Nous sommes jeudi et c’est le jour choisi par les commissaires de la FIM pour passer les auditions de six pilotes au sujet des faits qui ont animé le dernier Grand Prix d’Autriche. Des mises au point auront donc lieu avec Aleix Espargaró et Danilo Petrucci, Pol Espararo et Miguel Oliveira, mais ce qui est attendu, c’est surtout la mise en présence entre Johann Zarco et Franco Morbidelli après leur accident en course qui auraient pu transformer Valentino Rossi et Maverick Viñales en dégâts collatéraux. Les deux hommes ont cependant déjà échangé sur ce sujet devenu sensible par l’émotion qu’il a suscité chez le Doctor. Voici la teneur de leurs propos, révélés par le Français…
Johann Zarco a été blessé au scaphoïde droit après ce violent accrochage. Il a été opéré avec succès en Italie, sous le contrôle de Ducati, et il est revenu depuis sur le Red Bull Ring, d’où il espère retrouver sa GP19 pour courir ce qui sera cette fois le Grand Prix de Styrie. « Le plan est d’être ici en Autriche pour voir ce que je ressens. S’ils me déclarent apte et je vais éventuellement essayer. Ayant déjà tourné la semaine dernière, je n’aurais pas besoin de faire toutes les séances. Cela vaut la peine d’y retourner » explique le pilote Avintia.
Mais avant d’aller voir les docteurs, il va devoir parler aux commissaires de la FIM qui ont aussi convoqué Franco Morbidelli au sujet de cet accident maintenant mondialement connu. Un accrochage qui a entraîné une polémique, non pas sur le niveau de sécurité du circuit, qui est pourtant un sujet, mais sur Johann Zarco lui-même. Les commentaires qui ont suivi l’ont identifié comme celui qui était étonnamment dans tous les mauvais coups tandis que Rossi l’a condamné comme celui qui avait fait une erreur impardonnable à ce niveau de la compétition. Quant à son compagnon d’infortune Morbidelli, il avait, dès les premières minutes, désigné comme un quasi-meurtrier.
Les retrouvailles s’annoncent donc tendues. Cependant, il y a eu des échanges en amont qui laissent espérer une sérénité des débats à suivre. Une situation que le Français a ainsi décrite à la Gazzetta dello Sport : « nous avons beaucoup parlé avec Franco mais uniquement via des messages, car il était déjà parti. Nous avons passé une quinzaine de minutes seuls avec Valentino et ce fut une bonne conversation » raconte Johann Zarco.
« Franco Morbidelli s’est excusé pour ses mots »
« Franco s’est excusé d’avoir dit ces mots comme quoi j’étais « demi-tueur », mais après avoir vu la vidéo, il l’a interprétée comme si je l’avais fait exprès pour le bloquer. Je lui ai dit que je ne pourrais jamais penser à faire quelque chose comme ça dans une phase de freinage. Pour moi, après l’avoir dépassé, je ne pouvais pas rester aussi à gauche, au freinage je suis allé un peu large et il a été surpris aussi par la vitesse. On en a aussi parlé avec Valentino, le sillage à près de 300 par heure a aspiré la moto de Franco, comme cela m’est arrivé en Australie en 2018 ». On rappellera à cette occasion que Marquez avait dépassé Zarco à la fin de la ligne droite puis s’est rabattu devant lui, le faisant tomber. On notera aussi les effets confirmés de cette aspiration que Jean Michel Bayle a expliqué ICI.
Revenant sur ce qui s’est passé, il a déclaré : « le moment le plus difficile pour moi a été les secondes après l’accident, lorsque je me suis levé et que je suis allé voir comment allait Franco. Pendant une bonne minute, j’ai été sous le choc, puis quand je suis retourné au box, j’étais inquiet car ma peau brûlait à trois endroits ».
Beaucoup de choses ont été dites à son sujet, même assez lourdes, et Zarco répond : « il est facile de critiquer quelqu’un et d’être très mauvais avec des mots, mais je n’ai pas besoin d’être influencé. Dans la course, vous devez être agressif, mais bloquer quelqu’un à 300 par heure et laisser tomber celui-ci ne l’est pas. Et je n’ai pas fait ça de toute façon. C’était un accident et je me sens malchanceux ». On attend maintenant l’avis des commissaires de la FIM…