C’est un argument qui remonte du fond de la grille de départ, et qui vient donc des actuels perdants, qui n’a pas échappé à Carmelo Ezpeleta. Un contingent qui construit sa légitimité en se parant de la vertu de protéger ce qui serait la moto de toujours, épurée, avec laquelle les courses seraient plus ouvertes avec des dépassements plus nombreux. Une théorie qui joue de la corde sensible mais que la pratique fragilise. Car actuellement, jamais les écarts entre les concurrents dans un Grand Prix n’a été aussi faibles sur la ligne d’arrivée, tandis que Johann Zarco, Brad Binder, Joan Mir et récemment à Assen Aleix Espargaró ont montré que l’art du dépassement n’était pas en péril. Cependant, le règlement mérite une évolution, pas une révolution. Le grand soir de l’abolition des ailerons et autres artifices n’aura pas lieu, au grand dam de Honda et de KTM…
C’est du moins ce qu’a clairement fait comprendre le patron du promoteur Dorna dans une déclaration repérée sur motorsport-total.com. A ceux qui trouvent les actuelles compétition en MotoGP peu à leur goût, Carmelo Ezpeleta répond : « je ne m’ennuie pas ». Et il ajoute : « le sport est le sport et les circonstances, les gens et la pression font que certaines courses sont plus amusantes que d’autres. Et le meilleur gagne. Il y a des gens qui se plaignent qu’une personne ne gagne pas toujours et d’autres qui se plaignent que la même personne gagne toujours. Peu importe ».
Le règlement actuel étant supposé nuire à un spectacle imaginaire, le même Espagnol rappelle comment il a été établi : « ce sont des règlements techniques qui ont été approuvés par tous les constructeurs pour cette période de cinq ans. Ils ne peuvent être modifiés que si tous les fabricants acceptent le changement ». Voilà pour ceux qui l’auraient oublié en jouant les Cassandre, mais Carmelo Ezpeleta propose une autre voie pour faire suite aux reproches : les pilotes devraient se plaindre auprès de leurs patrons directs, déclare le patron de Dorna qui remet les choses à leur place : « nous avons atteint une situation stable dans le championnat, avec de nombreuses marques gagnantes et toutes compétitives, et avec un règlement qui a été établi en accord avec elles ».
Carmelo Ezpeleta : « un sport de plus en plus sûr et plus viable économiquement, c’est la voie que nous allons emprunter«
Reste que la perfection n’est jamais de ce monde et qu’il convient de réfléchir à une évolution dudit règlement. On y travaille déjà avec l’horizon 2027 pour concrétiser. Les lignes directrices du MotoGP de demain ont été ainsi déterminées : « nous aimerions que la vitesse de pointe soit un peu plus basse. Nous avons déjà des idées » dit Ezpeleta qui précise aussi ce qu’il entend par « vitesse » : « le problème avec la vitesse, ce sont les virages plutôt que la vitesse de pointe en soi. Je ne pense pas que ce soit très différent à 330 km/h ou à 360 parce dans les lignes droites, Dieu merci, il y a très peu d’accidents dans ce cas-là. Je m’inquiète pour la vitesse à laquelle ils passent dans les virages ».
Une dynamique qu’il faut d’autant plus ralentir que lez zones de dégagement des circuits ne sont pas extensibles à l’infini : « c’est pourquoi nous réfléchissons avec nos ingénieurs à la manière dont nous pouvons réduire la vitesse en virage », explique Ezpeleta qui assure : « bien sûr, on veille à ce que les changements n’entraînent pas de coûts excessifs et que le sport continue d’offrir aux constructeurs l’occasion d’expérimenter ».
Carmelo Ezpeleta termine son propos ainsi : « les motos de série ont maintenant aussi des ailerons. Devrions-nous les interdire sur les machines de course ? Il y a des constructeurs qui seront contre les ailerons. La prochaine fois on verra comment on fait, mais pour cette période réglementaire ils se sont mis d’accord sur deux packages aéro par saison. On fait quoi à l’avenir ? Un sport de plus en plus sûr et plus viable économiquement, c’est la voie que nous allons emprunter ». A bon entendeur…
