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Ce jeudi 18 août 2022, Marc Márquez a exceptionnellement répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Red Bull Ring en prélude au Grand Prix d’Autriche.

Toujours convalescent après sa quatrième opération au bras droit, le pilote Honda n’est pas en Autriche pour rouler, mais pour s’impliquer dans le travail de son équipe. Il fera de même à Misano.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Marc Márquez sans la moindre mise en forme, même si cela est traduit de l’anglais.


Au Mugello, avant que vous partiez, vous avez dit que vous alliez peut-être subir l’opération de la dernière chance. Quel est votre sentiment actuellement ?
Marc Márquez : « Bonjour à tous ! Heureux d’être ici, bien sûr ! Au Mugello, je vous ai bien sûr informé de ma décision et il semble que maintenant tout aille dans la bonne direction mais je sais que cette décision était très importante, car comme je vous l’ai dit, cette décision pouvait mettre fin à ma carrière. Il semble que tout aille dans la bonne direction mais c’est la raison pour laquelle je prends soin, ou les docteurs prennent soin, de toutes les étapes. Nous allons lentement mais sûrement car nous savons à quel point cette convalescence est importante. Mais pour parler franchement, je me sens plutôt bien même si au final mon bras a subi quatre opérations. C’est un bras qui a reçu quatre opérations et nous travaillons bien sûr pour nous adapter de la meilleure façon. Mais au moins, maintenant, il fonctionne d’une façon normale et je fais maintenant des exercices qui étaient impossibles auparavant. Mais j’aurais un examen important la semaine prochaine, un scanner et des rayons X qui permettront de comprendre si je peux augmenter le poids (la force) et dans ce cas quand je pourrai augmenter le poids. Quand je piloterai une moto pour la première fois dans le futur, je comprendrai alors immédiatement à ce moment si cela est suffisant ou pas. Mais pour le moment, nous sommes optimistes car j’augmente la charge de travail chaque semaine et le bras répond bien. »

Dans le communiqué de presse de la HRC, vous avez dit que vous restiez en contact avec votre équipe. Pensez-vous que le HRC a un peu perdu la bonne direction en 2020 ?
« Oui. Vous voyez évidemment que Honda connait un moment difficile cette saison. Pas seulement un pilote, tous les pilotes ! Et quand tous les pilotes connaissent un moment difficile, cela veut dire que le projet n’est pas dans sa meilleure période. Mais il est vrai, comme je l’ai dit au Mugello, j’ai eu l’expérience avec la moto 2020/2021 quand je suis resté longtemps sans venir sur les circuits, et à cette période j’ai trop déconnecté et quand je suis revenu tout était trop nouveau. Donc cette fois, j’essaie de rester beaucoup en contact avec Santi (Hernández) et Stefan Bradl, et en particulier avec mon équipe. Bien sûr, mon frère pilote également une Honda, mais je préfère conserver cette relation serrée avec mon équipe et avec des ingénieurs. Une des raisons pour laquelle je suis ici n’est pas de voir les motos sur la piste, mais de parler avec Honda, de parler avec les ingénieurs. Bien sûr, je ne peux pas décider ce que nous devons faire, mais je veux être impliqué dans le projet, car quand nous sommes dans un moment difficile, tout le monde doit aller dans la même direction. Quand nous sommes dans un moment difficile, il est impossible qu’une personne fasse la différence. Le travail d’équipe est le plus important en ce moment, et c’est ce que nous faisons. »

Concernant votre convalescence, pouvez-vous décrire ce que vous avez fait après l’opération, ce que vous faites maintenant est ce que vous allez faire avant de remonter sur une moto ?
« Après l’opération, je n’ai pas bougé mon bras pendant les cinq ou six premières semaines. Les docteurs, et j’étais complètement d’accord, ont avancé d’une façon conservatrice, d’une façon où ils ont essayé de prendre soin de toutes ces choses, et si nous devions prendre une semaine de plus, c’était mieux que d’être trop optimiste. Donc pendant les six premières semaines, j’étais complètement au repos puis les deux semaines suivantes j’ai commencé à bouger mon bras avec le physio. Puis les quatre dernières semaines, j’ai commencé un peu à travailler avec l’élastique et je commence maintenant à augmenter un peu le poids jusqu’à la semaine prochaine où je serai examiné par les docteurs. Ils décideront alors si je peux pousser davantage ou pas, et s’ils autorisent à pousser plus, ce sera alors le moment où nous ferons un plan et nous comprendrons immédiatement quand je reviendrai. Je ne sais pas. Une chose est l’os, l’autre chose sont tous les muscles. Mais je suis conscient de l’importance de cette réhabilitation et si je dois attendre une semaine de plus, j’attendrai. C’est vrai que quand je me sentirai à 70 ou 80 % et que je sentirais que je peux piloter une MotoGP d’une façon à peu près bonne, je reviendrai, car la meilleure façon de faire la dernière partie de la réhabilitation est d’être sur la moto. Vous ne pouvez pas attendre d’être à 100 % avant de piloter une moto.
Tout reste encore à décider mais nous prenons soin de toutes ces choses. »

