Aleix Espargaró effectue une de ses meilleures saisons en MotoGP, si ce n’est, même, sa plus belle. Car malgré un niveau qui s’est ostensiblement élevé dans le peloton, l’Espagnol a encore un peu plus haussé le curseur avec sa moto italienne Aprilia. Une embellie qu’il interprète d’une certaine manière, qui ne plaira pas forcément à ceux qui en pincent pour « l’italianité » …
En MotoGP, il y a deux constructeurs italiens, mais aux moyens bien différents. D’un côté, il y a l’armée rouge Ducati avec ses alliés Avintia et Pramac, qui seront plus nombreux encore en 2022. De l’autre, on a un commando Aprilia qui travaille avec le minimum d’effectif, un volume qui restera en l’état l’an prochain. Une situation périlleuse car reposant sur les épaules d’un seul pilote, soit Aleix Espargaró, rapide et expérimenté, mais sans la moindre victoire à se reprocher.
L’Espagnol connait la RS-GP depuis 2017, et il est heureux de constater qu’il n’a jamais eu une aussi bonne version de l’opus sorti des ateliers de Noale entre les mains. Son parcours chez Aprilia se définit dans les saisons traversées par une 15e place au championnat en 2017, une 17e en 2018, une 14e en 2019 et une 17e en 2020. Le nombre maximum de points marqués était de 63 en 2019. Cette saison, après neuf courses, il n’a que deux points de moins au compteur et peut raisonnablement envisager un top 10 à la fin de la campagne dans la hiérarchie. C’est dire le bon en avant accompli.
Aleix Espargaró donne les raisons de ce progrès : « je suis dans la forme de ma vie. Pour le moment, je suis heureux et motivé. Être parmi les meilleurs dans les courses, c’est génial ». Mais il n’a évidemment pas changé le cours des événements à lui seul : « Cette année, avec le changement de direction d’Aprilia, beaucoup d’ingénieurs sont venus et nous avons une moto vraiment compétitive et proche des constructeurs japonais ».
Aleix Espargaró : « pour ce que j’ai subi au fil des ans, il ne serait pas juste de quitter ce projet«
Une approche que l’on imagine mal transpirer du box Ducati, accroché à son « italianité ». Mais l’aîné des Espargaró assume : « pour ce que j’ai subi au fil des ans, il ne serait pas juste de quitter ce projet. Je me vois courir encore quelques années. Je suis heureux là où je suis et je ne pense pas que l’herbe du voisin soit plus verte ».
Tant mieux d’ailleurs car maintenant qu’il apparait sur la grille de départ comme le pilote le plus expérimenté après le quadra Valentino Rossi, il n’aura sans doute jamais d’autre opportunité d’évoluer en MotoGP. Sur sa carrière, il dit : « je regrette certaines choses. J’aurais dû être plus prudent parfois. Mais je ne suis pas méchant. Cela m’aide quand je souffre d’un revers. Cela me donne une nouvelle perspective ».
Son énergie, il la tire aussi de son statut de père de famille. Ses enfants Mia et Max l’aident mentalement : « à travers eux, je vois la vie filtrée et je la prends aussi facilement » avoue-t-il de façon élégante. Puis il termine : « si je fais quelque chose, alors je veux le faire bien ». Un message en vue de la seconde moitié de la saison qui débutera dès le 6 août en Autriche.