En ce samedi 17 octobre, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit de Motorland Aragón au terme de la deuxième journée du Grand Prix d’Aragon.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si la première partie est traduite de l’anglais (vouvoiement).
Johann Zarco : « Un samedi dur, car depuis ce matin, mais cela avait déjà commencé hier avec la chute l’après-midi, j’ai perdu beaucoup de confiance, et cela ne m’a pas aidé aujourd’hui pour vraiment faire un bon travail. Le matin, il était possible d’améliorer mais j’étais trop soucieux de ne pas chuter à nouveau, donc au final il a été impossible de bien faire. L’après-midi, je ne suis pas trop déçu de la qualification car c’est simplement le résultat de ce manque de confiance, mais le chrono a été correct. À partir de ça, je vais essayer de reconstruire la confiance demain après-midi. Il y a clairement une énorme différence entre le matin et l’après-midi, et je peux attaquer à nouveau l’après-midi et retrouver du feeling. Donc nous verrons bien demain, et avec un bon départ nous pouvons souhaiter une bonne course. Je croise vraiment les doigts pour ça. Nous travaillons et c’est peut-être un bon endroit pour mieux voir nos points faibles, soit sur la moto soit sur moi. À cet égard, nous avons deux semaines pour progresser et je pense cela nous aidera également pour les prochaines courses. »
Cela vous prend-t-il habituellement du temps pour retrouver la confiance après une chute, ou est-ce spécifique à celle-là ?
« C’est spécifique à celle d’hier car durant la chute j’ai beaucoup roulé dans le gravier et mon cou était douloureux. Donc quand vous ne pouvez pas bien bouger, même si j’ai un bon chiropracteur avec moi, cela ne vous aide pas à attaquer. Et par-dessus tout parce que c’était durant l’après-midi et que les températures n’étaient pas mauvaises hier. Or, j’ai chuté, simplement à cause d’un manque de température, donc vous ne savez pas quoi faire car je n’ai pas commis d’erreur et je n’avais pas pris trop d’angle. C’était juste un tout petit peu plus rapide, ce qui est normal si vous voulez progresser, et j’ai chuté. C’est pourquoi celle-là m’a vraiment stoppé. »
Hier, vous avez dit que vous étiez ouvert pour aider un autre pilote Ducati. Cela n’a pas été nécessaire et c’est un peu une culture qui n’est guère présente en MotoGP. Mais l’an prochain, pourriez-vous demander au team de donner des consignes, si cela était nécessaire ?
« Pour lui, il lui a seulement manqué un dixième pour passer en Q2. Petrucci a clairement fait un bon chrono et il se bat pour lui-même. Moi, j’ai bien fait le travail car je suis resté toute la journée en bas du classement, donc je me protège (ndlr : à ce moment, Johann part dans une sorte de fou rire). C’était peut-être comme ma stratégie du matin, où je me suis dit « je n’ai aucune chance d’améliorer, donc je je vais rester au box » (rires). »
Quel est le plan pour demain en ce qui concerne les pneus ?
« Peut-être que l’avant médium peut fonctionner si les températures sont plus élevées, car il semble que demain sera peut-être le meilleur jour du weekend dans l’après-midi. Dans ce cas, l’avant médium peut être très bien. Même si je ne l’ai pas essayé, nous connaissons ce pneu, mais comme je manque de confiance pour le moment, nous allons partir en soft/soft, puis cela dépendra des températures l’après-midi. »
Comment se comporte la Ducati sur ce circuit, avec un peu plus de température ?
« Moi j’ai toujours eu beaucoup de mal sur ce circuit. Márquez a toujours survolé les débats ici et ce que je dois bosser sur la Ducati, et ce qui n’est pas mon point fort, c’est de vraiment forcer sur le frein avant, freiner avec beaucoup d’angle. Je comprends donc pourquoi j’ai toujours eu du mal ici, parce que tu as beaucoup de virages dans ce genre là, et tu es presque obligé de tout faire comme ça ici. Quand la température augmente, je peux mieux travailler ça, mais quand il y a moins de température, même si c’est mon point faible, je ne peux carrément pas le faire parce que la moto ne réagit pas du tout et c’est donc souvent la chute. Et là, tu perds confiance. Mais dès que la température monte, tu sens que tu peux le faire, et à ce moment-là je me retrouve dans ma zone de compréhension pour exploiter au mieux la moto. Je pense que ça reste un circuit où le moteur peut aider, et en course c’est un avantage, et j’espère que Dovi va faire une belle remontée pour que je puisse un peu suivre cet élan pour accrocher le groupe dans les 10 premiers. »
Techniquement, vous avez un peu une idée de pourquoi la Ducati est plus en difficulté que les autres ?
