Alberto Puig a quitté tête basse la Malaisie comme le reste de ses troupes Honda dont il est habituellement si fier. Mais cette course à Sepang a marqué l’avant dernière étape d’une saison au terme de laquelle, et à moins d’un miracle à Valence, le premier constructeur mondial devra se préparer à finir dernier au classement des constructeurs en MotoGP, sans jamais avoir pu remporter une seule victoire en 20 Grands Prix. Mais ce n’est peut-être pas le pire. Car en faisant le bilan avant l’heure, le team manager Repsol Honda nous ressort un discours sur une impérative refondation à faire au HRC que l’on croyait assimilée au Japon. Une redondance qui inquiète.
La seule chose rassurante validée ces derniers jours pour l’aventure MotoGP de Honda, c’est que les caisses continueront à être alimentées par Repsol jusqu’en 2024, année où il faudra absolument présenter un autre visage qu’en cette fin 2022. En effet, à cette échéance, il n’y a pas que l’enseigne espagnole que réfléchira à la suite. Il y aura aussi un Marc Marquez en fin de contrat.
Or, pour le moment, nous avons un Alex Marquez et un Pol Espargaró qui compte les jours qui les séparent de leur libération d’une RC213V ouvertement rejetée. A tel point d’ailleurs que même la relève japonaise Ai Ogura l’a refusée, préférant faire une année de plus en Moto2. C’est dire l’ampleur du désaveu. Alberto Puig n’en est pas dupe : « ce n’est pas facile quand on a des frustrations et c’est clair qu’un certain nombre de nos pilotes sont frustrés » a-t-il commenté. « On sait à quel point le circuit de Sepang est difficile pour nous, on le sait depuis longtemps. Mais ce week-end a été la confirmation, notamment en termes de puissance, que nous ont beaucoup à faire pour nous améliorer ».
Alberto Puig : « nous n’avons évidemment pas le rythme avec lequel on peut gagner un Grand Prix«
Et il en arrive à cette évidence constatée depuis longtemps par la plupart mais qui doit coûter beaucoup à l’Espagnol si fier de ses couleurs : « nous n’avons évidemment pas le rythme avec lequel on peut gagner un Grand Prix. On ne peut pas prétendre avoir le rythme pour se battre pour la victoire de sorte qu’en fin de compte, nous sommes là où nous sommes et ce n’est pas là où nous devrions être ». D’accord, mais Marc Marquez est revenu et on a vu depuis beaucoup de nouveautés, d’inspiration Ducati, arriver sur sa moto. La marche en avant a-t-elle été enclenchée pour autant ? Voire…
Marc Marquez a commenté qu’il n’avait pas cette Honda à sa main et que même si on travaillait dur au HRC, cette implication n’avait pas forcément comme corollaire la performance. Si on ajoute à ça les propos d’Alberto Puig, on se rend compte que tout n’est pas encore parfaitement aligné chez Honda… « Les ingénieurs du HRC réfléchissent et travaillent. Nous n’avons pas besoin d’une modification, nous avons besoin d’un changement, en parlant de technique, pour franchir le pas ». Il insiste même : « nous savons que nous devons nous améliorer. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le pilote fasse tout. Nous devons comprendre que nous devons changer, et changer pour le mieux, pas seulement une modification ».
Le temps s’écoule, 2023 est déjà aux portes et ce discours aurait déjà dû être assimilé. Mais il y a comme un doute avec cette répétition. En attendant, Alberto Puig s’apprête à manger son chapeau à Valence, en pointant sa marque adulée à la dernière place au classement des constructeurs, et sans la moindre réalisation : « évidemment, nous ne sommes pas contents du tout. La seule chose que nous pouvons faire, c’est nous améliorer. Nous devons comprendre que nous ne sommes pas compétitifs et y réagir. Ensuite, tout ira bien. C’est la course ». Et elle est impitoyable.