Johann Zarco nous a fait en Argentine la même qu’au Portugal la semaine dernière, nous laissant cette impression mitigée de déception et d’intense satisfaction synthétisant le tout en relative incompréhension. Car s’il avait su imprimer dès le départ la cadence infernale qu’il a montrée dans le dernier tiers de la course, il aurait été sans nul doute en lutte pour la victoire avec Bezzecchi. Il reconnait lui-même qui lui manque cette combustion spontanée. Un Zarco, ça se préchauffe, et ça donne ce soir un Français troisième du championnat. Il est heureux de son seizième podium en MotoGP et de sa seconde place. Un Poulidor l’habiterait-il ?
Johann Zarco nous a autant enthousiasmé à la fin de ce Grand Prix d’Argentine qu’il nous a inquiété à son entame, où il semblait même faire le deuil d’un top 5. Puis la machine s’est enclenchée, pour une remontée de carrément une seconde au tour sur les deux pilotes en chasse du leader qu’étaient Morbidelli et Alex Marquez. A trois tours du but, il les a avalés sans coup férir, rappelant tellement l’épilogue vécu au Portugal la semaine passée que sa dernière victime portait le même nom : Alex Marquez !
Sur sa prestation à Termas de Rio Hondo, le Français a ainsi commenté : « j’y ai vraiment cru à ce podium parce que je me doutais que j’allais avoir du rythme sur la fin de course. Cette fois, ça a pas séché mais comme la piste accroché énormément, les pneus se sont pas mal usés et un peu comme à Portimao sur la fin, j’ai pu faire une belle différence ». Il ajoute : « sous la pluie je peux faire une différence à partir de la mi-course, mais au début c’est presque le même problème que sur le sec : les autres arrivent à avoir une adhérence sur un certain angle d’entrée et du coup ils arrivent à attaquer et à pouvoir passer sans perdre de temps. Et ça, moi, je suis un peu en en délicatesse parce que j’ai pas mal glissé ».
Après cette édifiante analyse sur ce qui lui manque, il précise : « il a donc fallu se rattraper mais en restant bien zen je me doutais que c’était possible. Cependant, après j’ai vu les autres partir loin, très loin devant, et je me suis dit : « moi je suis 8è, 7è, et là ça va ça être compliqué ». En tout cas pas pour gagner, car je ne voyais même pas le premier… J’étais 5è, il m’en restait 3 devant et je me disais « mais il est où le premier » … Je suis concentré sur les deux et j’ai fait de mon mieux pour les rattraper ».
« Heureusement qu’il n’y avait pas moins de tours parce que c’était tout juste vraiment. Le temps d’avoir Morbidelli et ensuite Alex Marquez ». Il analyse : « sur la fin on voit qu’ils ont du mal à accélérer et moi justement je peux faire vachement plus de mètres, ça bougeait mais ce sont des conditions qui me plaisent et ça fait du bien ».
Johann Zarco : « pour la victoire il faut pouvoir disons être plus à l’aise mieux gérer sa moto sur le début de course«
Au bilan, il est satisfait, et on le serait à moins : « deuxième c’est vraiment extra. C’est un peu mon style et on va réessayer d’améliorer ça pour être meilleur dès le début parce que j’ai vu les premiers chronos de Bezzecchi et il a fait 45.5 au 6e tour. Il a su utiliser le pneu au bon moment et de toute façon tout week-end il a été hyper fort. A la VR46 ils bossent vraiment bien parce que Marini et lui arrivent à bien se tirer vers le haut et ils deviennent vraiment très forts. Du coup respect à lui. C’est un peu le style à la Valentino quoi : des mecs assez grands plutôt maigres mais qui arrivent à piloter des bolides de la plus belle des manières du coup. C’est une belle victoire de sa part ».
Et pour Johann Zarco, elle est pour quand ? « Pour moi, eh bien on prend et on continue d’avancer sur le sec comme sous la pluie il faut réussir à s’améliorer encore. J’ai tendance à glisser je pense peut-être sur le premier tiers de la course. Sur 25 tours, ça fait 7 premiers tours à peu près. Je pense que je devais rouler en 46 quelque chose comme ça et les autres étaient en dessous des 46 et ça fait des dixièmes qu’on perd. Après on est aussi en bagarre, avec l’effet d’aspiration freinage on arrive moins bien à se ralentir tout ça sur le sec comme sous la pluie. Du coup faut faire attention parce que je ne veux pas faire d’erreur surtout quand on sait qu’on peut bien faire ».
Intarissable, il poursuit : « je suis quand même content parce que je suis bien parti, j’ai réussi à bien m’imposer même si, comme j’ai dit, j’ai peut-être perdu quelques places, mais ça s’est quand même très bien passé. Pour la victoire il faut pouvoir disons être plus à l’aise mieux gérer sa moto sur le début de course pour justement ne pas perdre les places quand les autres sont bien, parce que après quand les autres sont moins bien là il y a une différence à faire ».
Sur son bond en avant au championnat, il réagit ainsi : « ah ouais carrément troisième, c’est top et ça, il ne faut pas trop regarder mais clairement, heureusement qu’avec la Sprint Race, quand on se loupe on ne perd pas énormément de points. Après si on a marqué des points au Sprint, en plus des longues courses, il y a moyen de faire un championnat de folie mais là, les 20 points, ben ils font faire un bon classement ». Puis il termine : « c’est le début du championnat du coup faut profiter de ça. Si j’arrive à progresser pour rester dans le top 5, et le plus souvent sur le podium, avec la régularité j’aurais moyen de faire un super championnat ».
Résultats du Prix d’Argentine MotoGP sur le circuit Termas de Río Hondo :
Crédit classement : MotoGP.com