Quand on aborde un weekend de Grand Prix, il y a de nombreux éléments qu’il est utile d’avoir en mémoire, parmi lesquels les anciens records, les courses de l’année précédente ou les caractéristiques physiques du circuit.
Pour en savoir un peu plus sur ce dernier point, et aller un peu plus loin que le nombre de virages ou la longueur de la ligne droite, nous avons souhaité interroger des professionnels afin d’essayer de connaître les éléments importants qu’une expérience de plusieurs décennies leurs permet d’avoir directement à l’esprit en arrivant sur un circuit. Cela tombe d’autant mieux que la saison 2020 n’est pas passée par Austin, où le MotoGP pose ses valises ce weekend…
Guy Coulon, le sorcier du team Tech3 KTM Factory Racing, qui a bien voulu répondre à nos interrogations concernant le Circuit des Amériques, à Austin, Texas, USA.
Guy Coulon : « Austin, c’est un circuit un
peu particulier, notamment avec cette montée très raide avant le
virage #1 qui peut aider à se ralentir pour prendre l’épingle qui
tourne vraiment fort.
Mais la vraie
particularité du circuit, ce sont les enchaînements du virage #2 au
virage #8. Là, on n’y freine quasiment pas. Il faut que la moto
rentre et tourne naturellement, juste sur le changement d’assiette,
sans avoir à trop toucher le frein. Ce n’est pas facile à
obtenir.
C’est important de beaucoup travailler là-dessus , car si on
n’est pas bien dans un de ces virages, on est mal dans tous. Il
faut absolument être bien dans cette partie-là, sinon, on est
mort. »
C’est une question de géométrie ?
« Pas tellement. C’est plus une question de centre de
gravité et de réglages des suspensions pour que la moto tourne
assez naturellement sans qu’on ait besoin de la brusquer ou de trop
la ralentir, mais qu’elle rentre quand même. Parce que pour la moto
rentre dans un virage, il faut que l’avant s’enfonce, avec un
abaissement du centre de gravité suffisamment naturel grâce au
transfert de charge. Il faut aussi qu’avant le virage
suivant, elle ait eu le temps, grâce à une légère accélération, de
reprendre sa position d’assiette, puis, juste en recoupant les gaz,
qu’elle reprenne une assiette pour tourner, et ainsi de suite. Et
ça, pendant huit virages.
De toute façon, si on trouve la solution pour les deux premiers
virages, on l’a à peu près pour toute la longueur. Au contraire, si
on ne trouve pas la solution, le pilote est dans l’embarras et ça
lui coûte énormément de temps. »
Donc plutôt un centre de gravité haut et des suspensions
souples ?
« Oui, mais il faut que ça reste compatible avec le reste du
circuit…
Car ça s’oppose avec les endroits où le pilote arrive un peu
vite et doit freiner un peu fort.
Ici, c’est un des circuits qui comprend des parties
antagonistes et, une fois de plus, notre travail est de trouver le
compromis le plus efficace. »