En ce jeudi 17 juin 2021, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Sachsenring, où va se dérouler ce weekend la huitième manche du championnat, en Allemagne.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français, toujours leader du championnat mais qui a été quelque peu bousculé lors de la dernière course en Catalogne, que ce soit en piste où il s’est fait damer le pion par Miguel Oliveira sur un circuit où il se présentait pourtant comme le grandissime favori, que par les officiels qui lui ont infligé après-coup deux pénalités successives, le privant in fine de podium.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme.
Fabio, vous arrivez bien sûr ici en Allemagne en tant que leader du championnat, mais il faut tout de même que vous reveniez, encore une fois, sur ce qu’il vous est arrivé en Catalogne il y a deux semaines. Tout se passait bien en course puis il y a eu ce problème avec votre plastron, la fermeture éclair de votre combinaison, les pénalités qui s’en sont suivies… Faites-nous un petit récapitulatif…
« Ce fut une course étrange… dans le virage 1 je me suis retrouvé avec ma combinaison complètement ouverte, et j’ai essayé de la refermer dans le virage 3 mais j’ai eu le plastron qui s’est envolé et j’ai couvert les derniers tours avec la combinaison ouverte… »
« Je n’ai été sanctionné que trois heures plus tard, mais à vrai dire je préfère en rire, car le fait d’être énervé par cela n’aurait aucun sens. Ce weekend nous arrivons sur une nouvelle piste, et Alpinestars [le fabricant de sa combinaison] a déjà travaillé sur un nouveau système pour éviter que le problème que nous avons rencontré à Barcelone ne se reproduise. »
Dans quel état d’esprit êtes-vous au moment d’aborder ce nouveau Grand Prix ? La dernière fois que vous êtes venu ici, vous n’avez pas couvert beaucoup de tours [Quartararo s’était qualifié en deuxième position sur la grille, avant de chuter dès les premiers tours de course, ndlr], mais malgré cela diriez-vous que c’est un circuit qui vous est favorable ?
« J’ai l’impression que tous les circuits conviennent plutôt bien à notre moto. Certes c’est un circuit dont je ne suis pas particulièrement friand, mais il y a deux ans j’y avais affiché un bon rythme avant de chuter dans le premier ou le deuxième tour. »
« J’ai l’impression que tous les circuits conviennent bien à notre moto »
« Je pense malgré tout que notre moto fonctionne bien sur tous les circuits, et je suis vraiment très impatient car quand il vous arrive un pépin sur une course, vous n’avez qu’une envie : Être à la manche suivante pour vous rattraper ! »
Fabio, vous faites partie des quelques pilotes en MotoGP à avoir déjà roulé avec Fabio di Giannantonio par le passé. Quelle est votre opinion quant à son arrivée en MotoGP prévue l’an prochain avec Gresini ?
« Quand on regarde bien son style de pilotage, on se rend compte qu’il est très doux, très précis. Je pense qu’en MotoGP c’est quelque chose de très important. Il devrait tirer son épingle du jeu, mais il doit faire de son mieux cette saison. »
« J’ai été dans la même situation que lui il y a quelques années, lorsque j’ai signé mon contrat en milieu de saison, aux alentours du Sachsenring, mais le plus important c’est qu’il reste concentré et essaye de faire de son mieux sur la fin de ce championnat. Ensuite, il pourra apprécier les premiers essais, et je lui souhaite toute la réussite possible pour sa première ligne droite en MotoGP ! »
Depuis une décennie, le Sachsenring est vraiment le circuit fétiche de Marc Márquez. A quel point pensez-vous qu’il sera important de juger de son niveau ce weekend, de voir où il évolue dans le classement ?
« Selon moi il sera dans le coup ce weekend. Si je ne dis pas de bêtises il s’est imposé lors des dix dernières courses qu’il a courues ici, et a remporté également les dix dernières pole positions qu’il y a disputées. Il sera dans le coup, et je pense que ce sera un moment important pour lui. Après je dois dire que je ne prête pas vraiment d’attention à ce qu’il fait. »
« Il est clair qu’il sera rapide, mais je vais surtout me recentrer sur moi-même. C’est sûr que c’est une belle opportunité pour lui que de revenir aux avant-postes : un podium ou une victoire lui redonnerait un gros coup de fouet au niveau de sa confiance. Mais ça va être à nous de jouer pour faire en sorte justement qu’il ne regagne pas trop la confiance ! »
« A nous de jouer pour faire en sorte que Marc Márquez ne regagne pas trop de confiance ce weekend ! »
Il semble qu’il y a plusieurs personnes dont des pilotes qui ne soient pas vraiment au diapason avec certaines décisions émanant de la Direction de course, qu’il s’agisse des dépassements des limites de la piste ou d’autres choses. Peut-on dire que la confiance des pilotes en la Direction de course est à son plus bas à l’heure actuelle ?
