Pecco Bagnaia est l’homme de la situation en ce moment en MotoGP au guidon de la moto qu’il faut pour gagner, soit la Ducati. Ses adversaires commencent progressivement à reconnaitre sa domination, comme une résignation naissante. Cependant, sa légitimité à marquer une période dont l’histoire se souviendra est relativisée, voire contestée par certains observateurs qui sont aussi d’ancienne gloire sur la piste. C’est le cas d’un Alex Criville qui s’est montré assez dur avec l’Italien en signalant qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire …
Pecco Bagnaia est-il à recenser dans le Panthéon des grands pilotes de ce temps, ou est-il celui qui assure un intérim en attendant que les charismatiques champions se refassent une santé technique ? Au vu de ses derniers résultats, on ne peut que pencher pour la première tendance, mais Alex Criville arrive avec ses données corrigées pour briser le charme. Au micro de DAZN, il s’est ainsi montré assez dur envers le Champion du Monde en titre qui semble sur le chemin d’une seconde couronne consécutive, dans des propos relayés par motosan.
Ce que l’ancienne gloire espagnole reconnait, c’est l’évidence que l’on vit « l’année de Pecco ». Mais ce sera le seul compliment envers l’Italien dans un exposé pour le moins critique. Et ça commence avec cette mention forte : « je ne vois pas Pecco comme un méga-talent qui se manifeste, où tu dis wow, ça y est… Je ne vois pas un Rossi, un Marc Marquez… ». Mais alors qui est-il ? Il répond : « c’est un gars qui a travaillé dur, qui a bien travaillé, qui fait partie de la meilleure équipe ».
Il explique : « cela lui a coûté un peu à ses débuts, ils ne faisaient pas partie de ces brillants pilotes. Il a travaillé dessus, il est arrivé et il est là pour rester, pour écraser et marquer une époque. Cependant, il est battable et il y aura des pilotes qui seront avec lui et ils gagneront des courses ».
Reste que Pecco Bagnaia est actuellement le meilleur du plateau. Mais même là, l’ancien champion du monde relativise le talent de l’officiel Ducati en rappelant les circonstances dans lesquelles ce succès s’est développé : « il faut aussi analyser ses rivaux. Bastianini a été hors de combat à cause de la blessure qu’il a eu à l’omoplate, Marc Marquez, je ne vous dis rien de plus, ne parlons pas de lui avec l’impossible Honda, et Fabio Quartararo a la Yamaha qui ne marche … ».
Alex Criville : « chez Ducati, ils donnent à Pecco Bagnaia toute les pièces et toutes les évolutions qui ne se voient pas, parce qu’il y a des choses que nous ne voyons pas »
Mieux, Criville ajoute : « chez Ducati, ils l’ont choyé, conservé, toute les pièces et toutes les évolutions qui ne se voient pas, parce qu’il y a des choses que nous ne voyons pas, et je pense que c’est pour Pecco Bagnaia. J’adore Pecco, son caractère, sa façon de gagner, très bien… ».
De ce qui précède, il conclut : « pour le moment, il est clair que nous sommes dans « l’ère Pecco Bagnaia ». Cette année je crois que le titre ne lui échappera pas avec déjà 62 points d’avance. Il a la meilleure moto, la meilleure équipe, il est très calme, il sait qu’il peut très bien gérer avec dix courses à disputer et 62 points en poche… ».
« Il peut se permettre de rater deux courses, voire plus, et de remporter le championnat. Je ne vois aucun pilote solide et constant qui puisse lui tenir tête. Je vois un Jorge Martín très fort, un Aleix qui peut parfois être là sur le podium, pourquoi pas aussi pouvoir gagner une course… Mais je ne vois pas de pilote solide et régulier comme Pecco Bagnaia. Je pense qu’il le sait et cela le rend très calme et, à partir de là, c’est « l’ère Pecco » insiste l’Espagnol.
Il termine : « je pense que Binder peut être là dans une course, mais la KTM manque un peu de cohérence. Il y a des circuits où la KTM est forte et bien, et d’autres où elle est difficile. Mais Binder est un gars courageux, qui donne tout, un combattant et bien sûr, il va faire beaucoup de guerre et peut gagner des courses ».
