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La troisième manche de la saison 2023, qui s’est tenue du 14 au 16 avril sur le circuit des Amériques à Austin, fut à l’image des précédentes, riche en péripéties et rebondissements.

À tout seigneur tout honneur, commençons par le héros du week-end Álex Rins.

 

 

Certes, Le tracé texan correspond parfaitement au style du pilote puisqu’il y a gagné dans toutes les catégories, la dernière et la plus significative remontant à 2018 au guidon de la regrettée GSV-R de SUZUKI. Mais son seul attrait pour ce circuit n’explique pas tout. Ce weekend, avec une 2e place dans la course Sprint et la victoire de l’épreuve dominicale, Álex nous a ébloui de son talent et rappelle à son employeur qu’il n’est pas qu’un simple faire-valoir de la marque.

3 clés nous permettent d’apprécier son exploit :
– Tout d’abord, le pilote est novice sur cette machine. Rappelons que nous n’en sommes qu’à la 3e manche de la saison qui en compte 21.
– Second constat majeur, il s’agit d’une victoire réalisée avec la plus que controversée HONDA RC213V, initialement formatée pour le style de Marc Márquez et qui n’a plus gagné depuis 2018 aux mains d’un autre pilote que lui, en l’occurrence Cal Crutchlow, sur le circuit de Termas de Rio Hondo.
– Troisième évidence : On a finalement un peu vite oublié que Rins était un candidat de valeur. Même s’il n’a jamais pu brandir de titre mondial dans les différentes catégories où il a officié, ses apparitions ont toujours été remarquées et remarquables. Vice-champion en Moto3 et Moto2, il est entré par la grande porte en MotoGP chez SUZUKI en qualité de pilote d’usine. Le point d’orgue fut sa troisième place au championnat 2020.

Si Álex est par trop allé à la faute l’année suivante en cumulant de nombreux abandons, il a su calmer ses excès de fougue en 2022 et fait briller sa machine, pourtant promise au retrait en fin de saison avec le retrait officiel de SUZUKI de la compétition.

Cette nouvelle saison chez HONDA au sein du team satellite LCR, en l’absence d’autres perspectives, ressemblait plus à l‘unique option envisageable pour continuer sa carrière. Lucio Cecchinello, manifestement très heureux à la signature du contrat avec Álex, lui manifesta alors fort et clair toute sa foi en cette nouvelle collaboration. Álex le lui rend bien aujourd’hui et c’est un signe fort pour l’avenir. Cette victoire en appellera sûrement d’autres car elle a renforcé sa confiance et ses convictions. Elle ne manquera pas également d’interpeller la HRC, en quête de rédemption, sur la nécessité de l’aider dans ce but.

 

 

Lorsque l’on parle d’Álex Rins, on pense forcément à son ancien coéquipier de chez SUZUKI Joan Mir. Hélas pour lui, la destinée n’est pas tout à fait semblable. Promu coéquipier de Marc Márquez au sein du team officiel Repsol, la mission est d’emblée à haut risque pour l’ancien Champion du monde. Et on peut dire que les craintes se confirment : 11è au Portugal derrière Álex Rins après s’être mis par terre dans la course Sprint la veille, zéro pointé dans les deux épreuves argentine sur chute et blessure, Joan confirme ces mauvaises dispositions au COTA en ratant les qualifications, la Sprint où il est hors des points et la course où il chute.

Autant le dire franchement : Avec une victoire au compteur et le titre 2020 en MotoGP qui aura surtout consacré sa régularité, la carrière de Joan Mir risque d’être un feu de paille s’il n’améliore pas très vite ses résultats. Et tout porte à croire que ses difficultés d’adaptation à la HONDA seront rédhibitoires pour y parvenir.

Que dire d’ailleurs de Takaaki Nakagami ? N’est-ce pas la saison de trop ? L’image même de sa chute où il perd l’avant au bout de la ligne droite est révélatrice. Il semble se réceptionner comme s’il l’attendait, de façon calculée, résigné. La victoire de son nouveau coéquipier ne va surement pas l’aider pour la suite, lui qui n’aura jamais fait mieux qu’une pole en quatre années sans aucun podium…