« Sans trop parler de ce qui s’est passé à Barcelone, on se souvient de ce qui s’est produit au Mugello entre Joan et Miguel [Mir et Oliveira, qui ont tous les deux fini sur le podium malgré avoir dépassé les limites de la piste, au détriment de Johann Zarco, pour des raisons de chronométrage, ndlr]. Pour moi, ce genre de pénalités est très étrange, car vous pouvez aller au-delà des limites de la piste pour deux ou trois centimètres et perdre une position, sans pour autant gagner de temps. »
« Pour moi ce genre de pénalité c’est un peu trop. Même chose à Barcelone lorsque j’ai tiré tout droit et que j’ai perdu sept dixièmes… Il aurait fallu que je perde une seconde pleine pour ne pas être pénalisé, mais je ne vois pas du tout comment ils peuvent calculer cela. Donc pour moi c’est un peu trop dans le sens où on ne compromet pas la sécurité, et cela rend la course un peu trop « sérieuse » à mon goût. Après, je ne travaille pas à leur place, et je ne prends pas les décisions. »
Jack Miller, à qui la question était également posée, et qui a été le premier bénéficiaire des pénalités infligées à Fabio Quartararo en Catalogne, donne également son avis, avant qu’une discussion restée bon enfant s’engage spontanément entre les deux hommes en pleine conférence de presse.
Miller : « Je pense que personne n’apprécie l’arbitre dans un match de football, pas vrai ? Mais il n’en demeure pas moins nécessaire à la bonne tenue des rencontres, au même titre que la Direction de course l’est pour les Grands Prix. La règle dont tu parles, qui dispose qu’on doit perdre une seconde [en cas de court-circuitage] »
Quartararo, à mezza-voce : « Elle est stupide. »
Miller : « Elle est en vigueur depuis trois ans. Takaaki Nakagami a dû quant à lui observer un long lap… S’il y avait eu de l’herbe ou du gravier au lieu de l’asphalte dans cette chicane, qu’aurais-tu fait ? »
Quartararo : Je coupe dans l’herbe… »
Miller : « Vrai, et dans ce cas tu perdrais plus d’une seconde. S’il y avait encore de l’herbe à l’extérieur, tu ne te permettrais pas de rester à fond jusqu’à l’extrême limite du virage. Au final si tu continues à fond le mur se rapproche. C’est de cela dont il est souvent question lors des Commissions de sécurité. Si tu continues à attaquer et à aller de plus en plus large dans les courbes cela rend les choses de moins en moins sûres. »
« C’est la même chose avec les chicanes : avant c’était du gravier, et personne ne tirait tout droit. Et puis est arrivé l’asphalte et on a commencé à voir des pilotes aller tout droit trois ou quatre fois. De ce fait, ces pilotes n’abimaient pas le flanc des pneus concerné par le virage, et cela représente un avantage non-négligeable à la fin de la course. Les règles sont les règles. Je sais que personne n’aime les arbitres, on en est tous là, mais quelqu’un doit être là pour endosser le mauvais rôle, c’est comme ça. »
Quartararo : « J’aimerais quand même rajouter un truc : nous parlons là du MotoGP, mais quand on regarde les derniers tours du Moto3, je pense qu’il y a plus de points chauds en termes de sécurité dans cette catégorie qu’en MotoGP.
Miller : « Je suis d’accord. »
« Il y a plus de points chauds en termes de sécurité en Moto3 qu’en MotoGP »
Quartararo : « Car c’est totalement stupide de voir tout le monde couper les virages dans les deux derniers tours, surtout avec ce qu’il s’est passé ces dernières semaines. Nous parlons là de détails. D’accord, il faut respecter la règle de la seconde à perdre. Mais pour moi, ils [la Direction de course] devraient davantage se concentrer sur les catégories inférieures. »