Cal Crutchlow est ce que l’on appelle une figure du paddock. L’Anglais a toujours la langue bien pendue et en ce sens, Jack Miller est fait du même bois. C’est un pilier du HRC, un appui au mur porteur Marc Márquez car il est le seul à pouvoir aller suffisamment vite sur une RC213V pour en donner les faiblesses que l’Espagnol ne voit pas, les compensant naturellement par son talent… Sur cette expérience, il fait des révélations jusqu’à s’ouvrir sur le cas Jorge Lorenzo, différent du sien lorsqu’il a aussi prématurément quitté Ducati…
A part Marc Márquez, le pilote LCR Cal Crutchlow est le seul encore en fonction en MotoGP à avoir gagné avec une Honda. Il a donc toute légitimité à s’exprimer sur cette RC213V qui a fait tant de mal à Jorge Lorenzo… Dans une interview avec Marieta Evans et relayée par GPOne, il décrit ainsi la bête japonaise : « grâce à mon style de pilotage, je peux donner des informations neutres, j’ai également la capacité de bien comprendre la moto et d’expliquer clairement mes sentiments, ce qui est mieux et ce qui est pire » a-t-il expliqué. « Márquez va incroyablement vite avec n’importe quelle moto, avec n’importe quel pneu que vous lui donnez. Personne n’est comme Marc dans le monde, il y a plus de pilotes comme moi. Si tout le monde était comme lui, tout le monde gagnerait. »
« Au cours de ma première année, il était difficile de comprendre la Honda, même si j’avais fait de bons résultats » se souvient Crutchlow. « Il faut vraiment pousser avec cette moto, il faut la piloter avec agressivité. J’ai mieux compris lors de ma deuxième année, il faut s’adapter à la moto, chacune a son ADN. Nous savons que la Honda est fantastique dans les virages, elle permet de corriger une trajectoire au freinage, elle laisse aussi beaucoup de place au pilote, on a l’impression de pouvoir la contrôler, surtout en fin de course. »
« Jorge est 5 fois champion, il sait piloter une moto »
La deuxième année a donc été bénéfique à l’Anglais. Mais Jorge Lorenzo n’est pas allé jusque-là… « Si Jorge Lorenzo avait continué, il se serait adapté » assure Cal. « Mais les pilotes sont impatients, je peux comprendre la situation dans laquelle Lorenzo s’est retrouvé, il est vainqueur et il a eu du mal à finir dans le top 10. Après les crashs de Barcelone et d’Assen, il ne l’a pas fait. Vous ne pouvez pas lui en vouloir s’il n’a pas piloté comme avant, c’était deux gros accidents. Jorge est 5 fois champion, il sait piloter une moto. »
On se souviendra que Crutchlow a connu aussi son passage éclair chez un constructeur. Il s’agissait de Ducati. Mais le contexte était bien différent : « j’aurais pu être rapide avec cette moto, je n’ai jamais eu de doute. Si vous regardez Dovizioso, lors de sa première année chez Ducati, il avait eu du mal mais il a eu la volonté de l’accepter, je ne l’ai pas fait et j’aurais dû. Mais la raison pour laquelle je suis parti n’était pas parce que je ne pensais pas pouvoir gagner mais parce qu’ils avaient déjà signé un contrat avec un autre pilote pour l’équipe officielle pour l’année suivante. Même si j’étais resté, je n’aurais pas eu de place. Ils avaient décidé pour Dovizioso et Iannone. »
Il termine : « au début, il était difficile de s’adapter à Ducati, il en était ainsi pour moi comme pour Dovi, Lorenzo, Valentino, nous venions tous de Yamaha. Cependant, c’est une expérience qui m’a rendu plus fort en tant que pilote. » Un moment tenté par la retraite et la vie de bon père de famille, Cal Crutchlow sort du confinement avec une motivation retrouvée. Il lui en faudra car Pol Espargaró n’est pas le dernier à lorgner sur son guidon…