Le Grand Prix des Amériques 2025 a offert une scène d’anthologie : des pilotes sprintant vers les stands minutes avant le départ, un chaos orchestré par un Marc Marquez au sommet de sa ruse. Ce dimanche au COTA, l’Espagnol a joué les stratèges machiavéliques, transformant une grille humide en échiquier où il a déplacé ses pions avec brio… avant de trébucher en course. Si son plan a forcé un retard de 15 minutes, sa chute au 9e tour a laissé Pecco Bagnaia cueillir la victoire et Alex Márquez s’emparer de la tête du championnat. Mais l’histoire ne s’arrête pas là …
Le Grand Prix des Amériques 2025 a laissé une image saisissante dans l’histoire récente du MotoGP : des pilotes courant vers leurs stands à quelques minutes du départ, dans un ballet improvisé provoqué par une météo capricieuse et un règlement devenu soudainement flou. Au centre de cette confusion, un homme a tiré les ficelles avec une précision presque cynique : Marc Marquez.
Ce que beaucoup ont pris pour une réaction instinctive était en réalité une manœuvre méticuleusement préparée. Le pilote espagnol, jamais avare en ruse stratégique, a joué la montre et les règles pour tenter de forcer un report du départ. Tout a commencé par une discussion avec son équipe, quelques instants avant que les moteurs ne s’échauffent. « Est-ce que Pecco est en pneus pluie ? Et Alex ? » demandait Marquez, tout en ordonnant à ses mécaniciens de préparer la seconde moto avec des pneus slicks. Il savait parfaitement ce qu’il faisait. « Si je vais aux stands et que je change de moto, je partirai dernier, c’est ça ? Pas de pénalité ? Oui, j’en suis sûr », assurait-il.
Il restait trois minutes avant le départ. Marquez a demandé confirmation que la moto était prête, s’est assuré que personne d’autre n’était informé de son plan, puis a quitté calmement la grille pour rejoindre les stands. « J’ai attendu le bon moment. À sept minutes, j’ai demandé à l’équipe. Quand j’ai vu que la pluie s’arrêtait, j’ai su que c’était le moment. Ils m’ont dit que tout était prêt. Alors j’y suis allé », a-t-il raconté à DAZN.
Marc Marquez : « non dire niente a Ducati »
Mais ce qui met le feu au poudre c’est cette phrase isolée par GPOne : « non dire niente a Ducati ». Soit : « ne dis rien à Ducati » …
Ce geste n’était pas un coup de tête. Il était basé sur une lecture précise du règlement. Marquez espérait que plus de dix pilotes le suivraient dans les stands, ce qui, selon la règle introduite après le GP d’Argentine 2018, aurait obligé la direction de course à retarder le départ. Et c’est exactement ce qui s’est produit, ou presque. Neuf pilotes l’ont imité, parmi eux Bagnaia, Di Giannantonio, Mir, Miller et même son frère Alex. La confusion sur la grille était totale. Les mécaniciens couraient, les motos changeaient de place, la sécurité devenait difficile à garantir. La Direction de Course a alors agité le drapeau rouge.
L’opération n’a pas atteint son objectif technique – la barre des onze pilotes n’a pas été franchie – mais elle a fonctionné. La course a été retardée, et les sanctions qui auraient dû tomber ne sont jamais venues. Aucun des pilotes ayant quitté la grille pour changer de moto ne s’est vu infliger la pénalité pourtant prévue dans la clarification du règlement. Ceux qui avaient fait le bon choix initial, comme Ogura, Binder ou Bastianini, ont vu leur avantage stratégique effacé.
Les réactions à cette manœuvre ont été partagées. Bagnaia a salué l’intelligence de Marquez, reconnaissant qu’il avait encore une fois prouvé sa maîtrise des situations complexes. Alex Marquez, lui, est tombé des nues : « je ne savais même pas que c’était possible de faire ça. » Pedro Acosta, plus jeune mais lucide, a simplement suivi le vétéran : « quand c’est flou, fais ce que fait Marc. C’est lui le maître. »
Mais ce week-end qui aurait pu être un chef-d’œuvre stratégique pour Marquez s’est terminé sur une note amère. Après avoir pris la tête de la course avec un rythme impressionnant, il est allé à la faute au neuvième tour, en glissant sur un vibreur encore humide. Il a tenté de repartir, en vain. Sa moto était trop endommagée. Pecco Bagnaia, en embuscade, a hérité de la victoire, sa première de la saison. Alex Márquez, solide et régulier, a terminé deuxième et prend la tête du championnat. Fabio Di Giannantonio complète le podium après une course en solitaire.
La chute de Marquez a également entraîné des conséquences hors-piste. Son sponsor principal, Estrella Galicia, a annoncé le report de sa conférence de presse prévue le 1er avril à Madrid. Officiellement, il s’agit de « changements d’agenda », mais chacun comprend que le pilote préfère éviter les questions sur une course aussi mouvementée.
Le Grand Prix des Amériques 2025 restera donc comme l’un des plus controversés de la saison. Une course où le génie tactique de Marc Marquez a été éclipsé par une chute, mais où sa capacité à bousculer le système et à manipuler le règlement reste intacte. Une fois encore, c’est lui qui a dicté le tempo. Même sans passer le drapeau à damiers.
Course MotoGP GP des Amériques : classement
Classement général MotoGP après Austin :