« Non. Peut-être que Ducati, oui, mais moi je ne cherche pas trop à vouloir savoir techniquement, parce que sinon ça fait des infos en plus. Donc j’ai du mal à savoir pourquoi mais je pense que eux ont quand même leur idée. C’est une moto où si tu ne fais pas bien travailler son train avant… Ça reste son point fort : Si tu le fais bien bosser, tu t’éclates, mais dès que tu sors de cette zone, tu peux le faire travailler, tu as encore plus de problèmes parce que tu ne peux pas compenser ailleurs. Sauf dans la ligne droite, mais un moment, pour être bien dans la ligne droite il faut quand même bien sortir du virage est bien le préparer. Je ne peux l’analyser que comme ça, avec des années d’expérience. »
Comment perçois-tu le désordre actuel et les résultats en dents de scie chez Ducati ?
« J’essaie de le prendre presque comme une leçon pour l’an prochain, pour être beaucoup plus fort et ne pas subir un peu ces aléas liés aux conditions. Moins les subir, suivant les changements de piste. Il faut montrer qu’avec cette attaque que j’ai envie de mettre, on peut être performant même quand c’est difficile, et être très performant quand tout matche. Donc je me projette ça en tête, et grâce à mon expérience, même si Dovizioso l’a, de peut-être pouvoir comprendre des erreurs qu’il peut faire et ne pas faire ça l’an prochain pour être presque number one Ducati et vraiment jouer devant tout le temps. Je peux le voir, mais comme il y a aussi eu un cas de Covid chez Ducati, on ne peut plus se croiser. Si on doit se voir, c’est par téléphone et il y a encore moins de contacts que lors des Grands Prix précédents. Moi je suis toujours bien avec mes mécanos, mais par exemple Gigi ne vient plus pour éviter d’avoir trop de contacts. Donc je ne sais pas comment ça se passe, mais quand je vois qu’on n’est pas constant, il faut carrément corriger ça pour l’an prochain. Et j’espère être en mesure d’être ce pilote qui saura faire les deux choses. »
Aujourd’hui, il faisait 19° dans l’air et 27° au sol. Tu évalues à combien le réchauffement nécessaire pour que ça fonctionne bien demain ?
« 27° au sol, c’est intéressant. Ça » grip » correctement et je ne peux pas trop me plaindre sur cette fin de qualif des conditions de piste. Mais parce que j’ai mis trop de temps ce matin, et surtout parce que j’ai perdu confiance hier, il est logique de rester en Q1. Mais si on tourne autour de 20° dans l’air, la piste sera autour de 30°, et là on sera dans une zone où on peut travailler. Une piste autour de 20°, pour moi ce n’est pas impossible mais c’est toujours un pari. »
Même dans un weekend difficile, tu parais plus détendu qu’avant…
« Oui. Après la qualification, je n’avais pas le sourire et j’avais les boules. Après analyse, tu te dis « Si déjà tu n’avais pas envie de rouler parce que tu as froid et que tu peux tomber, comment tu peux bien travailler ? ». Tu ne pars déjà pas sur le bon pas. Donc je reconnais ça, mais je ne me mets pas en doute parce que je ne suis pas le seul à avoir du mal. Pour se rassurer, on va dire qu’on peut reprendre cette situation Ducati, même si Miller a quand même bien assuré cet après-midi. Mais voilà, par expérience, je ne veux pas trop me descendre parce que je suis en train de bien reconstruire une confiance et une gestion de moto. »
Comment peut-on expliquer le geste d’énervement de Dovizioso, alors que ce n’est pas du tout dans ses habitudes ?
« Je ne sais pas si c’était plus parce qu’il avait les boules contre Petrucci. Lui, il fait son max, mais s’il ne sort pas ce chrono là, Dovi est dans les deux. C’est peut-être là où lui aimerait bien plus un support de l’équipe ou de son coéquipier quand il est en difficulté. C’est peut-être ça. Je l’analyse comme ça, sans le savoir. Mais je n’irai pas le demander, ça ne me regarde pas. »
Classement Q2 du Grand Prix d’Aragón MotoGP:
Classement Q1 du Grand Prix d’Aragón MotoGP:
Crédit photo et classements : MotoGP.com