Aleix Espargaró a signé la pole position samedi à l’issue des qualifications du GP d’Argentine, la première pour l’équipe Aprilia depuis son retour dans la catégorie reine en 2015. Pour le pilote espagnol, qui partira pour la deuxième fois de sa carrière depuis le premier emplacement sur la grille en MotoGP (il s’était déjà élancé depuis la pole position en 2014 à Assen), c’est un formidable résultat qui vient récompenser un travail de longue haleine entamé lorsqu’il a rejoint les troupes de Noale, en 2017.
Le numéro 41 s’est exprimé lors de la conférence de presse post-qualifications, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Aleix, vous disputez ce
weekend votre 200e GP. Quelle magnifique façon de célébrer cela
qu’une pole position, la première d’Aprilia en MotoGP. On vous
imagine très fier de ce résultat ?
« Je suis
vraiment très content, et surtout très fier de ce que nous avons
accompli. Vous savez, c’est ma sixième saison chez Aprilia, et je
sais bien d’où nous nous venons et à quel point nous avons souffert
sur ce chemin. Le fait d’avoir démontré, tout du moins en ce qui
concerne aujourd’hui, que notre moto était la plus rapide au monde
est quelque chose qui me rend incontestablement heureux. Je sais
bien qu’il n’y a aucun point en jeu le samedi, il faudra attendre
demain pour cela. Mais pour un pilote, ressentir cette vitesse et
être le plus rapide est toujours quelque chose d’appréciable. Comme
vous l’avez dit, c’est la première pole position d’Aprilia en
MotoGP, donc je tiens à remercier toutes les personnes qui sont
impliquées dans ce projet, que ce soit ici dans le paddock ou à
Noale. »
Vous avez signé la pole
position, mais votre moto semble également détenir le meilleur
rythme de course si on en croit les résultats des FP2, notamment
dans les secteurs 2 et 3. Pensez-vous avoir une bonne chance
dimanche de remporter votre première victoire en MotoGP
?
« La moto fonctionne vraiment très bien ici,
surtout avec le pneu dur à l’avant, qui me permet de freiner bien
tard et de maintenir une bonne vitesse en virage. C’est vrai qu’on
a apparemment un bon rythme de course, mais il faut garder les
pieds sur terre : nous ne sommes que samedi, et ce GP est assez
spécial comme vous le savez, car toutes les séances d’essais libres
sont ramassées sur une seule journée, ce qui va nous donner
énormément de données à analyser dans un laps de temps très court
ce soir. Mais en dehors de cela il est clair que cette pole
position me donne un surplus de confiance. Dimanche, je ferai
simplement de mon mieux dès le premier tour. Notre dégradation des
pneus est bonne, nous avons fait du bon travail lors des FP2 et
notre rythme est bon, donc il faut rester tranquille et simplement
essayer de faire de notre mieux. »
Vous êtes le premier pilote
à réussir à décrocher trois pole positions avec trois constructeurs
différents, est-ce que cela joue également dans votre fierté
personnelle aujourd’hui ?
« C’est vrai que je suis
satisfait. Pour un pilote c’est toujours bien d’être rapide le
samedi, car les sensations que vous avez à ce moment-là sont
toujours spéciales, c’est toujours sympa de ressentir l’adrénaline
et la vitesse. J’espère néanmoins pouvoir faire un bon résultat
demain. Je suis surtout content pour Aprilia. Quand vous arrivez
dans le garage et que vous voyez les visages réjouis de tout le
monde, c’est juste génial. Cela fait six ans que je travaille sur
ce projet, et ces petits moments de joie sont vraiment
appréciables. Cela fait longtemps que je travaille avec eux, et je
peux dire que l’équipe est un peu comme une seconde famille pour
moi. Voir tout le monde heureux me réjouit. Je dois dire aussi que
tout le monde dans le paddock est très content pour nous : les
autres équipes ou bien encore les journalistes, qui viennent tous
nous féliciter. C’est quelque chose qui rend vraiment heureux et
fier. Mais encore une fois, nous ne sommes que samedi. »
L’Aprilia de cette année
s’est montrée dans le coup sitôt son premier tour de piste en
février. Peut-on dire qu’il s’agit là de la meilleure machine que
vous ayez eue entre les mains depuis longtemps ?
