Alors que le MotoGP a fait sa rentrée sur la piste dans ce millésime 2023 en commençant ses trois jours de test à Sepang, Carmelo Ezpeleta, patron du promoteur Dorna, fait le point sur l’avènement de la course sprint sur laquelle il compte pour être un puissant levier pour booster l’intérêt envers son paddock. Il aborde à cette occasion tous les sujets, y compris celui de Carlo Pernat qui veut organiser une fronde à propos des primes à l’arrivée de cette nouvelle compétition et aussi celui d’une nouvelle génération en mal d’amour avec le public…
Carmelo Ezpeleta, à 76 ans, tient les rênes d’un MotoGP qui aborde le virage délicat de son renouvellement d’image et d’intérêt. Il faudra en sortir à pleine vitesse et sur la bonne trajectoire pour que les investisseurs continuent à suivre. Pour réussir, le patron de Dorna a mis le concept de la course sprint à son point de corde. Une sacrée audace puisque c’est un véritable saut dans l’inconnue qui sera répétée sur les 21 rendez-vous au calendrier, sans la moindre expérience préliminaire. Il y aura donc 42 départs cette saison, avec un samedi bien chargé livrant de précieux points dans la course au titre à l’arrivée, avant un dimanche qui désignera le vainqueur du Grand Prix.
Dans cette révolution, Carmelo Ezpeleta avance, calme et droit : « je m’attends à ce que les modifications proposées se passent bien » a-t-il déclaré à AS. « Je comprends les critiques. Toutes les choses que nous avons changées ont toujours été critiquées ». Puis il ajoute : « si nous voyons que cela ne fonctionne pas, nous n’aurons aucun problème à revenir en arrière ». Une mention qui montre toute la difficulté de cette époque à devoir sans cesse de remettre en question sans perdre de vue le pragmatisme. Car il y a ce but impératif à atteindre : « nous devons innover et nous faire aimer ».
Reste que ce nouveau format des Grands Prix a suscité comme des idées de fronde qui ferait à coup sûr une mauvaise publicité. Carmelo Ezpeleta en a certainement conscience, mais il mesure ainsi ce danger formulé notamment par Carlo Pernat à propos des primes à accorder aux pilotes dans cette nouvelle compétition : « c’est un problème de pilotes avec leurs équipes » dit-il. « Quant à Pernat… Carlo est Carlo et je ne peux pas non plus le prendre très au sérieux. Il a mon numéro de téléphone, mais il ne m’appelle pas. Je doute que quelque chose arrive ».
Carmelo Ezpeleta : « il ne tient qu’à nous de rendre à nouveau populaire cette nouvelle génération«
Le message est donc clair, comme celui qui donne la raison pour laquelle la course sprint est au programme de tous les meetings et non de quelques-uns, comme en Formule 1 : « ce qui ne me semblait pas juste, c’était de le faire en seulement trois ou six grands prix, car les autres organisateurs nous auraient demandé pourquoi nous n’avions pas fait les courses de sprint là-bas aussi ». Et il affiche sa conviction qui est aussi son objectif : « le samedi, plus de monde viendra sur les circuits et il y aura une plus grande audience à la télé ».
Certes, mais comment en est-on arrivé là ? Carmelo Ezpeleta l’explique, reconnaissant que l’aura des pilotes de la nouvelle génération n’a pas encore la portée de celle de leurs prestigieux ainés : « je ne pense toujours pas que Pecco Bagnaia soit considéré comme le Champion du Monde qu’il est devenu. Nous venons d’une époque où Valentino Rossi, un pilote extraordinaire et une magnifique personnalité, dominait. Nous avons de très bons gars et ils sortiront. Nous devons leur donner tout ce qu’il faut pour que cette génération devienne plus populaire ».
Il ajoute : « nous devons leur donner tout ce dont ils ont besoin. Il ne tient qu’à nous de rendre à nouveau populaire cette nouvelle génération. Fabio Quartararo est un homme très médiatique et en France, qui est un grand pays, c’est une figure importante, avec pas moins de quatre couvertures du quotidien L’Equipe ». Et il y a aussi ça : « Marc Marquez est un héros, mais il s’est blessé dernièrement et maintenant nous sommes à l’arrêt. La présence de Marc ajoutera évidemment de la valeur à la victoire de celui qui gagne cette année. Si, comme je m’y attends, Marquez est en bon état et que la moto va bien, cette année sera certainement plus difficile pour tout le monde. Beaucoup dépendra aussi de sa moto » termine Carmelo Ezpeleta.