« Je ne m’amuse plus ». Tels sont les termes employés par Casey Stoner à la conférence de presse du Grand Prix de France 2012. L’Australien, champion du monde en titre, annonce sa retraite à seulement 26 ans. Sept ans plus tard, penchons nous sur la carrière exceptionnelle d’un pilote exceptionnel.
Qui aurait pu parier un instant sur cet enfant protégé d’Alberto Puig arrivé en Europe à 14 ans et qui fit des débuts plus que timides en mondial ? Pas grand monde. Moyen en 125cc, bon en 250cc, son talent se traduisait mal sur les plus petites machines. Lors de sa montée en catégorie reine en 2006, la magie opéra. Jamais cet adage n’a été plus vrai. Sur la Honda RC211V du team LCR, il termine sixième de sa première course. Une manche plus tard, au Qatar, il réalise la pôle position. Pour la troisième course, il est déjà deuxième, à deux doigts de gagner.
La signature avec Ducati pour 2007 le fit passer dans une autre galaxie, celle des plus grands de ce sport. Pour sa deuxième année, il s’adjuge dix victoires, cinq pôles positions et le titre de champion du monde à la clé. Rien que ça. Sur une Ducati réputée difficile, rares sont les pilotes à être aussi bestiaux avec une MotoGP entre les jambes, mais aussi cliniques. Avec ce titre, Stoner n’est désormais plus un bon pilote, mais une légende. Sept ans plus tard, personne d’autre n’a réalisé cet exploit sur une Desmosedici.
Dani Pedrosa, qui il y a quelques années dominait largement l’Australien, termine à 125 points derrière. Une progression… impressionnante avez-vous dit ?
Bien que rapide quoi qu’il arrive, le matériel rattrape son talent durant la fin de sa période Ducati. Mais même quand il ne gagne pas le championnat, il se fait remarquer, notamment le samedi. Doté d’une vitesse naturelle ahurissante peu importe la monture, il réalise des saisons exceptionnelles dans ce domaine : il score 9 pôles en 18 courses sur l’exercice 2008, ou encore 12 en 2011, alors passé chez Honda Repsol. Toujours dans un style létal, froid et bouillant à la fois mais d’une précision rare. Stoner enchaînait les tours rapides au fur à mesure que son sang se gelait. À l’heure de la pôle position, dans ses veines coulait de la glace. La RCV212V frappée des numéros 27 et 1 glissait dans tous les virages. Casey maîtrisait parfaitement cet art tout droit venu de son apprentissage en dirt track sur les tracés australiens. Il était fait pour les plus grosses cylindrées, il était fait pour être en tête.
Rossi n’étant pas à l’aise sur Ducati, Stoner, Lorenzo et Pedrosa se disputaient les couronnes mondiales. Après coup, quelle chance avait-on eu de voir trois artistes, de styles et personnalités différentes, s’affronter tous les dimanches ! Si 2012 fut une année galère pour l’australien, laissant le titre à « Por Fuera » et ponctuée par des blessures ainsi qu’une intolérance au lactose récalcitrante, l’exercice 2011 restera à jamais dans l’histoire. 10 victoires et 16 podiums en 17 courses. Parfois, les chiffres expriment ce que les mots ne peuvent, et ces statistiques sont juste folles.
Très réservé, distant du monde des grands prix mais d’une franchise rare, il divisa. Il fut l’un des grand rivaux de Valentino Rossi, sur la piste mais aussi en dehors, car dotés de caractères très différents. Ce passionné de pêche restait très discret en dehors des week-ends de course, pas un grand fan de cette ambiance. Proche de sa famille, il décida de tout arrêter à la fin de l’année 2012, désireux de se tourner vers d’autres horizons. Ce qu’il voulait c’était le pilotage à l’état pur. Moins d’électronique, d’aides en tout genre… Et la direction que prenait le MotoGP ne lui convenait pas.
En six années au plus haut niveau, Stoner à marqué l’histoire à sa manière. De par ses glisses de l’arrière légendaires à son caractère, personne n’a pu rester insensible à l’Australien. Aimé ou détesté, force est de constater qu’il a marqué sa génération et que nous avons été en présence d’un magicien, d’un artiste, avec sa poignée droite en guise de pinceau.