Ce vendredi 8 avril 2022, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis le Circuit des Amériques à Austin au terme de la première journée du Grand Prix des Amériques.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français qui occupe la 8e place du championnat et conclut ce jour avec le meilleur temps au Texas.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).
Johann Zarco : « Heureux ! Heureux car cela a été un bon tour. Pour ce chrono, tout s’est vraiment bien passé. Le matin, j’ai essayé de démarrer le plus vite possible pour trouver immédiatement de bonnes références, mais alors cela n’a pas été facile de faire de bons chronos et de répéter ces tours car j’ai commis beaucoup d’erreurs. Nous avons donc dû régler la moto. L’après-midi, j’ai franchi un bon cap dans le deuxième run et cela a alors été vraiment bien de sentir quelque chose de mieux. Le chrono est alors devenu bien meilleur que lors du run précédant, donc à partir de la j’ai pu continuer à travailler sur ces nouvelles et bonnes sensations, et le chrono a alors seulement demandé un tour. Mais j’ai été surpris de ce chrono car je ne m’attendais pas à faire une amélioration de 1,2 seconde par rapport au deuxième run. Je suis donc heureux et nous verrons demain, car avec le matin frais il devrait y avoir plus d’adhérence, donc une autre possibilité d’améliorer car il est nécessaire de continuer à attaquer et de trouver quelque chose d’encore meilleure, car je pense que les autres ont également beaucoup attaquer. »
As-tu utilisé le front height device pour faire ton
chrono ?
« Oui. Depuis l’Indonésie, je travaille
avec lui pour le développer. Peut-être qu’ici il peut bien
fonctionner car il y a de fortes accélérations, mais nous n’avons
pas la meilleure vitesse de pointe. Mais oui, je suis maintenant
habitué à l’utiliser et quand vous avez les automatismes pour cela,
vous l’utilisez tout le temps. »
Vous dîtes que vous perdez un peu en vitesse de pointe,
comme les autres pilotes qui utilisent la GP22. Avez-vous déjà noté
cela ? Et Jack Miller a dit que la moto était meilleure dans les
flip-flop (Rapides changements d’angle). Est-ce la même chose pour
vous ?
« Je dirais que pour les flip-flop, ce qui
aide le plus est le nouvel asphalte. Vraiment, le secteur 1 est
moins bosselé que l’année dernière, et sur notre moto, quand vous
vous prenez des bosses et que la moto commence à bouger, c’est très
difficile et vous devez beaucoup ralentir pour retrouver la
stabilité. Donc avoir un nouvel asphalte ici, sans bosses, cela
aide vraiment à attaquer sans être trop dérangé. Donc si je dois
dire quelque chose ce serait la plus grande différence, ici à
Austin. Mais nous savons que cette moto 2022 peut avoir un grand
potentiel, car vous ressentez une bonne agilité, même si c’est
parfois difficile à la gérer. »
Êtes-vous un peu utilisé comme pilote d’essai pour les
pilotes officiels chez Pramac ?, Et si oui, appréciez-vous ce rôle
vous préféreriez-vous vous concentrer uniquement sur la performance
?
« Vous devez vous adapter à tout. Avoir
l’opportunité d’essayer de nouvelles choses ou de travailler sur de
nouvelles pièces, c’est l’avantage d’être chez Pramac. C’est la
philosophie de prendre des risques pour essayer de nouvelles
choses, et si cela fonctionne vous avez alors un avantage. Pour la
possibilité de remporter des courses, je pense que toutes les
stratégies fonctionnent : conserver ce qu’on a et travailler
dessus, ou essayer de nouvelles choses mais c’est alors un pari, et
quand ça fonctionne, vous êtes le premier heureux. »
Êtes-vous heureux ?
« Aujourd’hui, oui
(rires) ! Aujourd’hui, oui. »
Pour le ride height device avant, tu es en train de le
tester et si ça fonctionne les autres pilotes Ducati l’utiliseront
?
