Au soir de la huitième manche qui s’est tenue du 23 au 25 juin dernier sur le circuit d’Assen, Aprilia termine la première partie du championnat avec un bilan pour le moins mitigé.
Tout le monde voyait en la marque de Noale le challenger idéal pour contrer Ducati : Une machine aux performances prometteuses, un nouveau team satellite en complément du Factory, des pilotes au mieux de leurs capacités… Bref tout pour s’illustrer voire gagner un titre, car Aprilia s’en est donné les moyens !
Hélas, dès le premier weekend d’ouverture du championnat rien ne s’est passé comme prévu. Les pilotes ont connu des déboires, graves pour certains, à commencer par Miguel Oliveira dont les essais d’intersaison laissaient pourtant entrevoir le meilleur. Il le prouva d’ailleurs brillamment dès les qualifications en se classant quatrième, puis lors de la fameuse et agitée course Sprint où il termine septième, s’inscrivant d’emblée et provisoirement comme l’un des meilleurs pilotes de la marque.
Puis au début du GP dominical, alors qu’il partait et luttait dans le Top 5, Marc Márquez le faucha avec sa Honda. Assez gravement d’ailleurs, à tel point que l’on craignit un instant des conséquences dramatiques au sortir de la chute, suffisamment néanmoins pour tenir l’infortuné Portugais éloigné des deux manches suivantes. Depuis son retour en Espagne, et subissant encore un nouvel accident du fait de Fabio Quartararo, Miguel forcément diminué peine à retrouver son meilleur niveau.
Aprilia et son team usine RNF n’avaient pas envisagé pareil scénario. Et ce n’est malheureusement pas Lorenzo Savadori, pilote d’essai de la marque aussi talentueux soit-il, qui aura permis, lors de ses weekends de remplacement, d’obtenir des résultats concrets.
Seconde désillusion au sein du team RNF : Raúl Fernández.
Mais où est donc passé le brillant vice-champion du monde Moto2 ? Depuis son arrivée en MotoGP l’année dernière au sein du team Tech3 KTM, l’espagnol n’a jamais fait illusion. Remercié par le constructeur en fin d’année, il a signé chez RNF Aprilia pour se relancer au guidon d’une machine désormais gagnante. On l’attend pourtant toujours aux avant-postes mais Raúl continue à tutoyer le fond de grille.
Nul doute que, si son contrat ne lui garantissait pas une place la saison prochaine, sa carrière en MotoGP se terminerait prématurément. Surprenant pour un pilote dont les exploits en catégories intermédiaires étaient remarquables et remarqués.
Au sein du team Factory, les espoirs sont également déçus : Aleix Espargaró, doyen de l’équipe et fer de lance de la marque l’année dernière, était attendu au tournant. Mais force est de constater qu’il n’y est pas vraiment, faute aux performances de la moto tout d’abord, plus aussi fringante qu’en 2022. Un très léger déficit en vitesse pure, couplée à une fiabilité aléatoire affectent sa sérénité. Maverick Viñales aussi (et surtout) puisqu’il en aura pâti plus que son comparse. Il n’en faut d’ailleurs pas plus pour faire douter l’Espagnol dont le mental reste définitivement la faiblesse.
La motivation des deux pilotes ensuite. Même si elle n’est pas feinte, on peut légitimement douter de celle d’Aleix Espargaró qui envisage clairement la fin de sa carrière à l’issue de son contrat 2024. Aleix a réalisé l’année dernière LA saison qui récompensait sa ténacité et son engagement. Aujourd’hui, et sans pour autant avoir rendu les armes, faire valoir ses droits à la retraite influe sur son mental. Il reste un combattant, pas de doute. Ses performances à Assen où il empoche la troisième place du podium du GP l’illustrent bien. Encore faut-il qu’il donne tout pour partir glorieusement.
Pour sa part, Maverick Viñales continue d’être un point d’interrogation. Son inconstance ne joue pas en sa faveur même s’il reste l’un des grands performers du plateau.
Cela étant, il reste conscient que sa place au sein du team est précieuse, que le team l’est tout autant et que sa machine est un atout en devenir. De plus, sa volonté de vaincre n’est pas feinte et, lorsque toutes les conditions sont réunies, Maverick répond présent.
A l’aube de cette deuxième partie de saison, où rien n’est joué statistiquement, Aprilia est donc attendu au tournant. Il reste encore 12 manches à effectuer donc mathématiquement de nombreux points à obtenir.
Les pilotes délivrent des messages positifs et rassurants pour l’avenir. Qui plus est, ils auront bénéficié d’un break réparateur pour panser leurs plaies : Aleix Espargaró la cheville gauche, Raúl Fernández un syndrome des loges tenace et Miguel Oliveira une épaule encore meurtrie.
Il n’est pas trop tard pour inverser la tendance et récupérer la place de challenger si brillamment trustée par KTM. Rappelons tout de même qu’Aprilia, au regard de ses exploits de l’année dernière, était pressenti pour être le concurrent direct et le plus sérieux face à Ducati. Les Autrichiens les ont coiffés sur le poteau. La marque italienne se doit de laver l’affront !