Le règlement technique en MotoGP est une des questions qui sont régulièrement soulevées lors des Grands Prix et notamment par les compétiteurs qui ont perdu la bataille de l’aérodynamique pour ne pas l’avoir sérieusement considérée. Le dernier billet Repsol sur le sujet et les prises de position de KTM, appelant carrément à faire table rase pour des raisons de sécurité et d’appréhension du spectacle sur la piste, ont été fortes. D’autant plus que le bannissement annoncé du FRHD à l’horizon 2023 a suscité l’espoir des perdants de se parer de toutes les vertus morales pour imposer un nouveau départ qui les remettrait dans la course. Carmelo Ezpeleta a compris l’idée et il a déjà pris position pour calmer ces ardeurs. Il enfonce encore le clou à la veille du Grand Prix d’Allemagne…
Toujours dans son entretien fleuve sur Motociclismo, et qui fera date, Carmelo Ezpeleta répond point par point aux dernières polémiques qui voudraient ébranler son édifice Dorna, promoteur des Grands Prix. Il a parlé du retrait de Suzuki, a dit ce qu’il pensait des pilotes s’en prenant avec virulence aux commissaires de la FIM, il a dit une moto sur la question des salaires et voilà qu’il éclaire à présent la lanterne de ceux qui voudraient vite changer un règlement qui les met en fond de grille de départ.
Pour eux, après avoir remporté la bataille contre le FRHD, il s’agit de poursuivre l’offensive pour faire tomber les ailerons accusés de tous les maux. L’affaire est sérieuse, surtout lorsqu’un investisseur majeur comme Repsol soutient ce qui s’apparente à un projet de coup d’état après l’action en bande organisée contre le FRHD de Ducati. Alors Carmelo Ezpeleta repose les bases : oui, il y aura des discussions pour un règlement qui contrôle les performances et les coûts. Et ce nouveau règlement arrivera en son temps.
Le patron de Dorna dit ainsi : « on pense déjà à 2027. Parce que d’ici 2026 ce qu’on a signé avec les équipes c’est qu’entre maintenant et 2026 rien ne changera, sauf unanimité. L’unanimité c’est lorsque vous parvenez à un accord avec les six constructeurs et les six équipes privées. Sinon, vous ne changez rien dans la période sur laquelle vous vous êtes engagé s’ils ne sont pas tous d’accord ».
Carmelo Ezpeleta rappelle justement quelques fondamentaux : « vous avez des règles et vous ne pouvez pas les changer en cours de partie. Nous pensons à beaucoup de choses pour l’avenir, nous présenterons quelques idées, nous en discuterons individuellement avec les constructeurs, nous verrons comment est le panorama, mais nous n’avons aucune obligation de ne pas les imposer sauf si les six constructeurs s’y opposent. Ils ont un droit de veto sur ce que nous et la FIM pouvons proposer, pas un droit d’approbation à la majorité ».
Carmelo Ezpeleta : « nous dirons en 2024 ou fin 2024 ce que nous proposons pour 2027«
Carmelo Ezpeleta a son calendrier en tête : « nous dirons en 2024 ou fin 2024 ce que nous proposons pour 2027 ». Et la grande question pour lui n’est pas exactement les ailerons. Mais plutôt l’impératif écologique qui s’est encore rappelé avec la volonté politique européenne de ne plus produire un seul moteur thermique à partir de 2035. Une décision qui ouvre une voie royale à l’électrique, une option qui pose question pour la moto : « nos moteurs sont les moins polluants au monde » rappelle l’Espagnol. « Les constructeurs de Moto3, Moto2 et MotoGP ont atteint une fiabilité, une résistance et des indices d’impact de plus en plus élevés. Ils consomment de moins en moins de litres de carburant et ont de plus en plus de fonctionnalités, et avec l’introduction des biocarburants, ils le seront beaucoup plus. Travaillons là-dessus ».
Ezpeleta conclut avec cet appel au bon sens : « nous regardons les choses avec une approche globale et de protection de la planète, qui inclut la protection des habitants. Nous sommes en Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud… Dites aux 90 millions de motos en Indonésie qu’en 2030 ou 2035 ils doivent avoir 90 millions de motos électriques. Où les chargent-ils ? Nous pensons que l’industrie doit atteindre zéro pollution, car c’est très important pour l’avenir de la planète, et c’est notre travail, mais notre objectif principal pour le moment est de travailler sur des carburants à impact carbone nul ».
