Andrea Dovizioso, décide de quitter
(provisoirement ?) le monde des Grands Prix après 12 ans passés en
catégorie reine. Pour tout passionné de la discipline, cela sonne
comme la fin d’une époque mémorable, Valentino
Rossi en étant ironiquement le dernier survivant. Chaque
weekend, nous admirions Andrea,
Dani, Jorge,
Casey et Vale tous sur des
machines différentes. Un petit hommage au discret italien
se devait d’être dressé.
Né en 1986, il réalisa sa première pige en mondial durant la saison
2001. Pourtant anodine, elle débouchera l’année suivante sur un
contrat fiable. ‘Dovi’ apprend vite et bien. Il
remporte sa première course à l’entame de la saison 2004 en tant
qu’outsider de la saison précédente (terminée à la cinquième
place). Une nouvelle victoire en France, puis à Donington ne
laissent planer aucun doute quand à la possibilité de jouer le
titre.
Une fin de saison exemplaire tue tout suspens, Héctor
Barberá ne pouvant absolument rien faire face à la
régularité de l’italien. Difficile d’imaginer que ce titre acquis
avec la manière soit en réalité son dernier. Avec Team Scot, il
décide de passer naturellement en catégorie intermédiaire pour
2005.
L’adaptation est très rapide, mais une épine dans le pied nommée
Jorge Lorenzo fait son apparition un an plus tard. Pourtant, le
Rookie de l’année 2005 – portant le n°34 à
l’époque – était l’un des favoris. Les deux hommes se
connaissent depuis l’époque des 125cc : au Qatar en 2004,
ils franchirent la ligne au millième de seconde près.
Cette situation inédite avantagea l’espagnol, qui, grâce à son
meilleur tour en course, rafla la mise. Lorenzo en 250cc,
ne plaisantait pas du tout. Dovizioso termina
vice-champion du monde deux années de rang, ne pouvant rien faire
contre le raz-de-marée ‘Por Fuera’.
Psychologiquement, le majorquin avait l’avantage et savait
parfaitement ou appuyer pour toucher l’italien en plein cœur.
Le triple champion du monde MotoGP ne laissa que quatre victoires à
son dauphin lors des saisons 2006 et 2007. Deux forts caractères
l’un contre l’autre en somme, et une rivalité qui traînera dans le
temps. 10 ans plus tard, Lorenzo, lors de l’une des sorties dont il
a le secret, avouera que ‘Dovi’ avait une dent
contre lui depuis cette même époque.
Les deux montèrent en même temps en catégorie reine, mais dans des
écuries bien différentes. Yamaha officielle pour l’un, et
toujours JiR Team Scot pour l’autre. Dès sa première
course, Andrea démontre tout son talent et coupe la ligne en
quatrième place. La saison se poursuit et l’italien impressionne,
étant d’une régularité rarissime et marquant des points à toutes
les courses, Portugal excepté.
Son podium à Sepang convainc Honda Repsol de le signer l’année
suivante. En remplacement d’un Nicky Hayden en difficulté, il fait
très forte impression et réalise son rêve le 26 juillet 2009.
À Donington Park, il remporte son premier Grand Prix en
carrière.
Les saisons suivantes sont plus compliquées. Malgré une régularité
toujours au top, il est envoyé chez Yamaha Tech3 en 2012 et décide
de relever le challenge Ducati en 2013. Depuis Casey Stoner, aucun
pilote n’avait réussi à faire fonctionner la belle italienne.
Ce ne fut pas non plus le cas de « Desmodovi »,
du moins pas tout de suite.
Que l’attente fut longue. Pendant quatre longues
années, pas l’ombre d’une victoire à se mettre sous la dent malgré
de belles performances au guidon d’une machine plus faible. À
partir de 2015, il répond présent et devient même un candidat
régulier au podium.
La suite, on la connaît. Une malchance inégalée couplée
à un talent fou. Andrea renaît de ses cendres fin 2016
avec une victoire sur le tracé de Sepang. Il est, avec Marc
Márquez, l’homme fort de ces dernières années. Trois nouvelles
deuxièmes places au championnat, ce qui porte le total à cinq.
Les quintuples vice-champions du monde sont rares.
Tout comme les pilotes à la Dovizioso, passionnés jusqu’à la
moelle. Dovi, c’est la gentillesse et les duels légendaires
avec Márquez. Si sa capacité à gagner et tuer les courses
a souvent été remise en cause, il n’en reste pas moins l’un des
grands de ces quinze dernières années. Cette retraite est un peu
étrange, il semble encore trop passionné. On
l’imagine volontiers traîner dans les paddocks ou même remettre le
cuir à l’avenir… Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’un au
revoir.
Photo de couverture : Michelin Motorsport