Jorge Martín est revenu sur ses années de lutte contre la pression, qu’il a finalement acceptée, sans avoir encore atteint selon lui le niveau ultime de confiance en lui.
Jorge Martín vit peut-être ses derniers jours éloigné des Grands Prix, puisque sa dernière visite médicale en date s’est révélée positive. Il lui faudra encore avoir le feu vert des médecins du championnat, mais la longue convalescence du Champion du monde en titre touche quoi qu’il en soit à sa fin. Que ce soit au Qatar ce week-end ou à Jerez dans deux semaines, Martín le sait : il aura tous les regards braqués sur lui à son retour.
Une pression qu’il lui faudra gérer, lui qui a manqué presque la totalité des tests hivernaux et qui aura tout à découvrir de l’Aprilia. Heureusement, il peut compter sur un solide travail mental qu’il a entamé à l’aube de la saison 2024 afin d’apprendre à gérer cette pression. Un sujet longtemps difficile pour le pilote espagnol, qui reconnaît en avoir souffert.
« Je gère bien mieux aujourd’hui qu’avant. Avant, je ne savais pas gérer. Mon changement radical a été de 2023 à 2024, quand j’ai commencé à travailler un peu plus sur le mental », a-t-il raconté à Aleix Espargaró dans le podcast lancé par l’ancien pilote Aprilia. « De mon arrivée en championnat du monde en Moto3 jusqu’à 2023, c’est resté pareil : anxiété, mal-être, je m’énervais beaucoup contre mon équipe juste parce que les résultats n’arrivaient pas. Je m’énervais contre moi-même mais mon caractère changeait, je m’énervais contre tout mon entourage. Et ça provoque de l’anxiété, on ne travaille pas bien. »
« Le changement radical a été 2024 et ça m’a beaucoup aidé à remporter le championnat. Je crois que j’essayais de rejeter la pression. La pression arrivait, je devenais nerveux, je me bloquais, comme si c’était quelque chose de mauvais. Ensuite j’ai appris que la pression est là, de toute façon, ce n’est pas une option. »
Martín estime qu’il y a trois façons de gérer la pression, et qu’il n’a pas encore atteint la façon parfaite. Une leçon d’humilité de la part d’un pilote pourtant considéré comme le meilleur du monde actuellement avec son titre décroché fin 2024. « La première façon, c’est en aimant ça, on se disant que ça nous pousse à fond. La deuxième, c’est en l’acceptant, en se disant ‘ok, elle est là, je fais avec’. La troisième c’est en la rejetant, en se bloquant. On commence à mal piloter, à mal faire les choses car on ressent la pression », a-t-il poursuivi.
« Moi je suis passé de ‘je suis nerveux et ce n’est pas naturel’ au fait de l’accepter. Je crois que j’ai besoin de passer ce cap de l’apprécier. Et là je crois qu’on atteint un niveau de confiance en soi-même très élevé, que je n’ai pas encore. Mais c’est mon objectif d’arriver à ce niveau de confiance où, face à la pression, j’en ferais un moteur. Le sport est très mental, bien plus que ce qu’on croit. Je crois qu’au niveau physique on est tellement tous semblables que c’est la part mentale qui fait la différence. »