Andrea Dovizioso connait une fin de carrière en MotoGP à la fois étonnante et décevante. Ses piètres performances au guidon d’une Yamaha à laquelle il ne se fera jamais selon son propre aveu jalonnent un triste épilogue d’une carrière tout de même marquée par trois statuts de vice-champion du monde successifs derrière Marc Marquez. Le Dovi alors vu sur Ducati n’est pas l’actuel anonyme du fond de peloton qui expédie les affaires courantes dans une sorte de tournée d’adieu imposée par les clauses d’un contrat qui doit arriver à son terme. Il est temps que cela s’arrête mais le pilote d’un team RNF qui lâchera ses Yamaha pour des Aprilia l’an prochain a tout de même quelques avis à partager sur ce qui sera son dernier championnat…
Andrea Dovizioso montre les ravages que peut faire une pré-retraite dans un peloton à la compétition aussi exacerbée qu’est le MotoGP. La déception en termes de résultats est si immense qu’elle dilue tout ce qui a été accompli de solide auparavant. Mais cela laisse le temps à la réflexion et, à l’aune de cas concrets subis tous les week-ends de Grand Prix dans cette saison 2022 où il n’est que le spectateur privilégié de son déclin, Dovi interpelle sur un monde qui a tellement changé qu’il l’a exclu.
Sur ces nouveaux adversaires, le pilote de 36 ans dit ainsi : « ils sont plus prêts sur le plan mental lorsqu’ils atteignent la première année du Championnat du Monde, en Moto3 comme les premiers en MotoGP. Ils ont été mieux préparés. Maintenant quand un pilote arrive il a dans la tête depuis 6 ans qu’il devait arriver ici, il a déjà participé à tous les championnats mineurs ».
Il ajoute : « de plus, la façon dont les motos doivent être montées aujourd’hui est différente : il existe de nombreuses aides en termes d’abaissement, d’ailes, d’électronique qui stabilisent tout et si ce n’est tout de même pas facile, moins d’erreurs sont commises et le pilote peut être plus agressif et plus rapide. Auparavant, cela demandait plus de travail. Nous parlons d’un monde qui a évolué ».
Andrea Dovizioso : « cela s’est bien passé en Indonésie car il y avait une adhérence anormale«
Cela étant dit, que pense-t-il de l’actuelle course au titre, mener à sa mi-temps par son collègue de marque et tenant de la couronne Fabio Quartararo ? Sur InSella.it, il répond : « le championnat est totalement ouvert. Mais en voyant un Fabio Quartararo comme ça, il l’a en main. Maintenant, il doit être bon en gestion. Je m’attends à ce qu’il soit capable de le faire, mais il a des adversaires très forts : il y a plus de pilotes Ducati qui peuvent gagner des courses et Aleix Espargarò avec Aprilia est constant dans tous les Grands-Prix. Il est facile de récupérer des points avec cette compétitivité ».
Puis il ajoute cet élément : « et puis Fabio a le talon d’Achille de l’eau, un aspect fondamental à retenir car la Yamaha dans ces conditions n’est pas si compétitive. Cela s’est bien passé en Indonésie car il y avait une adhérence anormale, mais au fond il a plus de difficulté et c’est un aspect qui peut affecter le championnat ».
Andrea Dovizioso termine son propos non pas ce qu’il fera une fois que tout son temps lui sera rendu avec cette retraite cette fois définitive, mais sur ce qu’il ne fera pas : le Dakar : « j’ai une mentalité de course, de piste. Si je pense que je suis au milieu du désert, je panique, je ne me sens pas libre ». Dovi n’en est plus à un paradoxe près.