoir eu un impact non négligeable. On notera que Suzuki, qui se fournit maintenant à la même pompe, ne regrette pas non plus son choix…
Il y a ensuite un travail sur le cadre. On rappellera qu’il est de type tubulaire. Et donc unique en son genre en MotoGP. C’est sur ce point qu’insiste Brad Binder : « le principal point que nous avons amélioré avec le nouveau cadre est que nous avons trouvé un peu de naturel dans les virages », a expliqué le Sud-Africain après la course du Mugello. « Évidemment, lorsque la moto tourne un peu plus naturellement, vous n’avez pas besoin de la coucher sur le bord du pneu aussi longtemps et c’est mieux pour la durée de vie du pneu arrière pour la distance de course ».
KTM : le Mugello ne serait qu’un début
« On peut avoir une plus grande surface de contact plus rapidement, et on peut mieux préparer la sortie des virages. Je suis heureux de l’étape que nous avons franchie, et je pense que ce sera bon pour nous dans les courses à venir » dit le vainqueur de Brno en 2020 en se projetant vers le Grand Prix de Catalogne de ce week-end : « Barcelone est un circuit où l’usure des pneus est incroyablement élevée, et plus vite vous pouvez sortir du bord du pneu, mieux vous êtes sur le long terme. C’est un circuit où notre moto a très bien fonctionné l’année dernière, et je m’attends à ce que nous ayons une très bonne occasion de voir comment le cadre fonctionne. Mais je suis sûr que nous avons fait un pas en avant, peu importe sur quel circuit nous allons ».
« Une chose formidable avec KTM, c’est qu’ils n’aiment pas arriver en second » précise l’équipier de Miguel Oliveira. « Tous les gars de l’usine, la quantité d’efforts qui sont faits en coulisses… Je me sens super chanceux d’être dans cette situation où j’ai cette équipe incroyable derrière moi. Ils font tout ce qui est possible, et nous faisons des progrès ». Et ce n’est pas fini… « Ce n’est pas la fin et il y a certainement encore des choses dans la poche. Nous devons voir maintenant jusqu’où nous pouvons pousser, mais je suis sûr que les gars vont travailler dur pour avoir plus de choses prêtes pour nous dans un avenir proche ». Si les pilotes KTM s’invitent régulièrement pour marquer de gros points, ils auront un rôle d’arbitre non négligeable dans la course au titre cette année.