De quoi la Honda a-t-elle besoin ?
« C’est une question intéressante. C’est vrai que je n’ai pas essayé les dernières pièces. Je n’ai pas essayé les dernières pièces de la moto mais j’ai piloté au Mugello, la moto était difficile et il était difficile de l’exploiter. Et le problème était important ! Ce n’était pas un petit problème, ce n’était pas « nous perdons un peu ici ». Non, c’était un gros problème ! Mais pour moi, maintenant, le plus important ne concerne pas la moto, mais davantage le projet, dans le domaine de la coordination. Dans ce moment difficile, toutes les informations à l’intérieur de l’équipe sont la chose la plus importante. Les informations doivent être fluides et aller dans la bonne direction, dans tous les domaines, sur tous les aspects. Si les informations se transmettent bien et que toutes les personnes travaillent comme une même équipe, et qu’elles sont en particulier motivées, nous progressons à coup sûr à partir de cette situation. Nous sommes ici pour aider, et en tant que pilote je le ferai à 100 %. J’aiderai l’équipe mais l’objectif est d’essayer de comprendre quelle est la direction pour le projet 2023. »

Dans la vidéo Repsol, vous avez dit que vous deviez changer l’équipe. Pouvez-vous préciser ?
« Oui, je vois ce que vous voulez dire. C’était peut-être un malentendu car nous parlons tout le temps, mais quand j’ai parlé d’équipe, ce n’était pas les personnes. C’est le concept de l’équipe. Nous avons vu que les équipes européennes travaillent d’une façon différente, nous avons vu que Honda travaille beaucoup, plus que jamais pour un pilote : ils travaillent ! Vous ne pouvez pas dire « vous ne faites rien ». Non, ils travaillent ! Mais quand je parle de changer l’équipe, c’est le concept, la coordination, et d’essayer de trouver la direction. Je ne suis pas le gars qui dit « c’est la direction », ou « c’est une autre direction », car Honda est la marque qui a remporté le plus de titres dans le monde. Et je suis ici chez Honda car je crois en eux et je crois que je peux revenir au top avec eux ! Mais il est vrai qu’ils doivent comprendre la façon de bien organiser, car nous avons à chaque fois de plus en plus de courses et moins de tests, et le travail à l’usine devient de plus en plus important par rapport aux circuits. Mais les circuits doivent travailler ensemble avec l’usine. Ce sont donc beaucoup de choses sur lesquelles ils travaillent très dur, et ils sont dans la bonne direction.
Je ne suis pas le gars qui va dire « vous devez organiser l’équipe comme ça ». Non ! Je suis un pilote. Bien sûr, je demande une moto qui soit la meilleure moto en piste. C’est mon objectif et c’est l’objectif de Honda : le Honda HRC est là pour remporter des titres et tous les pilotes qui pilotent pour l’équipe Repsol Honda ont comme objectif de remporter le championnat. Et même si le feeling n’est pas bon, lors de la prochaine pré-saison l’objectif sera de remporter le championnat. C’est l’objectif principal mais il est vrai que maintenant, les esprits sont ouverts et c’est le plus important pour que tout le monde travaille ensemble et dans la même direction. »

Vous parlez comme si Honda avait besoin d’une révolution, comme chez Yamaha où à l’époque Valentino Rossi demandait beaucoup de choses et les Japonais répondaient  » oui, oui, oui  » et rien n’arrivait. Vous pensez que Honda doit avoir une mentalité plus européenne ?
« Je ne veux pas dire « Honda dois travailler comme les Européens ». Non ! Car au final, le style japonais a bien fonctionné durant ces dernières années, et nous avons reporté beaucoup de titres ces dernières années. Mais il est vrai que le monde change, le championnat change. C’est comme quand les jeunes pilotes arrivent : le style de pilotage change et vous devez essayer d’investiguer et de trouver la manière pour progresser et être le meilleur. Dans ce domaine, Honda travaille très dur mais dans un moment difficile il est important de ne pas paniquer. La panique serait le pire ennemi actuellement. Le plus important est donc d’essayer d’analyser la situation, ce qu’ils font bien. Je crois en eux, j’ai une pleine confiance en eux, et j’ai fait opérer mon bras pour revenir au top avec Honda. C’est mon objectif. Mais il est vrai que pour atteindre cet objectif, tout le monde doit trouver la manière et travailler dans la même direction. »

