Au Mans, Alberto Puig avait fait une déclaration qui, aujourd’hui, pèse dans l’évaluation de la situation de Honda en MotoGP. Le directeur de l’équipe Repsol lançait en effet depuis la Sarthe comme un ultimatum aux ingénieurs HRC en leur fixant deux Grands Prix pour revoir leur copie. Ces deux échéances sont passées, en Italie et en Catalogne. Et ladite copie est toujours aussi mauvaise. Voire pire puisque du côté de Barcelone aucun des deux pilotes de la grande équipe officielle n’a vu l’arrivée pour cause de chute. Pendant ce temps, un ponte du siège a débarqué à Montmélo et des rumeurs de points de concession au règlement ont couru. C’est la crise chez Honda.
Au centre de cette tourmente on trouve le directeur d’équipe Alberto Puig. Pendant la saison, il a connu de graves soucis de santé qu’il semble aujourd’hui pouvoir gérer puisque de retour sur le terrain. Mais ledit terrain lui offre un spectacle de désolation. En faisant le bilan de la septième manche du championnat, il ne pouvait que constater les dégâts : « nous ne nous attendions pas à ce que nos deux pilotes chutent » a déclaré Puig. « Ce n’est pas bon, il n’y a rien de plus à ajouter ».
L’Espagnol en remet une couche quand même : « d’un point de vue performance, il n’est pas possible de trouver un bon point. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que le HRC et l’équipe sont mobilisés à 100% pour résoudre ces problèmes et essayer de trouver des solutions pour nos pilotes. Honda HRC ne cherche jamais d’excuses et ses pilotes non plus. Il y a un problème, nous devons le résoudre et nous travaillons pour le résoudre ».
Reste que la prochaine étape risque fort d’être une désillusion de plus. Il s’agit en effet du Sachsenring, tracé où Marc Márquez est invaincu depuis 2010. Il était à l’époque encore dans la catégorie 125 cc. « Le Sachsenring est une piste où nos pilotes ont toujours été rapides, surtout Marc, nous connaissons tous sa vitesse là-bas. Mais pour l’instant, les circonstances ne sont pas parfaites pour faire un grand pas entre les courses, de Barcelone à l’Allemagne. En tout cas, nous essaierons, bien sûr » dit Puig qui sait aussi que son octuple Champion du Monde n‘est physiquement pas au mieux.
Reste que la situation est prise très au sérieux au Japon. Le manager du HRC ne cache pas la déception du double zéro regretté par le Team Repsol à Montmelò. L’ancien grand patron Kokubu San était également présent, venu spécialement du Japon pour comprendre ce qui se passe dans l’équipe la plus titrée au championnat du monde. Kokubu San, responsable de la technologie Honda, a pris un avion depuis le Japon pour rejoindre Montmelò et cela ne signifie qu’une seule chose : le délai de Honda au HRC a expiré et, désormais, les choses sont prises en main directement par l’entreprise.
La visite remarquée de Kokubu San
« Si Kokubu San est venu ici, cela signifie qu’ils sont prêts à écouter, comprendre nos problèmes et nous apporter une solution » a déclaré Pol Espargarò avec diplomatie. « C’est déjà une étape très importante. Ce n’est pas quelque chose qui peut être résolu du jour au lendemain, c’est le MotoGP, tout le monde travaille beaucoup donc c’est la première étape. Il est devenu clair que nous avons tous le même problème. Nous devons commencer à construire une base plus solide, une meilleure moto et nous devons être unis, pas séparés ou en compétition ».
Les derniers mots du cadet des Espargarò semblent avoir un léger arrière-goût critique par rapport à la façon dont le travail s’est accompli jusqu’à présent, avec Marc Marquez qui a cependant réussi à montrer quelque chose de positif, tout en arguant que cette RC213V est une moto avec trop de problèmes critiques. « Lors des essais de lundi à Barcelone j’ai essayé de faire le plus de tours possibles. Ça m’a servi d’entraînement, mais ça m’a aidé à essayer de comprendre quels sont les vrais problèmes de cette moto, j’ai essayé beaucoup de choses ». Ce qui veut dire aussi que l’on fait feu de tout bois sans être en mesure de définir encore un cap.