Pour Aprilia, ce début de championnat MotoGP restera dans l’histoire. C’est en effet dans cette période que le grand moment de la première victoire avec la RS-GP est arrivé. Mais l’instant est déjà passé et il faut de projeter sur ce que beaucoup appellent dans le paddock le second départ de la saison. Ce serait même le vrai selon certains et il coïncide avec le début de la campagne européenne. Reste que quatre courses ont tout de même eu lieu avant le rendez-vous qui nous attend à Portimao du 22 au 24 avril, et elles ont beaucoup compté pour la marque de Noale, comme le raconte Antonio Jiménez, chef mécanicien d’Aleix Espargaró…
Cela a pris plus de temps que prévu, mais Aprilia a atteint un niveau très compétitif et l’a montré avec la première victoire remportée par Aleix Espargaró en Argentine. L’une des meilleures personnes qui sait ce qui s’est passé dans l’équipe est Antonio Jiménez, directeur technique d’Aleix Espargaró, qui a vécu les cinq dernières années de transition dans la marque italienne. Sur Dazn, il explique d’abord pourquoi il a fallu attendre autant de temps pour sabler un Prosecco sur la plus haute marque du podium. On rappellera en effet que la marque du puissant groupe européen Piaggio est engagée en MotoGP depuis 2015…
Antonio Jiménez rappelle donc le contexte : « chez Aprilia, il n’y a jamais eu d’équipe satellite ; premier problème. Il n’y a pas eu d’équipe de test jusqu’à il y a deux ans ; deuxième problème. Et il n’y a eu qu’un seul pilote capable d’aller vite sur cette moto, Aleix Espargaró; troisième problème. Les coéquipiers qu’Aleix a eu au cours des cinq dernières années n’ont jamais été à son niveau et il n’y avait pas d’équipe de test ou de satellite, et donc l’évolution a été lente contre six Ducati, quatre Honda, quatre Yamaha et quatre KTM, qui ont également de très bonnes RC16 en tests. On n’avait pas la capacité d’évoluer que les autres avaient et c’est pour ça que ça s’est fait petit à petit ».
Et puis il y a eu les changements : « quand je suis arrivé fin 2018, ils ont changé l’organisation avec les ingénieurs. Ceux qui ont gagné avec le moteur deux temps et les nouveaux se sont rejoints. Maintenant, beaucoup de travail est fait avec l’aérodynamique et l’électronique ». Et puis Maverick Viñales s’est aussi installé : « c’est un pilote qu’Aleix voulait, cette combinaison va faire grandir Aprilia » dit l’Espagnol. « Avec l’arrivée de Maverick avec de l’expérience dans d’autres équipes et usines, il a fallu lui donner l’apport nécessaire ».
« Nous avons une Aprilia qui fonctionne bien et qui est fiable, compétitive«
Le chef mécanicien s’attarde sur l‘enjeu Viñales : « Maverick, aussi bien en Argentine qu’à Austin, a fait quelques tours incroyables. La clé de la croissance est d’avoir deux pilotes rapides et compétitifs, comme maintenant. Nous savons ce que Maverick a fait, les prochaines courses seront un tournant et pour nous c’est une clé ». Et la moto est en place pour atteindre les objectifs : « nous nous sommes beaucoup améliorés aérodynamiquement, électroniquement et en vitesse. Avant nous avions une moto qui ne nous permettait pas de doubler. Maintenant, nous avons une moto qui fonctionne bien et qui est fiable, compétitive. A Austin, nous savions que ça allait être dur, mais ça s’arrête et ça tourne bien. Nous avons fait un pas en avant très important » se réjouit Jiménez.
Le chef mécanicien termine sur ce qui nous attend ces prochaines semaines : « l’Europe, c’est le deuxième départ du championnat. Il commence deux fois et c’est à ce moment que les choses se mettent en place. Par exemple, on voit un Quartararo qui souffre beaucoup et on le verra là-bas parce que les gens ont le temps de réfléchir. Ce sera une course au titre aux multiples facettes, avec différents vainqueurs, le niveau est très relevé. En MotoGP on le voit déjà, il est difficile de sortir de l’arrière et de revenir. Tout le monde s’attend à ce que Marc Marques soit au même niveau qu’avant. Plus tôt il sera à son meilleur niveau, espérons-le en Europe, plus vite nous verrons des batailles incroyables ».
