Lorsque vous invitez un Cal Crutchlow lors d’un événement, il vaut mieux d’abord s’assurer qu’il est sur la même longueur d’onde que vous. Sinon, vous avez un électron libre et un loup dans la bergerie qui mettra par terre tout votre plan de communication soigneusement élaboré pour la circonstance. C’est ce qui s’est passé en marge d’un Grand Prix du Qatar qui lançait la saison 2018 MotoGP et qui souhaitait aussi marquer le coup sur un sujet sensible pour le sport de haut niveau : la lutte contre le dopage. Les messages et les bonnes intentions ont fusé. Puis Cal Crutchlow est arrivé pour tout torpiller…
D’abord le discours officiel feutré d’un Carmelo Ezpeleta, CEO – Dorna Sports évidemment mobilisé dans la lutte contre le dopage : « la FIM et la Dorna travaillent conjointement sur le sujet depuis quelques années. À vrai dire, c’est un thème très important, surtout pour eux en tant qu’organisateur du Championnat du Monde. Alors que notre sport se développe, l’aspect physique occupe une place de plus en plus prépondérante. Il nous semblait donc essentiel de se sensibiliser les pilotes, quant au bon comportement à avoir sur la piste comme en dehors en matière d’antidopage. »
Le Dr McManus, Directeur Médical – FIM termine : « ce briefing est une excellente opportunité d’interagir avec les pilotes, de les sensibiliser aux risques liés au dopage et de mettre en avant la campagne antidopage menée par la FIM, qui plus est en ce début de saison. Nous sommes agréablement surpris par l’implication des pilotes concernant cette campagne. Nous souhaiterions également adresser un remerciement spécial à la Dorna pour son soutien. »
Les pilotes, de façon symbolique ont matérialisé sur un tableau leur mobilisation. Une belle unité qui s’est consumée lorsque Cal Crutchlow est arrivé et s’est exprimé sur crash.net : « si vous croyez qu’il y a des gens ici, dans le sport majeur de la moto, qui n’essaient pas de transgresser ces règles, alors vous êtes un idiot ». Et il termine : « je pense que la façon dont tout le championnat gère cette question n’est pas bonne. Mais ce que je dis là, je le répète depuis quatre ans déjà ».
Clairement, l’opprobre est lancé. Mais contre qui ? Le pilote LCR ne va pas jusque-là. Mais donne des pistes de réflexion : « il y a des procédures de suivi volontaire mais très peu font l’effort de les mettre en place. Comment savoir si ceux qui ne se font pas suivre sont propres ? Certains ont jusqu’à sept entraîneurs ! Je ne comprends pas. S’ils n’ont rien à se reprocher alors pourquoi ils n’ont pas le courage de dire qu’on peut les contrôler à n’importe quel moment ? »
Il explique aussi les contrôles actuels… « C’est du pipeau ! J’ai été contrôlé une seule fois en 365 jours et jamais après. Puis une seule fois ensuite. Enfin, ces deux dernières années, je n’ai jamais été contrôlé. Jack Miller a été en revanche contrôlé deux fois ces trois dernières années ». Mais quel type de dopage aurait lieu en Grand Prix ? « Il s’agit de se réhydrater plus vite et de contrôler son poids » explique l’Anglais qui termine : « mais cette réunion a été intéressante. J’ai écouté et je n’ai rien appris de ce que je sais déjà ». Fermez le ban !