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Ce dimanche 12 septembre 2021, Pecco Bagnaia a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Motorland Aragón, au terme du Grand Prix MotoGP de Aragón.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote italien, qui après plusieurs désillusions est enfin parvenu à arracher sa première victoire en MotoGP après un duel épique face à Marc Márquez.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Pecco Bagnaia sans la moindre mise en forme.


 

Pecco, vous avez enfin réussi à décrocher votre première victoire après avoir supporté la pression de Marc Márquez pendant la quasi-totalité de la course. On imagine que c’est un jour spécial pour vous…

« C’est clair que cela n’a pas été facile, et pour tout dire avec ces conditions encore plus chaudes que durant tout le reste du weekend, je n’imaginais pas un tel rythme de course. Mais quand j’ai pris le départ je savais que j’avais un bon rythme et qu’il n’y avait que Marc qui pouvait éventuellement me battre sur ce terrain de jeu. »

« Au début j’ai réussi à creuser l’écart et j’ai continué à attaquer et je pense qu’au final nous avons eu un rythme incroyable. Je pense que Marc a surtout essayé de me passer dans la dernière portion du circuit, car avant celle-ci cela n’avait pas un grand intérêt [Bagnaia pouvant tirer profit du surplus de puissance de sa Ducati pour reprendre quasi instantanément l’avantage sur l’Espagnol]. »

« Je me suis en effet rendu compte qu’il essayait de me dépasser en des endroits où j’étais fort en sortie de virage. Lors de la dernière partie de la course je commençais à manquer de grip mais j’ai quand même continué à réussir à décroiser. Lors du dernier tour, quand j’ai vu son gros freinage dans le virage 12 pour tenter de me dépasser j’étais sûr qu’il allait partir large, et par la suite j’ai simplement essayé de rester sur les trajectoires les plus propres pour aller arracher la victoire. »

« Je dois dire que je ne m’attendais pas à être si fort sur cette piste car l’an dernier j’avais rencontré beaucoup de difficultés ici, et là à partir des FP1 j’ai arrêté de toucher à la moto car tout était parfait. Je suis vraiment heureux de cette victoire aujourd’hui. »

« Dès les FP1 j’ai arrêté de toucher à la moto car tout était parfait »

 

Cette victoire est un poids en moins sur vos épaules, car vous avez été à plusieurs reprises très proche de gagner par le passé. Quelles sont vos émotions alors que vous venez enfin d’atteindre votre objectif ?

« Je pense que chaque pilote a besoin de plus ou moins de temps. J’ai rencontré pas mal de difficultés au cours de la première année, si on met de côté Phillip Island [en 2019]. Ensuite ma deuxième saison a plutôt bien débuté, mais il m’arrivait parfois de ne pas être très rapide. »

 

« Cette saison enfin, j’ai été la plupart du temps rapide mais sans avoir pour autant l’occasion d’aller chercher la victoire, car à Portimão en raison des drapeaux jaunes au cours des qualifications j’ai peut-être perdu l’occasion de m’imposer. Au Mugello, j’ai chuté dès le début de course et c’était de ma faute. »

« Il m’avait donc toujours manqué quelque chose jusqu’ici, mais ce weekend nous avons travaillé de façon parfaite. Ce sera d’ailleurs difficile de reproduire un weekend comme celui-ci, car il ne faudrait même plus toucher à la moto à la limite ! Je vais tout de même essayer de l’emporter de nouveau lors de la prochaine manche, à Misano, sur un circuit que j’apprécie. Mais ce qui est sûr, c’est qu’après deux saisons passées en MotoGP, le fait de remporter comme cela une première victoire pour le compte de l’équipe d’usine, c’est une grande émotion pour moi. »

Quel a été votre premier sentiment quand vous avez vu le drapeau à damier et que vous avez compris que la victoire était votre ?

« La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est de me dire que c’était enfin fini. Ce fut une course vraiment longue, notamment en raison des conditions très chaudes, et les pneus se dégradaient davantage que d’habitude. Mais je pense que toutes les fois où la victoire m’a filé entre les doigts m’ont permis de trouver un second souffle pour remporter cette course. »

« Toutes les occasions manquées jusqu’ici m’ont permis de trouver un second souffle »

 

Pensez-vous que l’aspect psychologique a joué dans la contreperformance de Fabio Quartararo aujourd’hui, et qu’un tel résultat pourrait de nouveau se produire lors de la prochaine manche à Misano, à plus forte raison si la pluie est de la partie ?

« J’essaie juste de rester concentré sur moi-même, et de passer le plus de temps possible aux avant-postes lors de chaque weekend. Je ne veux pas penser à Fabio. J’ai 53 points de retard, et tout ce que je peux faire c’est essayer de finir devant lui. 53 points, c’est beaucoup, et cela ne va pas être facile de remonter tout cela. Mais notre volonté de gagner est très grande, et cette victoire me donne un surplus de motivation pour les prochaines courses. »

 

 

Comment avez-vous soutenu la pression de Marc ? On a pu remarquer que lorsqu’il a commencé à porter des attaques, paradoxalement votre rythme cardiaque avait tendance à …baisser !

