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On a beaucoup écrit sur la course de Marc Marquez lors du Grand Prix d’Autriche MotoGP, mais on est encore loin d’avoir tout dit…

Une bonne demi-heure avant l’extinction des feux rouges, on a pu apercevoir Marc Marquez rentrer dans son box et s’y faire bousculer par deux de ses mécaniciens portant chacun une jante, un fait suffisamment inhabituel pour susciter l’incompréhension et une mimique de réprobation du champion espagnol.

Sur le moment, ni lui, ni nous n’avons compris ce qui se passait, et encore moins que, effet papillon oblige, les chances de podium du numéro 93, voire plus (on y reviendra), étaient déjà réduites à néant !

En analysant bien les images, on s’aperçoit que le premier mécanicien portait une roue complète, le deuxième seulement une jante. Plus tard, on a appris qu’en contrôlant la pression des pneus dans le box, le staff technique de Marc Márquez s’était aperçu que la valve de la roue avant fuyait légèrement. Aussitôt, ils ont démonté la roue et pris une autre jante pour courir chez Michelin faire monter le seul pneu avant médium neuf qui restait à Marc Márquez sur la nouvelle jante. D’où leur empressement…

Tout fut vite fait et bien fait, y compris d’insister auprès de Marc Márquez de bien faire chauffer son pneu avant dans le tour de chauffe, celui-ci ayant perdu de sa température durant les quelques minutes passées en dehors de sa couverture chauffante, nécessaires au changement de jante. Marc Márquez a bien pris en compte cette recommandation, freinant et accélérant à de nombreuses reprises durant le tour de chauffe.

Cet incident aurait donc pu n’avoir aucune conséquence, mais par manque de chance, il est survenu sur le Red Bull Ring, dont le tracé très « stop and go » nécessite une suspension avant particulièrement dure. Dans ces conditions, comme l’a expliqué Francesco Bagnaia, il est très facile de désenclencher le start device, car il faut à la fois freiner plus fort que d’habitude mais relâcher les freins plus doucement.

« Les suspensions avant sont plus dures, vous devez donc être plus agressif mais en douceur lorsque vous relâchez les freins, et il est donc très facile d’engager et de relâcher au même moment. Et hier, avant la course Sprint, j’ai fait trois fois l’enclenchement, parce que je n’ai pas enclenché trois fois, aujourd’hui deux, et c’est un moment effrayant parce que vous savez que vous n’avez pas beaucoup de temps. Il (Jorge Martin) le fait à chaque fois à sa position sur la grille, et je suis effrayé pour lui à chaque fois (rires). »

Le numéro 93, concentré sur la chauffe de son pneu avant, a donné un dernier coup de frein à l’approche de sa position de départ mais cela a désactivé son start device. Il s’est donc fait piéger, s’en est rendu compte, mais c’était trop tard et il a dû prendre le départ sans son start device enclenché.

Autre fait à prendre éventuellement en compte, Marc Marquez a reçu en Autriche les dernières évolutions de la GP23. On peut le voir avec les palettes de roue avant et, en théorie, cela engloberait aussi le dernier modèle de start device 2023, plus performant mais peut-être d’un maniement légèrement différent. Nous essaierons de le vérifier dès que possible…

La suite, on la connaît, avec une accélération bien moins forte que ses adversaires, le contact avec Franco Morbidelli et l’élargissement au premier virage qui positionnait le pilote Gresini à la 13e place alors qu’il était parti 3e.

Mais Marc Márquez ne serait pas Marc Márquez s’il avait baissé les bras, et au contraire, il a fait une course très impressionnante, remontant jusqu’à la 4e place à seulement 13 seconde du vainqueur Francesco Bagnaia, en réalisant le cinquième meilleur temps en course derrière les trois hommes du podium et Marco Bezzecchi, avec un rythme qui lui aurait largement permis de briguer une des trois marches sans cet incident.

Interrogé sur le bien-fondé d’interdire les start devices avant 2027, l’octuple champion du monde espagnol n’en voit pas de raison et endosse entièrement la responsabilité de l’incident.

« Nous ne pouvons pas interdire un dispositif parce que j’ai fait une erreur. C’est pareil pour tout le monde et dans le passé, d’autres pilotes l’ont également fait. C’est vrai que nous avons maintenant beaucoup de choses à faire sur la moto. Quand certains pilotes arrivent de Moto2, ils disent : « Nous avons énormément de choses à faire. Mais aujourd’hui, avec ce chaos que nous avons eu avec le pneu avant, j’ai fait plus attention à la température du pneu et j’étais moins concentré sur le dispositif avant. Je l’ai enclenché, mais en pensant à la température du pneu avant, je l’ai débrayé à nouveau en mettant de la charge et de la pression pour augmenter la température. C’est comme ça. »

Dernière précision, vous aurez peut-être remarqué que toutes les feuilles d’analyse et classements officiels indiquent qu’il a pris le départ avec un pneu avant médium ayant déjà 22 tours, totalisant ainsi 50 tours à l’arrivée.

Incroyable ? Oui, car ce n’est pas vrai. Simplement, dans la précipitation, le transpondeur de la jante utilisée n’avait pas été remis à zéro, et c’est bien avec un pneu avant médium neuf que Marc Márquez a pris le départ.

Marc Marquez Autriche

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