Pensez-vous pouvoir faire une ou deux courses cette année ?
« Il est vrai que mon intention est de faire quelques courses cette année. J’aurai la réponse la semaine prochaine, pour savoir si ce sera possible ou pas. Je ne sais pas (pour Misano) et je ne pense pas car ce sera trop serré, mais j’aurai un examen médical la semaine prochaine. Je ne veux pas dire « je vais faire une course, je vais faire une course, je vais en faire trois », je ne sais pas ! La semaine prochaine, ils vont me dire quelle est la situation de mon os, et si c’est OK je commencerai à travailler. Et quand je me sentirai prêt, je reviendrai, car il est important de préparer 2023. »

Qu’avez-vous demandé à Honda ? Une moto qui travaille avec l’avant, comme celle avec laquelle vous avez gagné beaucoup de titres, ou de continuer dans la même direction que celle actuelle, sur l’arrière ?
« Je veux une moto gagnante (rires) ! Mais peut-être qu’une moto de style Marc Márquez, d’il y a un ou deux ans, peut-être que ça ne fonctionne pas maintenant, car la catégorie change. Avant, la moto était très basse et courte, et maintenant elle devient longue et haute. Donc nous devons comprendre, ils doivent comprendre, car je ne suis pas ingénieur. Je ne dis quels sont nos points faibles et là où je peine le plus, là où nous perdons comparé aux autres motos. Mais ils ont les chiffres et ils sont les ingénieurs, et je crois en mes ingénieurs : s’ils disent qu’ils sont convaincus par certains changements, je les croirai. »

Votre frère va changer de constructeur l’année prochaine et Álex Rins va arriver au HRC. Cela peut-il changer la dynamique de votre frère et que pensez-vous de l’arrivée d’Álex Rins ?
« Álex est mon frère et nous vivons ensemble, mais nous ne mélangeons jamais les idées en ce qui concerne les styles de pilotage les choses techniques. Bien sûr, j’essaie de l’aider et il essaie de m’aider. Par exemple, je suis sûr que dans l’académie de Valentino et ce qu’ils font au ranch, tout le monde s’entraîne ensemble, car c’est une façon de progresser. J’ai de la chance, car mon frère fait la compétition avec moi à un très haut niveau, deux fois champion du monde, et nous nous aidons tous les deux à augmenter notre niveau. Mais quand nous sommes sur les circuits, il a ses secrets avec son équipe et j’ai mes secrets avec mon équipe. L’année prochaine, il aura ses secrets avec Ducati et j’aurai mes secrets avec Honda. Et je ne lui expliquerai pas demain « Honda m’a dit ce que serait le projet », non, car je ne sais pas s’il parlera à Ducati. Mais nous avons une relation très proche afin de travailler ensemble car nous savons que cela nous aide tous les deux.
Et oui, il y aura au moins un nouveau pilote qui sera Álex Rins chez Honda, qui a déjà une longue expérience chez Suzuki et qui est rapide. Nous verrons qui sera mon coéquipier, mais il sera intéressant de voir un nouveau pilote qui vient d’un autre constructeur. »

La dernière opération au bras a été la plus grosse. C’était aussi la plus grande épreuve mentale pour vous ?
« Mentalement, c’est vrai que le pire moment a été avant de prendre la décision de faire l’opération. Après l’opération, j’étais déjà convaincu et optimiste que cela fonctionnerait, mais avant l’opération, prendre la décision de la faire a été le moment le plus dur car j’étais en compétition et j’ai commencé à avoir des doutes : était-ce le bras, ou était-ce la moto, car je suis toujours le meilleur pilote Honda au championnat. Était-ce la moto, était-ce moi ? J’ai essayé de suivre mon instinct et j’ai essayé de suivre ce que je ressentais dans mon corps. J’ai alors compris que c’était le moment mais cela a été le point le plus critique. Avant le Mans et le Mugello, cela a été le moment le plus critique, mais quand j’ai pris la décision, tout est allé dans la bonne direction mentalement car j’étais optimiste. Mais j’ai toujours eu, et même maintenant, des doutes sur ce que sera l’avenir, car maintenant il semble que cela aille bien mais quand on pilotera une MotoGP, on comprendra immédiatement si c’est OK ou pas. »

Après une vingtaine de minutes, une tempête s’est abattue sur le Red Bull Ring et a mis prématurément fin à la conférence de presse car les conditions de sécurité n’étaient plus assurées…

 

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