En cette période de trêve hivernale mais aussi de Fêtes qui rapprochent et rassemblent les familles, la réflexion sur soi-même, son métier, son environnement, son parcours reprend le pas sur le tourbillon imposé par les événements affrontés en pleine période d’activité. Une introspection parfaitement réalisée par le sage Andrea Dovizioso qui dit tout dans des propos qui remettent les choses à leur juste place…
Andrea Dovizioso donne l’impression d’une force tranquille que rien ne semble ébranler. Pas même un Marc Márquez à la domination déprimante. Mais l’officiel Ducati est celui qui, depuis trois saisons consécutives, se place comme le vice-champion du monde, avec toujours le même discours têtu en fin de parcours : l’année prochaine, on remettra ça.
Un moral d’acier forgé au fil des années, mais aussi élaboré autour d’un souvenir jamais effacé : ses débuts et de ce qu’était cette époque faite de sacrifice et d’incertitude où il n’était rien. DesmoDovi commente ainsi : « la télévision fait de vous une star, mais nous sommes des gens normaux, et, surtout, nous n’oublions pas d’où nous venons. Bien sûr, tout le monde a suivi son propre chemin, mais vous venez plus ou moins des mini motos, et de nombreuses années où vous avez vécu comme des gitans », rappelle le natif de Forlìmpopoli de 33 ans.
« Chaque week-end, vous étiez à moto, avec des parents qui ont certainement quelque chose de spécial, sinon ils ne l’auraient jamais fait. Pendant six ou sept ans, ils dépensent de l’argent que presque personne n’a réellement. D’une manière ou d’une autre, vous devez joindre les deux bouts alors que vous n’avez peut-être pas d’argent pour rentrer chez vous après la course. Mais vous participez toujours à la course. Cela dure depuis de nombreuses années », se souvient l’Italien, qui est monté 101 fois sur un podium des Grands Prix.
« Ensuite, vous arrivez en championnat du monde où il y a la télévision. Vous êtes transformé en personnalité, mais vous êtes le même qu’avant. Vous entrez dans un monde immense où il y a de l’argent, de la télévision et des médias, mais vous ne devez pas oublier d’où vous venez », a affirmé le champion du monde 125cc millésime 2004.
Pour garder contact avec la réalité, le vainqueur de Grand Prix à 23 reprises va faire du motocross lorsqu’il revient sur ses terres : « quand nous rentrons à la maison, nous aimons faire du motocross pour être aussi préparés que possible pour la prochaine course. Nous sommes moins intéressés par ce que nous pourrions faire avec l’argent que nous avons maintenant. De ce point de vue, nous pouvons être des gens plus « normaux » que les autres athlètes en raison de ce contexte. Vous grandissez comme ça et vous l’emportez avec vous, même si vous êtes dans le championnat depuis 15 ans ou plus », a expliqué Dovizioso, qui disputera sa 19e saison en 2020.
L’Italien de 33 ans n’aurait jamais pensé en arriver là : « même si je me suis battu pour le championnat sur les mini motos, je n’aurais jamais pensé que j’irais en Grand Prix. Cela me semblait trop important, surtout pendant ces années. Il y avait Capirossi, Melandri et Valentino qui sont arrivés très jeunes, et vous avez peut-être eu une chance, mais vous n’y avez pas trop réfléchi. »
Qui était le modèle de Dovi à l’époque ? « Bien sûr, les pilotes étaient les héros que vous regardiez et tentiez de copier, en particulier leurs graphismes. C’était Kevin Schwantz pour moi pendant ces années, mais ensuite, bien sûr, Valentino Rossi était le pilote que tout le monde a analysé parce qu’il avait tant gagné en tant d’années. À mon avis, tout le monde avait son poster dans la pièce », termine l’officiel Ducati sur Speedweek, non sans humour.