Aleix Espargaró est l’homme que l’on n’attendait pas à pareille fête en MotoGP au milieu d’une saison où il joue crânement sa chance au guidon d’une Aprilia qui est aussi une révélation. Celui qui a attendu jusqu’à cette année 2022 pour ouvrir son compteur de victoires, encore marqué par son unique succès en Argentine, est le seul de la grille de départ à avoir marqué au terme des onze courses accomplies et il s’est abonné aux avant-postes y compris lors des séances d’essais. Par ailleurs, il a comme franchi un cap dans sa révolte après avoir frisé la correctionnelle à Assen et il peut compter sur une cohésion dans son box qui n’a pas son égal dans la compétition en cours. C’est un véritable rival pour Fabio Quartararo…
Aleix Espargaró a bluffé les observateurs qui lui tressent des couronnes pour son parcours accompli jusque-là dans cette saison MotoGP qui le révèle comme un vrai prétendant à celle qui coiffe un Champion du Monde. Dani Pedrosa a dit ainsi de son compatriote : « sans aucun doute, c’est la révélation. Cela n’a pas été une chose spontanée ou occasionnelle de deux ou trois courses, cela s’est maintenu à chaque séance d’essai et à chaque course, même dans chaque condition, bien que nous n’ayons pas vu beaucoup de pluie ces derniers temps. Mais on peut dire qu’il est devant dans toutes les courses. Aujourd’hui, avec la variabilité qui existe dans la catégorie et à cause de l’égalité des temps, qui peut vous faire passer d’une bonne position à une mauvaise même si vous ne perdez pas beaucoup de temps, il continue à rester debout. Il en fait un peu plus que tout le monde, et parfois cela suffit ».
Dans ces analyses, un Chicho Lorenzo a mentionné que son plus était aussi de pouvoir compter sur une solidarité de son équipe qui fait défaut ailleurs. Sur ce plan, on se souviendra que Maverick Viñales a déjà signalé que s’il se retrouvait dans la posture d’aider son équipier à remporter le titre, il n’hésiterait pas à se mettre à son service. A Assen, après la troisième place du Top Gun et la quatrième acquise de haute lutte par Aleix Espargaró, qui reprenait à l’occasion 13 points dans la course au titre à un Fabio Quartararo qui venait de faire son premier faux pas, l’ambiance était extatique dans les rangs du constructeur de Noale.
Une ambiance qui peut étonner dans une compétition qui exacerbe les rivalités, mais Aleix Espargaró assure qu’elle n’est pas feinte : « quand on dit qu’on a de bonnes relations, on ne le dit pas seulement pour la presse », dit Aleix Espargaró sur Speedweek. « Nous avons une très bonne relation et nous travaillons ensemble. Nous organisons souvent ensemble le débriefing technique avec les ingénieurs ».
« Aleix Espargaró n’avait jamais rien gagné jusque-là et il joue cette année le titre«
Il donne même l’exemple du dernier Grand Prix d’Italie pour illustrer cette solidarité : « Maverick était un peu perdu au Mugello, alors il m’a demandé s’il pouvait rouler derrière moi, et il a ensuite terminé les dix premières minutes de la FP3 derrière moi. Nous avons vu que le sillage donnait environ 10 km/h et nous avons discuté un peu. J’ai utilisé son aspiration pour voir à quoi cela ressemblerait en course et à quoi ressembleraient les pressions des pneus. Il y a beaucoup de choses comme ça ».
Il termine : « c’est bien d’avoir un coéquipier avec qui on a de bonnes relations. Parce que c’est comme ça que l’on peut s’améliorer et plus vite ». Dans les notations de mi-parcours données par Carlo Pernat sur GPOne, Aleix Espargaró est celui qui a la meilleure marque avec un 9/10 et cette appréciation : « il a adapté l’Aprilia à son style et il y a cru même dans les moments les plus difficiles. Maintenant il vit dans une belle bulle, la moto est très rapide et il la pilote parfaitement. Il renait même s’il semble étrange qu’un pilote qui n’avait jamais rien gagné jusque-là joue cette année le titre ». Une posture qui peut aussi compter dans les moments décisifs riches en pression.
