Carmelo Ezpeleta est le patron de Dorna, promoteur des Grands Prix et du WSBK. Des championnats du monde moto dont la raison d’être est de faire des représentations tout autour de la planète. Une spécificité qui est aussi celle d’un coronavirus, pour le plus grand malheur de l’humanité, dont le maître mot devient progressivement le confinement. L’ampleur du phénomène n’est plus seulement un problème d’organisation logistique et de calendrier. Au fut et à mesure qu’il se prolonge et qu’il se propage, il devient une préoccupation économique. L’Espagnol fait face et ne lâchera rien.
« Nous verrons comment et combien de courses doivent
être reportées dans le calendrier, mais il y aura absolument un
championnat du monde de MotoGP. »
C’est avec cette conviction chevillée au corps que
Carmelo Ezpeleta fait face à l’épidémie du
coronavirus qui lui ferme toutes les portes
d’accès à ses troupes. « Aujourd’hui, le début du
Championnat du Monde MotoGP aura lieu le 19 avril en Argentine,
bien qu’il puisse y avoir une surprise
avant… »
Et en effet, le patron de Dorna a raison d’être prudent. Depuis quelques heures, l’Argentine prend des décisions pour se prémunir contre l’épidémie du coronavirus. Et cela passe par l’annulation ou le report de grands événements sportifs qui sont autant de lieux de rassemblement de populations.
Mais chaque chose sera gérée en son temps. Ezpeleta est sur le coup, et il rappelle la situation générale de son paddock, à un moment où l’Italie s’est refermée sur elle-même : « il y a 400 Italiens en MotoGP, donc nous allons retarder les dates autant qu’il est nécessaire. Que dois-je faire sinon ? Dois-je abandonner ? » tonne Carmelo. « À l’heure actuelle, des Italiens s’entraînent en MotoE à Jerez et rien ne se passe. S’il faut, nous courons en hiver. Nous sommes maintenant au pire moment de cette crise, mais il viendra un jour où la situation s’améliorera. »
Une conviction nécessaire, et une tendance vers le mieux que tout le monde doit souhaiter. Sinon… « Si le meilleur moment ne vient pas, le problème ne sera pas les motos et autres sports mais quoi manger. » L’Espagnol parle clairement.
« Il y aura ce dimanche de la F1 en Australie, puis à Bahreïn, à huis clos. Nous ne voulons pas courir sans public, mais si cela devait être fait, ce sera fait. Au Qatar, je pense que cela aurait pu être fait et aussi il n’y aurait eu aucun problème si nous y étions allés deux jours auparavant » analyse-t-il, regrettant ainsi le coup manqué d’un rien.
Sur le Grand Prix d’Espagne, à Jerez, qui est le premier événement européen prévu pour le 3 mai, le PDG de Dorna a déclaré : « j’ai discuté avec le maire de Jerez pour savoir si la manche de WSBK y aura lieu le 29 avril et il a dit oui. Et le Grand Prix aussi. Nous n’allons pas abandonner. » La passion avec laquelle Carmelo défend son championnat comme celle de veiller sur les intérêts de Dorna et de tous ceux qui font partie du paddock est forte : « les équipes MotoGP, comme cela se passe en F1, ne vivent que si nous faisons des courses. La décision facile serait d’arrêter jusqu’à l’année prochaine, mais il y aurait 4 500 personnes dans le paddock qui ne seraient plus payées. »
Une dernière remarque sur AS qui ouvre le débat sur la situation économique du paddock : « les écuries des trois catégories ont été payées du Grand Prix du Qatar, bien que le MotoGP n’y ait pas couru. Pour Austin et la Thaïlande aussi, car ils se dérouleront à une autre date que prévu. Je le ferai tant que je le pourrai. J’ai fait ça toute ma vie et ce qui se passe est la chose la plus grave que j’ai eu à vivre, à part la mort d’un pilote, bien sûr. Nous prévoyons donc de prolonger le championnat jusqu’en décembre si nécessaire. Aux situations exceptionnelles, aux mesures exceptionnelles, à moins qu’elles ne nous disent non, que nous devons arrêter. »
Une issue fatale que personne ne souhaite. Mais la citer, c’est aussi l’avoir à l’esprit, ce qui montre à quel point la conjoncture actuelle est tendue.