« Je ne sais pas. On peut tous l’avoir, mais moi
j’ai décidé de continuer parce que ça ne me perturbait pas trop, et
quand je l’ai essayé à Jerez, pour moi cela donnait un avantage. Et
comme après ce sont des petits réglages qu’il faut un peu de temps,
j’ai voulu miser sur ça. Il y a quelques années en arrière, c’était
plus dans les mentalités de garder ce qui fonctionne et de ne pas
trop bouger, mais là, comme j’essaie d’évoluer, j’ai changé cette
philosophie, un peu comme un pari : quand ça va marcher, du coup je
pourrai gagner une ou plusieurs courses grâce à quelque chose en
plus que les autres. Parce que si tu ne comptes que sur ton
pilotage, tout le monde est trop fort ! Du coup maintenant, il faut
aussi compter sur le matos. »
Les pilotes officiels Ducati ne l’utilisent plus depuis
l’Indonésie, c’est ça ?
« Je ne sais pas bien. Des
fois ils le mettent, des fois ils ne le mettent pas. C’est déjà
tellement compliqué de gérer ma performance que je ne sais pas. Je
sais qu’à un moment ils l’avaient enlevé, Mais je ne peux pas
dire. »
Ton tour chrono est déjà très rapide mais on peut
peut-être mettre ça sur le resurfaçage du circuit. Sans vouloir
trop prédire la journée de demain, est-ce seulement un tour chrono
unique ou as-tu déjà commencé à voir quelque chose sur ton rythme
de course ?
« Déjà, d’avoir la capacité de faire
un chrono vraiment rapide… Disons que si le rythme de course est en
2’04, dans la tête il y a la capacité de faire un 2’02.5. Du coup,
le 2’04 va rentrer plus facilement pour le garder en rythme, alors
que si j’étais au maximum en 2’03.5, le 2’04 serait plus dur à
tenir en rythme car tu as moins de marge. Là-dessus, ça va m’aider
pour demain. Aujourd’hui, je n’ai pas vraiment fait du rythme, mais
déjà d’avoir débloqué des choses lors de mon deuxième run en FP2 et
de l’avoir confirmé sur le time attack, c’est positif ! Demain,
c’est encore du time attack le matin, mais selon la situation et
les conditions je peux déjà commencer à intégrer un peu un certain
rythme, parce que ici la piste est tellement grande que si tu ne
chopes pas ça, les 20 tours deviennent compliqués. Là, si j’ai
l’avantage de la vitesse, je vais essayer de conserver ça pour
garder le rythme. En étant rapide demain matin, je serai encore
plus à l’aise pour la FP4 et du coup je pourrais tenter de faire
les 20 tours. Mais déjà, je pense que quand tu as une capacité de
faire une grosse amélioration, du coup avec une seconde et demie
moins vite ton cerveau est programmé. »
Un circuit qui tourne dans le sens inverse des aiguilles
d’une montre, cela nécessite une approche différente ?
« Avec les années, le physique commence à bien tenir. Ici,
c’est un circuit qui fait très mal aux avant-bras. Là, je n’ai pas
mal. Il y a eu l’opération l’an dernier et je suis donc plutôt bien
sur la moto. Mais oui, le côté gauche, épaule et triceps… je sais
que lors des années précédentes j’ai parfois senti une fatigue tout
au long du weekend, parce qu’il y a beaucoup plus de
sollicitations. En fait, c’est beaucoup de freinages. C’est dur à
dire « c’est que droit » ou « que gauche » mais
c’est beaucoup de freinages où tu ralentis de 200 jusqu’à 60 km/h.
C’est là où le corps est vraiment en résistance. Après, dans le
détail, j’ai aussi le tibia qui est beaucoup plus tendu que
d’habitude car il y a aussi beaucoup de rétrogradages. J’ai même dû
monter mon sélecteur pour m’aider à rétrograder. Ça, ça peut être
typique de là et sans doute que pour la course suivante je le
redescendrai un peu. Des petits trucs en détail comme ça, ça peut
être très spécifique du circuit. »
Résultats de la FP2 du Grand Prix des Amériques MotoGP sur le Circuit of the Americas à Austin :
Crédit classement : MotoGP.com