« Je pense que j’étais dans la meilleure position possible, car quand vous vous battez sur une piste telle que celle-ci où le niveau de grip n’est pas très élevé en fin de parcours, alors il est plus simple de se défendre, pour la simple et bonne raison que chaque manœuvre est plus risquée pour l’attaquant dans le sens où il peut plus facilement partir large. »

« J’avais la conviction que Marc allait en effet essayer de me doubler dans la dernière partie de la course, car dans la première c’était tout simplement inutile en raison notamment de l’aspiration. Mais lorsqu’il a commencé à porter ses attaques je savais que j’étais très fort sur les freins et qu’il ne lui serait pas facile de me passer. »

« Quand il essayait de me passer il partait tout le temps large, car en effet le pneu arrière n’aidait pas du tout à ralentir la moto. J’étais donc dans la meilleure position possible pour me défendre, et je pense que si c’était moi qui avais été derrière, j’aurais rencontré autant de problèmes pour dépasser. »

Quel conseil vous a donné Christian Gabarini [l’ingénieur de piste de Pecco Bagnaia] avant la course ?

« Il me dit toujours la même chose : Bien faire attention aux freins, au carburant, et à chaque fois je lui réponds que je sais ce que je dois faire. »

Après les qualifications, une grosse usure des pneus était attendue en fin de course. Cette dégradation a-t-elle été si spectaculaire que cela ?

« Sur certaines pistes il est plus difficile d’être régulier lorsque cette dégradation se fait ressentir. Mais sur celle-ci je dois dire que cela s’est mieux passé pour nous, et pour tout le plateau en général, car sitôt qu’on relevait la moto, le grip était toujours là. Nous avions un type de pneu qui était plutôt facile à contrôler. »

 

Valentino Rossi avait déclaré hier que c’était votre jour pour l’emporter. A quel point ces paroles ont été importantes pour vous au moment d’entrer en piste ?

« Je dois dire que dans un premier temps cela m’a rendu encore plus nerveux ! Mais par la suite j’ai été plutôt calme durant l’après-midi et la soirée, car j’avais la conviction que mon rythme était bon, que nous avions bien travaillé, et que nous avions une vraie chance de l’emporter. Je pensais certes que Marc était le pilote qui avait le meilleur rythme, mais je savais également que notre propre rythme était suffisamment bon pour rester avec lui. »

« J’avais la conviction que nous avions une chance de l’emporter »

 

Márquez a déclaré que le duel du jour a ressemblé à l’un de ceux qu’il a pu mener face à Dovizioso, à la différence près que vous aviez aujourd’hui bien plus de vitesse en virage. Il est vrai que sur les écrans cela nous a rappeler les classiques batailles entre Honda et Ducati. Est-ce que c’est également ce que vous avez ressenti ?

« Je n’avais jamais eu de duel avec une Honda par le passé, je ne peux donc pas faire de comparaison ! Tout ce que je peux dire, c’est que notre moto est très forte au freinage, alors que la Honda est, quant à elle, très forte en entrée de virage. Aujourd’hui j’étais un peu à la limite avec l’avant de ma machine. La seule chose que j’avais à l’esprit c’était de ne pas le laisser ne serait-ce qu’un virage devant moi, car avec ces pneus usés c’était bien plus difficile de doubler. »

Il semble que vous n’ayez fait aucune erreur de toute la course, comme un robot. Quel a été le processus mental pour parvenir à une telle régularité ?

« Je pense que j’ai fait quatre erreurs durant la course : Deux dans le virage 7, et deux dans le virage 8, le tout quand le niveau de grip a commencé à diminuer. Ce n’était pas de grosses erreurs, je suis juste parti un peu large. Lors des FP4 hier j’ai couvert 16 tours et j’ai beaucoup travaillé là-dessus. Nous étions donc préparés à évoluer devant sans aucun point de repère devant nous. »

 

Aragón n’a jamais été une piste réellement favorable aux Ducati. A quel point le fait de battre Márquez ici est-il important, sachant qu’à l’inverse il s’agit de l’un de ses tracés favoris ?

« En 2019 cela n’avait pas été trop mal, et l’an dernier cela a été un désastre ici pour Ducati, mais c’était sans doute lié aux conditions météo qui étaient très fraîches. Je me souviens avoir rencontré de gros problèmes pour bien faire chauffer le pneu avant. Cette année, avec les températures que nous avons eues, cette piste ne nous a pas posé de problème. »

« J’ai eu cette bataille avec Marc, qui est toujours très fort sur cette piste. Gagner une course avec un bon écart par rapport à son plus proche adversaire est toujours quelque chose d’appréciable, mais ça l’est encore plus après une grosse bataille. Je n’ai jamais remporté de course de cette façon, car en 2018 lorsque j’ai remporté le titre en Moto2 je n’ai souvenir que d’un duel avec Miguel Oliveira, c’était en Autriche. Ce n’est donc que la deuxième victoire que j’obtiens après une telle lutte. »

C’est votre premier succès en MotoGP, mais aussi la 250e d’un pilote italien dans la catégorie. C’est aussi la première victoire de Ducati ici depuis celle de Casey Stoner il y a 11 ans [lors de la toute première course MotoGP disputée en Aragón]. Quelle est donc la statistique qui vous touche le plus ?

« Ce qui me touche le plus c’est clairement qu’il s’agit de ma première victoire en MotoGP ! »

 

Classement du Grand Prix d’Aragón MotoGP :

 

Classement du championnat du monde des pilotes

Aragon

Crédit classement : MotoGP.com

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