Gigi Dall’Igna est un patron de la compétition d’une marque Ducati qui a de nouveau montré lors du dernier Grand Prix en Aragon qu’elle dominait de la tête et des épaules le MotoGP. Non seulement ses motos sont au-dessus du lot, mais, en plus, deux authentiques champions italiens se révèlent à leur guidon, promettant des lendemains qui chantent, car ils seront équipiers dans le team usine à partir de 2023. Pour autant, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour celui dont la barbichette blanchit plus vite depuis Misano… Ils ont été séparés de 34 millièmes au profit de Bagnaia à Misano et, pour 42 millièmes, c’est Bastianini qui a arraché le morceau en Aragon. Pendant ce temps, les points se partagent au championnat…
Depuis cette course en Aragon, l’épineuse question de la consigne d’équipe au sein du clan Ducati voulant que Pecco Bagnaia soit aidé par les sept autres Desmosedici du plateau semble être réglée : il n’y en a aucune. Fabio Quartararo peut donc être rassuré : le sport garde tous ses droits. Pour le moment. Pecco Bagnaia n’a reçu aucun traitement de faveur de la part d’Enea Bastianini dans une quinzième manche du championnat où il a fondu sur le Champion du Monde en titre et leader au général en lui reprenant 20 points. Mais cinq de plus auraient comblé son patron de proximité Gigi Dall’Igna qui ne quitte donc la région d’Alcañiz que simplement satisfait.
Mais il n’en veut pas pour autant à Enea Bastianini, que la abstraites mathématiques identifient toujours comme un Champion du Monde potentiel au terme de cette saison, avec ses 48 longueurs de retard à cinq joutes du coup de sifflet final. Car Gigi Dall’Igna a cette philosophie qu’il a su sans doute expliquer à son grand patron Claudio Domenicali qui a déjà déclaré qu’il était plutôt un partisan de la discipline dans les rangs… « Je le répète toujours, les pilotes sont mes principaux collaborateurs et il faut toujours demander aux collaborateurs des choses qu’ils peuvent accepter de faire ».
Une noble approche qui se décline ici de la manière suivante : « je ne pense pas que le moment soit encore venu de faire certains choix. Probablement plus tard s’il y avait un besoin. Je pense qu’il faut le faire. Mais je pense qu’Enea a fait une belle course et il mérite cette victoire ». On respecte donc les pilotes qui doivent comprendre plutôt qu’aveuglément obéir. Mais Dall’Igna n’est pas naïf : « deux pilotes qui se battent jusqu’au bout créent toujours de l’appréhension, mais je dis la vérité et je répète qu’ils étaient libres de se battre. Ensuite, il est sûr que j’aurais préféré que Pecco gagne, je ne suis pas un crétin, mais il faut être sportif « .
Gigi Dall’Igna : « je ne suis pas un crétin, mais il faut être sportif »
C’est beau, mais c’est aussi risqué, ce qui donne des sueurs froides dans les stands de la marque : « je dois dire qu’ils ont donné un spectacle » commente diplomatiquement Dall’Igna sur GPOne. « Enea semblait plus en difficulté avec l’arrière, mais malgré tout il a fait un grand dépassement ». Et il le reconnait : « clairement, il aurait été préférable de ramener à la maison cinq points de plus pour le titre pilotes. Mais je pense que c’était une belle journée pour Ducati, nous avons récupéré vingt points sur Quartararo, avec maintenant 5 courses à faire et 10 points à reprendre. Je suis satisfait et content de la performance de mes pilotes et de nos motos ».
L’abandon sur chute et donc le résultat blanc de Fabio Quartararo fait passer la pilule chez les rouges d’un nouveau duel fratricide en Aragon. Au vu du scenario, le Français a autant perdu 20 unités qu’il en a sauvé 5 dans son naufrage acté dès le troisième virage du premier tour. L’heure des comptes n’ayant pas encore sonné, Ducati peut légitimement fêter son troisième titre constructeur consécutif acquis en Aragon, et d’un classement du Grand Prix qui révèle sept de ses machines dans le top 10. Tout ça, en laissant faire ses pilotes sur la piste…
MotoGP Aragon J3 : classement
Crédit classement motogp.com
