En ce samedi 19 juin 2021, Aleix Espargaró a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Sachsenring, au terme des qualifications du Grand Prix d’Allemagne.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote espagnol, auteur d’une remarquable prestation cet après-midi, et qui retrouve la première ligne de la grille pour la première fois depuis six ans et une deuxième place en qualifications à Assen, entre Valentino Rossi et Marc Márquez…
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Aleix Espargaró sans la moindre mise en forme.
Aleix, vous êtes de retour sur la première ligne de la grille pour la première fois depuis Assen en 2015. Concernant Aprilia, c’est également une première depuis Phillip Island en 2000. C’est donc un véritable accomplissement de votre côté, même si le plus dur reste à faire demain. Cela doit vous procurer un surplus de motivation incroyable…
« Comme vous l’avez dit, nous ne sommes que samedi, il ne s’agit que des qualifications, et aucun point n’est attribué. Mais tout de même, se retrouver dans le Parc Fermé et voir toutes les personnes de chez Aprilia en train de sourire, cela me rend très fier. Au final, partir depuis la deuxième, la troisième ou la quatrième place, cela ne fait pas une grande différence. »
« C’est certes quelque chose d’important ici au Sachsenring car ce n’est pas un circuit où il est facile de dépasser, mais le simple fait d’apporter du bonheur à mes gars ça me rend déjà très heureux. La moto de chez Aprilia est en net progrès, et se rapproche des meilleures machines sur tous les circuits. C’est sûr que demain les choses seront un peu plus faciles en partant depuis la première ligne de la grille. »
« L’Aprilia est en net progrès »
C’est une longue course qui s’annonce, avec la particularité d’être sur un circuit antihoraire. Quelles sont vos attentes pour demain ?
« Déjà hier j’ai dit que nous étions dans le coup. L’Aprilia a pour habitude d’être compétitive sur ce circuit, qui n’est pas très exigeant pour le moteur. La stabilité de la RS-GP est à son meilleur niveau, et je me sens surtout compétitif dans la seconde partie de la piste. Mais vous ne savez jamais ce qui peut se passer, surtout avec la qualité du plateau MotoGP actuel. »
« Par exemple à Barcelone tout le monde voyait Fabio gagner la course avec dix secondes d’avance, et finalement on s’est rendu compte que c’était plus difficile que cela de tout souder le jour de la course. Il faut aussi mentionner les hautes températures, qui signifient que les pneus vont souffrir demain. Il est clair que c’est déjà un bon point de partir depuis la première ligne de la grille, et l’idée sera de rester dans le top 3 jusqu’à la fin, et on verra alors comment je suis au niveau des pneus pour tenter de faire quelque chose. »
A quel point cette qualification est-elle un marqueur pour Aprilia ? Quel résultat est-il possible d’envisager demain ?
« Je suis bien sûr content de finir aujourd’hui sur la première ligne de la grille, mais je dirais que ce résultat ne sort pas de nulle part. Nous avons été proches de la concurrence le samedi sur de nombreux circuits. Il semble que l’équilibre et la compétitivité de cette nouvelle moto sont bien meilleurs, car je suis en mesure d’être plus rapide sur quasiment tous les circuits. »
« Je suis bien sûr très fier car je savais que nous avions une bonne opportunité de bien figurer sur ce circuit. Je prends du plaisir à piloter la moto ici au Sachsenring. Demain, tout peut se passer, comme tous les dimanches en MotoGP. Fabio et Oliveira ont un très bon rythme, mais il faut aussi se méfier des Ducati et des Suzuki. Comme je le dis, tout peut se passer. Nous sommes dans le coup, nous sommes forts, et je pense que le top 5 est un objectif réaliste. Je vais essayer de m’accrocher dès le début et voir jusqu’où je peux aller. »
« Le top 5 est un objectif réaliste »
Aprilia doit encore décider qui sera son second pilote la saison prochaine. Pensez-vous qu’un bon résultat demain serait de nature à convaincre Andrea Dovizioso de tenter l’aventure ?
« Je fais tout mon possible pour convaincre tout le monde. Je sais que Massimo Rivola fait de son mieux pour attirer de jeunes talents ou d’autres pilotes plus expérimentés comme Dovi. Je sais que plus je fais de bons résultats, plus il est facile pour Massimo de convaincre les autres pilotes. Si demain je fais un bon résultat, ainsi qu’à Assen, alors j’espère qu’ils seront en mesure de me trouver un coéquipier rapide pendant la trêve estivale en vue de 2022. »
Vous avez souffert récemment d’un arm pump. Avez-vous des craintes en vue de la course sur ce point ?
« J’étais vraiment dans le mal après Barcelone, et j’étais très inquiet car je ne pouvais même plus enfiler ma combinaison. J’ai donc été inquiet l’espace de quelques jours, mais ensuite mon bras a commencé à se résorber et tout semble être revenu à la normale à présent. Je n’ai senti aucune douleur pour l’instant sur ces deux premières journées en Allemagne. C’est vrai aussi qu’il ne s’agit pas d’un circuit qui puisse vraiment déclencher des arm pumps. »
Nous avons vu aussi bien en Q2 qu’en Q1 de nombreux pilotes s’attendre en piste, comme ce peut être le cas parfois en Moto3. Mais le problème est que cette manœuvre peut aussi être dangereuse, ce qui a irrité pas mal d’autres pilotes. Quelle est votre opinion là-dessus ?
