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Manuel Pecino est un respecté journaliste espagnol qui écrit dans différentes revues de langue espagnole, italienne ou anglaise, mais publie aussi sur son site personnel des articles généralement très intéressants.

Dans sa dernière interview d’Andrea Iannone, il semble qu’une de ses questions ait piqué au vif le pilote italien, ce dont le lecteur a bénéficié en obtenant une longue réponse, détaillée et réaliste, du Maniac sur la hiérarchie actuelle des principaux constructeurs présents en MotoGP, et son explication.

Manuel Pecino : J’ai parlé avec certains membres de votre équipe et ils m’ont dit que vous pourriez améliorer votre stratégie de course, que le fait que vous êtes un pur sprinteur vous limite, que vous devriez gérer votre façon de courir.

Andrea Iannone : « Oui, mais tu peux le faire quand tu es rapide comme les autres. Je veux dire, que tu n’as pas besoin de rouler à 100% tout le temps pour être là. Je pense que nous n’avons pas la vitesse comme les autres pour rester avec eux jusqu’à la fin. Les autres commencent la course (regardez ce qui s’est passé à Brno) à un rythme que nous sommes également capables de soutenir. Mais à partir de là, Alex et moi allons plus mal tandis que les autres vont mieux… Au début, les autres vont comme nous, puis ils s’améliorent et nous ralentissons. C’est-à-dire qu’ils font la moitié de la course tranquillement, allant lentement pour eux. Cette même moitié que nous faisons à plein régime. Parce que si vous êtes là, sixième ou septième, dans le groupe de tête, que faites-vous ? Est-ce que vous vous dîtes « attend, ralentis d’une demi-seconde pour préserver quelque chose pour la fin de la course » ? Ça n’a aucun sens ! … Et si vous remarquez, c’est toujours comme ça… Eux, Ducati et Honda, à six ou sept tours de la fin, ont décidé de changer le rythme, d’aller plus vite, et c’est là qu’ils ont établi ces cinq ou six secondes entre nous. De cinq tours de la fin à la fin, nous avons été massacrés… Quelle stratégie pouvez-vous faire dans cette situation ? Moi, du premier au dernier tour, je roule toujours plus lentement… Mais c’est aussi la même chose avec Alex. Les autres ont fait leur meilleur tour à Brno dans le dernier tour ; en Autriche, c’était la même chose. Et que puis-je faire ? Ils ont plus de tout, ils ont plus d’avantages. Ils fonctionnent mieux avec les pneus, ils fonctionnent mieux avec l’électronique.
Stratégie, stratégie…. Un pilote aujourd’hui, en MotoGP, que peut-il faire ? Freiner du mieux que l’on peut, accélérer du mieux que l’on peut, rouler du mieux que l’on peut… La stratégie est créée dans le box ; la stratégie est l’électronique que l’on a sur la moto qui gère tout : accélération, wheelie, consommation de pneus, patinage. Ce n’est pas à moi d’élaborer la stratégie, vous comprenez ? C’est le logiciel qui doit être plus intelligent. Maintenant tu vas dire : « le logiciel est le même pour tout le monde ». Oui, mais il y en a qui font que ça marche mieux que d’autres. Pensez-vous que la Yamaha n’est pas une moto rapide ? Faisons une course de cinq tours : toutes les motos d’aujourd’hui sont compétitives sur cinq tours. Même moi, je peux gagner, et probablement plus que les autres. Mais les courses ne durent pas cinq tours… Si vous faites une course de 15 tours, la Yamaha peut gagner. Le problème est après ces 15 tours, que se passe-t-il ensuite ? La même chose nous arrive à nous. A mi-chemin de la fin, qu’est-ce qu’on fait ? Maintenant tu vas expliquer ce que je viens de te dire à la personne qui a dit ça à propos de ma stratégie de course ».

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