Évoquons maintenant le cas du champion du monde en titre Francesco Bagnaia. Il aura effectivement connu des hauts et des bas sur cette épreuve américaine. Avec une qualification brillante et une victoire qui ne le fut pas moins dans le format Sprint, Pecco a été rattrapé par ses vieux démons en chutant dimanche alors qu’il était en tête. Il faut dire que Álex Rins lui mettait savamment la pression. Mais le problème n’est-il pas ailleurs ? Quand on voit la réaction de Davide Tardozzi lors de la chute et les précédentes déclarations dans la presse relatives aux attentes de l’usine DUCATI, on se questionne sur la légitimité d’une telle pression en interne au sein du team et son apparente contre productivité. Car enfin, en 2022 et alors qu’il enchaînait les erreurs, Pecco a su redresser la barre seul à force de conviction et d’obstination pour remporter le titre. Sans doute vaudrait-il mieux le laisser respirer et le soutenir plutôt que l’objectiver. En effet, le feu couve sous l’apparente tranquillité de Francesco Bagnaia, et il commet plus d’erreurs qu’il ne performe sous le coup de la colère.

Au sein des teams satellite DUCATI, l’on a vu au sein de la VR46 l’éclosion de Luca Marini qui signe enfin avec talent son premier podium. Marco Bezzecchi, un peu en deçà de son exploit sud américain, conserve néanmoins la tête du championnat, bien aidé il est vrai par la faute de Pecco.

Chez PRIMA PRAMAC, Jorge Martín continue d’enchainer les paradoxes. Compétiteur de talent, il ne semble pourtant pas en mesure de réprimer sa fougue. Chez lui, tout est ON/OFF : Deux motos détruites en qualifications, une brillante seconde place en Sprint, enfin une chute violente dimanche dont l’infortuné Álex Márquez fera d’ailleurs les frais. Autant dire qu’il doit changer de partition s’il veut être un adversaire crédible dans la lutte au titre, objectif qu’il s’est lui-même fixé !

Johann Zarco quant à lui aura été moins flamboyant que lors des deux précédentes épreuves. Vivement la suite.

Chez YAMAHA, Fabio Quartararo, parti le couteau entre les dents, a, malgré un format Sprint raté, obtenu enfin un nouveau podium en terminant troisième du Grand Prix. De très bonne augure pour le rassurer malgré une machine dont il avoue lui-même qu’elle ne lui permettra pas de lutter pour le titre. Il relègue d’ailleurs à nouveau dans l’anonymat Franco Morbidelli qui devait pourtant confirmer son réveil aperçu en Argentine.

Chez APRILIA, Aleix Espargaró et Maverick Viñales furent présents là où on ne les attendait pas : Aleix a réalisé une excellente course Sprint – format qu’il abhorre – où il termine en 4e position puis chute le lendemain lors de la course. Dommage.

Maverick a au contraire raté le format Sprint pour finalement terminer 4è dans la course de dimanche et du coup quatrième au championnat. Bien joué, d’autant qu’il prend clairement l’ascendant sur son « leader » d’écurie !

Chez RNF APRILIA, Miguel Oliveira a confirmé son retour en forme après l’accident de Portimão en terminant 8è de la Sprint et 5e de la course.

En revanche Raúl Fernández, malgré l’engouement affiché par son team manager Razlan Razali lors de son arrivée dans le team, peine définitivement à trouver ses marques dans la catégorie. Il doit très vite mettre en place des solutions s’il veut conserver à l’avenir une légitimité (et une place !) dans la catégorie reine.

Chez KTM, Jack Miller aura été flamboyant mais inégal. Rien d’inquiétant tant sa détermination et sa vélocité impressionnent sur cette machine pourtant réputée rétive.

Brad Binder quant à lui, après un excellent Top 5 dans la Sprint, confondra vitesse et précipitation le lendemain, chutant bêtement en course alors qu’il forçait pour revenir. L’absence de combattants lui aura néanmoins permis d’empocher les 3 points de la 13e mais dernière place attribuée dans ce Grand Prix.

Terminons par GASGAS qui n’aura pas démérité.

Augusto Fernández confirme tout le bien que l’on pensait de lui avec son premier Top 10 : Un peu de baume au cœur pour une équipe qui, bien que provisoirement orpheline de son Top pilote Pol Espargaró, ne ménage jamais ses efforts pour réussir.

Jonas Folger n’est pas à blâmer au vu du niveau de performance atteint dans la catégorie. En effet, bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis sa dernière participation en… 2017 !!!

Rendez-vous le 30 avril prochain à Jerez pour la suite de ce palpitant feuilleton !

 

 

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