« C’est vrai que ce n’est pas du meilleur effet… Surtout qu’on essaie déjà de travailler là-dessus en Moto3. Je pense que si vous faites cela à Barcelone ou au Mugello alors c’est bien plus grave. Mais on peut rapidement se retrouver dans ce genre de situation. Je ne dis pas que c’est bien, mais ça peut rapidement arriver, surtout si plusieurs pilotes se retrouvent au même endroit au même moment. Cela ne se reproduira probablement pas à Assen, qui est une piste déjà un peu plus longue. Après, si le pilote au ralenti s’écarte bien de la trajectoire, je trouve que cela n’est pas si dangereux que ça. »
Mais pensez-vous qu’il faudrait que les pénalités soient plus strictes en MotoGP, de sorte de faire un exemple qui puisse dissuader de pareils comportements dans toutes les catégories ?
« Les règles sont claires, ce n’est pas comme s’il y avait un flou : Si vous restez sur la trajectoire, alors vous êtes sanctionné. Après, on peut aussi interdire le fait de suivre quelqu’un, mais si on fait cela, autant introduire directement le concept de Superpole. »
Il semble que toutes les idées reçues que nous avions avant ce weekend aient été balayées : on disait qu’il ne s’agissait pas d’une piste pour Ducati, et c’est pourtant une Ducati qu’on retrouve en pole. On disait que les Suzuki allaient bien figurer, et finalement ce n’est pas le cas. Que se passe-t-il dans les faits ? Peut-on dire que les fondamentaux du MotoGP ont changé ces deux dernières années ?
« La compétition est de plus en plus serrée, et je trouve cela fantastique qu’il ne soit plus possible de faire le moindre pronostic, cela signifie que la compétition est à son plus haut niveau. Regardez : Trois motos différentes cet après-midi dans le top 3, avec une moto en pole position qui normalement sur une piste étriquée comme le Sachsenring devrait être en difficulté. C’est fantastique, pour le spectacle et pour tout le monde. C’est une bonne période pour le MotoGP. »
« La compétition en MotoGP est à son meilleur niveau »
Le Sachsenring est connu pour accueillir en temps normal un grand nombre de spectateurs. Est-ce donc étrange de piloter ici sans qu’il y ait le moindre spectateur ?
« Comme c’est le cas de beaucoup de circuits européens, ici au Sachsenring la première portion du tracé est très serrée et on peut habituellement vraiment sentir la ferveur du public. C’est vraiment quelque chose de sympa, et il est clair que les spectateurs nous manquent, mais la situation est ce qu’elle est. Cela fait quand même du bien d’être de retour ici après que ce circuit ait été absent du calendrier l’an passé. Mais l’an prochain ce sera encore mieux quand les tribunes seront bondées. »
Pol [Espargaró, son frère] a chuté juste devant vous lors des FP3, est-ce que cela vous a perturbé ?
« J’étais vraiment proche de lui et je l’ai vu glisser, j’étais vraiment désolé pour lui. Je savais que ce n’était pas un gros accident, mais je sais bien qu’il est en difficulté et qu’il fait tout ce qu’il peut pour redresser la situation. Malgré ses trois chutes du weekend, il a tout de même réussi à accéder à la Q2 et à signer un bon tour. Il n’est pas si loin de Márquez alors qu’il s’agit d’un des circuits préférés de ce dernier. »
« Pol est en difficulté, et il est évident que je n’aime pas le voir à terre, mais il est très fort mentalement et il ne va sans doute pas renoncer. Je trouve d’ailleurs qu’il pilote vraiment bien, mais c’est un moment difficile pour tous les pilotes Honda. Du point de vue de la concentration cela ne m’a pas trop affecté. Ce n’est pas comme s’il avait été victime d’un highside. Là il a perdu l’avant, nous étions dans les trois dernières minutes des FP3, donc vous êtes vraiment dans votre bulle et vous passez outre, même si après coup je me suis bien sûr renseigné sur son état de santé. »
Beaucoup de pilotes se sont plaint de bloquer facilement l’avant dans les virages 1 et 12. Pensez-vous que cela est dû aux températures élevées, qui font que même le pneu avant dur est encore un peu trop tendre pour ces niveaux de mercure ?
« Je sais que ce n’est pas facile pour Michelin avec ces hautes températures, mais ce n’est pas normal de voir quasiment toute la grille recourir aux options les plus dures au niveau des gommes, en particulier quand on voit des motos comme les Suzuki et les Yamaha qui n’utilisent pour ainsi dire jamais cette gamme de pneus. Dans mon cas, même lors des FP1 et des FP3, qui se déroulent dans la matinée, j’ai l’habitude de choisir le pneu dur. Mais avec une température de l’asphalte qui culmine à 55°C ici, je n’aurais pas été contre une solution pneumatique supplémentaire qui soit encore un peu plus dure. »
MotoGP Sachsenring – Résultats qualifications :
Crédit classements : MotoGP.com