«
Au Qatar je m’étais déjà senti très bien, mais j’avais eu une
petite baisse de rythme en milieu de course et cela m’avait coûté
le podium. Même chose en Indonésie où je pense que j’avais le
potentiel pour me battre pour le podium, et c’est de nouveau le cas
ici. J’ai donc la sensation en mon for intérieur que si nous ne
faisons pas de grosses erreurs durant la saison, alors nous allons
pouvoir marquer vraiment beaucoup de points. Je ne souhaite pas
pour autant parler de podiums ou de titres, mais si nous ne faisons
aucune erreur d’ici la fin du championnat, alors nous pourrons
viser le top 5. Tout cela est clairement dû aux progrès réalisés
sur la moto, qui nous permettent d’être rapides et réguliers sur
toutes les pistes. »
On vous a vu très confiant
aujourd’hui, même sur les images où vous étiez dans le garage.
Pensez-vous que vous pilotez mieux que jamais ?
«
La confiance n’est pas quelque chose qui se décrète, c’est
quelque chose que vous devez construire course après course. Mais
c’est vrai qu’après les FP2 j’étais vraiment en confiance, et j’ai
réussi à transposer cela sur la piste, car dès mon premier tour
lancé je me suis retrouvé en 1’38.1. Cela signifie que le niveau de
confiance que je détiens avec cette RS-GP est élevé. Je me sens
bien, et j’ai la sensation d’être effectivement compétitif. Je ne
pense pas devoir analyser énormément les données pour la course,
car nous n’avons eu qu’une seule journée d’essais au final. Cela
dit j’ai tout de même réussi à faire 14 tours dans la fenêtre basse
des 1’39, ce qui en soi est un très bon rythme. »
Vous ne souhaitez pas parler
de podium pour la course. Mais quelle est selon vous la plus
importante menace qui puisse vous empêcher de finir dans le top 3
?
« L’idée sera déjà d’éviter tout problème au
départ. Je pense que peu de pilotes détiennent un rythme rapide,
donc si nous parvenons à imprimer une grosse cadence dès le début
cela ne peut être que bénéfique pour nous. C’est ce que je vais
essayer de faire : attaquer dès le premier virage. »
Nous avons vu certains
comportements pour le moins étranges en piste ce samedi [Pecco
Bagnaia ralentissant en pleine ligne droite de départ/arrivée, Jack
Miller ne s’écartant pas de la trajectoire lorsque Fabio Quartararo
était dans un tour lancé, etc]. Quel est votre avis là-dessus
?
« Aujourd’hui je veux vraiment profiter [de ma
pole position]. Il est clair que ces choses n’étaient pas vraiment
géniales. Tout le monde a pu voir ce qu’il s’est passé, et ce n’est
pas bien de voir cela en MotoGP. Je ne veux défendre personne, mais
il faut bien dire aussi qu’aujourd’hui n’a pas été une journée
facile pour les pilotes. Il y a eu beaucoup de tension, notamment
du fait que toutes les séances d’essais aient été condensées sur
une seule journée. J’espère donc que nous ne reverrons plus cela à
l’avenir, mais il faut bien dire qu’aujourd’hui ce ne fut facile
pour personne. »
Nous parlons de votre pole
position, mais il ne faut pas perdre de vue que Maverick Viñales a
pour sa part obtenu la cinquième place. Est-ce un autre signe
qu’Aprilia peut se battre pour le championnat cette année
?
« C’est un bon résultat d’ensemble, non
seulement pour les positions en tant que telles, mais aussi pour
les chronos que nous avons pu effectuer. Maverick a été fort toute
la journée, même s’il m’a confié qu’il avait rencontré des
problèmes de grip lors des qualifications. Mais c’est la première
fois qu’il évolue sur cette piste avec Aprilia, et par conséquent
décrocher la cinquième place est vraiment remarquable pour lui. Je
pense qu’Aprilia a un bon duo de pilotes cette année, et la moto
est vraiment au niveau, donc les résultats arrivent. »