Dans une longue interview accordée au Corriere dello Sport, Andrea Dovizioso a émis quelques commentaires personnels sur chacun de ses principaux adversaires, passés ou présents, avec sa lucidité et son recul habituel.
Cela inclut Casey Stoner, Jorge Lorenzo, Andrea Iannone, Valentino Rossi, mais aussi Marc Márquez qui, indirectement, est aussi la cause de son maintien chez Ducati, chose que l’on ne savait pas.
À déguster sans modération…
Sur Jorge Lorenzo…
« Lorsque vous avez un champion comme Jorge à vos côtés,
vous aurez toujours des problèmes. En travaillant sereinement, il y
a des avantages car on dispose alors d’une référence pour
progresser. Le côté négatif est que vous pouvez perdre des points
lorsque votre principal adversaire est votre coéquipier. Une équipe
avec deux champions disperse son potentiel.
Sa première contribution a été de confirmer les limites de la moto.
C’était fondamental pour ma crédibilité auprès des ingénieurs.
Après avoir eu Crutchlow dans l’équipe, puis Iannone, il y a
toujours un doute quand un pilote se plaint, s’il n’est pas
champion du monde. Puis Jorge est venu et a dit les mêmes choses
que moi, et le doute a disparu. Mais jusqu’au Mugello où Lorenzo a
commencé à être rapide, nous n’avons vu aucune différence. À ce
moment-là, j’ai réalisé que Jorge était capable d’être rapide mais
d’une manière différente de la mienne. J’ai vu qu’il n’y avait pas
qu’une seule façon d’être rapide avec la Ducati. Je me suis dit que
c’était intéressant. C’est donc l’avantage d’avoir un autre
champion dans l’équipe : il n’est pas forcément nécessaire de
copier son style mais l’étudier vous aide ».
Sur Casey Stoner…
« C’était dévastateur. Quand les choses vont bien, il les fait aller encore mieux. Ce fut une année très difficile pour moi. Et plus vous êtes objectif, plus vous comparez, et pire cela devient. Et je suis extrêmement objectif et réaliste. Comment le surmontez-vous ? En continuant à travailler. Cette situation peut être gérée de manière positive ou négative. J’ai souffert, mais d’autres se seraient arrêtés dans une telle situation, alors que j’ai pu m’améliorer. Vous devez accepter le fait qu’il y a des années négatives, mais ne pas gagner à l’époque et gagner aujourd’hui est un facteur positif: cela confirme que j’ai progressé et que je suis beaucoup plus compétitif aujourd’hui à 32 ans qu’à 25 ans ».
Sur Marc Márquez…
« Je n’aime pas dire que nous avons perdu, je préfère dire
que Márquez a gagné. Depuis qu’il a perdu le titre en 2015, Marc a
changé d’approche : il a toujours été « je gagne ou je
tombe ». Aujourd’hui, il prend encore des risques, il tombe
souvent, mais en course il fait moins d’erreurs. Il a appris.
Je suis passé très près (de revenir chez Honda) mais je n’ai pas
accepté parce que c’était juste de continuer avec ce projet
(Ducati). Nous avons des choses qui ne sont pas terminées et
j’espère avoir une concrétisation l’année prochaine. Ce n’est pas
que cela aurait été mauvais d’aller chez Honda, mais je veux
combattre Marc avec la Ducati ».
Sur Andrea Iannone…
« Iannone et son entourage ont une façon d’aborder ce qui se passe qui n’est pas de bonne foi ».
Sur Valentino Rossi et son 10e titre…
« Je dirais oui, car Rossi a prouvé que, en ce qui concerne la compétition, il ne meurt jamais ».