Aprilia, en MotoGP, c’est l’éternelle attente. La marque n’affole pas les passions chez ses compatriotes comme Ducati le fait, alors qu’elle revendique pourtant 54 titres mondiaux. Elle est aussi un membre du puissant groupe européen Piaggio, mais elle apparaît comme l’investissement le plus limité du paddock étant donné que son aventure RS-GP repose sur la structure privée Gresini depuis 2015. Et, ces deux dernières années, KTM, plus jeune sur la grille de départ, lui a grillé la politesse. Mais depuis l’an dernier, la donne semble changer avec des recrutements d’anciens de chez Ferrari F1. L’une d’elle est même patron à l’instar d’un Massimo Rivola qui fait le point sur le présent et l’avenir…
La marque Aprilia semble avoir toutes les cartes dans son jeu, une histoire et des compétences qui pourraient faire d’elle un acteur majeur du MotoGP. Et pourtant, la mayonnaise ne prend pas. Le sort semble même prendre un malin plaisir à s’acharner sur les hommes de Noale. C’est en effet dès la sortie d’une prometteuse nouvelle RS-GP qu’une pandémie a refermé le monde sur lui-même pendant qu’un de ses pilotes majeurs, Andrea Iannone se retrouvait suspendu à cause d’une affaire de dopage…
Celui qui est aux commandes des sports, Massimo Rivola, doit donc garder la tête froide. Conscient du potentiel de la marque, il est convaincu que la malchance va passer et il se projette déjà sur 2022 : « Aprilia Racing doit montrer que nous nous développons en équipe et en entreprise en termes de performances » déclare l’ancien de la F1. « Dans le même temps, nous manquons de temps pour préparer notre propre déploiement d’usine avec notre propre infrastructure pour 2022. Cela prendra du temps. Nous devons construire des camions, embaucher du personnel, faire construire une structure d’accueil et bien plus encore. Mais c’est certainement notre objectif. Puis, à un moment donné, nous trouverons quelqu’un pour diriger une équipe client pour Aprilia ».
Un plan seulement simple en théorie
Sur cette feuille de route, il détaille : « avoir quatre motos et quatre pilotes sur la piste contribue à améliorer les performances. Vous pouvez améliorer la stabilité des moteurs, vous obtenez plus de données pour les ingénieurs de Noale. C’est pourquoi notre objectif est toujours clairement d’obtenir d’abord deux plots pour l’équipe d’usine et d’engager une équipe client ».
Un plan qui paraît simple, mais qui est en fait compliqué car il n’y a plus beaucoup d’opportunités pour le mettre en œuvre. En effet, seules les structures Gresini et Avintia pourraient jouer le rôle de point d’appui au futur team usine Aprilia : « nous serions certainement heureux si nous pouvions continuer à travailler avec Gresini car nous avons une relation de longue date avec lui. Mais nous devons prouver à Gresini que nous sommes suffisamment compétitifs. Pour que nous puissions choisir Gresini » commente un Rivola qui a bien conscience que les troupes de Fausto peuvent aussi intéresser Suzuki, également à la recherche d’une équipe satellite…
Il resterait alors Avintia. Un pis-aller ? Peut-être, mais aussi une opportunité politique : « nous pourrions peut-être intégrer davantage de notre personnel technique Aprilia chez Avintia. Nous sommes dans une phase critique et difficile à cause de la crise du Coronavirus. Par conséquent, la question de l’équipe client ne peut pas être évaluée pour le moment. Cependant, nous sommes conscients que nous ne pouvons pas dormir. Nous devons aller de l’avant » assure Rivola qui met ainsi à jour son dilemme.
Il termine cependant sur Speedweek.com avec Günther Wiesinger : « notre objectif est définitivement d’avoir quatre motos sur le terrain pour la saison 2022. Et nous signerions un contrat de cinq ans ». Une dernière mention qui a de quoi rassurer Dorna…