Avec cette intervention d’Aleix Espargaró, on se rappelle qu’il n’y a pas que Yamaha qui recherche actuellement son pilote pour son programme en MotoGP. C’est aussi le cas d’Aprilia, qui est d’ailleurs en quête de l’oiseau rare depuis bien plus longtemps que la firme japonaise. Aujourd’hui, leur trajectoire se croise puisque Viñales, qui va quitter la M1 à la fin de cette année, est susceptible de poursuivre sa carrière l’an prochain sur une RS-GP. Ce n’est cependant pas fait, mais l’usine de Noale peut compter sur son représentant de choc et de charme Aleix Espargaró…
Aleix Espargaró est décidément très impliqué dans le projet Aprilia en MotoGP. Comme pilote d’abord, puisqu’il est le seul suffisamment véloce et expérimenté pour le faire avancer. Mais c‘est aussi un véritable commercial doublé d’une âme de recruteur. On se souviendra en effet de son enthousiasme et de sa force de conviction lorsque Andrea Dovizioso a commencé à faire des tests sur la RS-GP. L’Espagnol ne tarissait pas d’éloges sur l’Italien, assurant qu’il serait comblé de le compter un jour comme un équipier.
Aujourd’hui, cette perspective d’un Dovi pilote titulaire Aprilia s’est floutée, même si des tests sont encore prévus durant ce mois de juillet. Mais dans le même temps, une opportunité Viñales a surgi. Sur le papier, ce serait un bon coup, même si des voix s’élèvent déjà pour douter d’une osmose possible entre un pilote au caractère particulier qui n’a aucune expérience d’un V4 et un projet qui a besoin de stabilité et de cohésion…
Et puis il y a cette question : venir de Yamaha pour s’installer chez Aprilia, n’est-ce pas comme descendre en gamme ? A toutes ces interrogations corrosives, Aleix Espargaró répond en jouant la carte cœur et sur les sentiments. Habile, il commence par ce constat : « ce n’est pas facile du tout, car il est sur la moto qui mène le Championnat du Monde ». Puis il fait de cet écueil un avantage : « je mettrais le sport de côté et, peut-être parce que je suis plus réfléchi maintenant que j’ai 31 ans et que je suis père, je dirais qu’il y a une vie et il faut être heureux. Tu peux gagner beaucoup d’argent ou de courses, mais si tu n’es pas content, et j’ai le sentiment qu’au niveau sportif ce n’est pas le cas, tu n’es pas obligé de continuer ».
Aleix Espargaró : « un pas en arrière, c’est être malheureux »
« Il y a deux ans, je n’aurais eu aucun problème à quitter ça et à aller travailler ailleurs. C’est très important d’être heureux, il y a une vie. Si être heureux arrive à réessayer avec Yamaha, parfait, mais si être heureux dans sa tête passe par un changement radical et aller chez Aprilia, Suzuki ou ailleurs, alors qu’il le fasse, sans aucun doute. Qu’il ne craigne pas le fait que quitter Yamaha serait un pas en arrière. Un pas en arrière, c’est être malheureux, c’est ça », a-t-il conclu dans un discours devant le micro d’Izaskun Ruiz, sur DAZN.
L’argument portera-t-il ? Il mérite d’être tenté, si l’on en croit un Fonsi Nieto qui a observé la situation de Viñales : « ce dont tout le monde a parlé ce week-end, c’est Maverick et son passage à Aprilia. La vérité est que j’ai vu une relation brisée il y a longtemps, elle ne vient pas de maintenant. Lorsque vous êtes dans une équipe où vous n’êtes pas heureux et que vous souffrez, peu importe que beaucoup de gens pensent qu’ils changent une Yamaha pour une moto pire. En tant qu’ancien pilote, être dans un box, sur une moto, dans laquelle on ne s’amuse pas et que l’on roule à 360 km/h, c’est très, très dure ». Le cœur a ses raisons que la raison ignore dit-on.