Antonio Jimenez a peut-être dans le paddock MotoGP la place de chef mécanicien la plus exposée, puisqu’elle est celle située juste à côté du martial Aleix Espargaró. Ce qui veut dire qu’il est le véritable paratonnerre dans un stand Aprilia qui peut subir les foudres que l’on sait d’un pilote qui regrette ensuite avoir été aussi emporté, une fois la tension baissée et le temps passé. Mais on a vu aussi dans certains reportages que le même Jimenez savait se faire respecter de l’ainé des Espargaró… Une alchimie qui a été bien utile pour passer le cap de la déception de la fin de saison avec cette RS-GP qui avait tant promis jusqu’à cinq courses du but…
Antonio Jimenez fait le bilan 2022 de son explosif pilote Aleix Espargaró, ce qui permet d’édulcorer son propos déjà entendu certifiant qu’il n’y avait commis aucune erreur, se donnant même un 10/10. Et il n’a certes pas démérité, amenant l’Aprilia à un niveau jamais atteint dans la catégorie. Mais si la concrétisation tant rêvée n’est pas venue, et même le podium final raté, c’est parce qu’il y a des torts partagés.
Le chef-mécanicien signale d’abord la bonne entame de campagne : « nous avons fait une très bonne première période en profitant des erreurs des autres. Nous avons passé un très bon moment. Nous faisions des progrès incroyables ». Et puis est arrivé la première contrariété : le Grand Prix de Catalogne qu’Aleix Espargaró a validé comme terminé un tour avant le drapeau à damier… « Nous allions décrocher notre cinquième podium consécutif avec une deuxième place que nous n’avions jamais atteinte à Montmeló. Aleix a commis une erreur, nous avons perdu la deuxième place, nous avons perdu beaucoup de points. Et ça a été un coup dur, car Aleix tombe et se relève très vite, mais c’était très dur pour lui ».
Le pilote Espagnol a tout de même rebondi : « Aleix s’est rétabli et a été incroyable. Au Sachsenring, nous étions de retour au premier rang. Ensuite, nous avons eu un problème car il faisait très chaud et il a un peu souffert de la chaleur provenant de la moto. Il a fait une bonne course mais a terminé à la sixième place. Ensuite, nous sommes allés à Assen et ce qu’il a fait était incroyable. Nous sommes partis en vacances avec un très bon sentiment ».
Antonio Jimenez : « c’était très difficile de récupérer Aleix à ce moment-là«
La rentrée s’est déroulée à Silverstone, théâtre du second craquage d’Aleix Espargaró : « quand nous sommes revenus à Silverstone, Aleix n’était plus le même, il était encore plus fort » se souvient l’homme de l’ombre sur la chaîne YouTube PecinoGP. « Ce qui s’est passé, c’est qu’il était si fort et si confiant qu’il était impossible de ne pas gagner la course. En FP4, lorsque nous avons défini les réglages de la moto pour la course, je lui ai dit : « c’est la première fois que tu sors avec un pneu dur, même si tu pars avec un pneu à température élevée ». Au premier tour, il allait très vite et au deuxième tour, ses temps s’amélioraient, et au virage 12, il a accéléré de manière très franche et il a chuté ».
On rappellera que lors de cet accident, sa combinaison s’est ouverte. Même si, miraculeusement, il s’en était sorti indemne, Aleix Espargaró n’était évidemment plus dans le même état de forme pour la course à suivre. Il a terminé neuvième à environ trois secondes du sommet, suivi d’une sixième place à Misano et d’un retour sur le podium à Aragon, ce qui lui a permis d’espérer une belle dernière ligne droite. Puis est arrivé la terrible série des course sen outre-mer où l’Aprilia RS-GP s’est révélée inefficace, et l’équipe étourdie.
Au Japon, la confusion entre deux ingénieurs sur la cartographie de la moto sur la grille de départ a ruiné le Grand Prix au Motegi. La Thaïlande, l’Australie et la Malaisie ont été autant de déceptions qui ont changé le pilote : « c’était très dur, c’était très difficile de récupérer Aleix à ce moment-là. Après Phillip Island, il était très déçu et le moral était très bas. La Malaisie a été la plus grande déception de toute la saison, car nous pensions que la moto irait bien et qu’elle allait bien. Et c’était très mauvais », se souvient Jimenez, avant de boire le calice jusqu’à la lie dans le final de Valence. Mais Aleix Espargaró assure que cette saison 2022 l’a rendu plus fort pour aborder 2023. C’est tout le mal qu’on lui souhaite…